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«La Fraternité», notre avis sur le passionnant documentaire RTS

EDITORS NOTE : GRAPHIC CONTENT - Policmen carry dead bodies out of a farm in Cheiry, Canton of Fribourg, Switzerland, Wednesday, October 5, 1994. At least 48 people, including children, were found dea ...
En 1994, le massacre à Cheiry (FR).Image: KEYSTONE

Le pire massacre sectaire de Suisse au cœur d'un docu RTS

La nouvelle série documentaire de la RTS nous replonge dans l'Ordre du Temple Solaire. Une tragédie au marasme médiatique sans précédent, avec plus de 74 morts entre 1994 et 1997.
08.02.2023, 18:47
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«Nous étions des frères», entend-on, comme une phrase arrachée avant le drame, avant les massacres qui ont coûté la vie à 74 personnes. L'horreur s'est produite un 5 octobre 1994, dans les contrées fribourgeoises et valaisannes. Des corps encore chauds et des questions avec.

Le groupe ésotérique est fondé à Saconnex-d'Arve en 1984, par Joseph Di Mambro et Luc Jouret. Les prémices de ce mouvement a débuté dès 1975, par le biais la «Fraternité de la Pyramide», née dans une communauté genevoise. Découle ensuite la création de la Fondation Golden Way, portée par Di Mambro et présidée par le chef d'orchestre Michel Tabachnik. Autour de ces membres, une vision ésotérico-mystique de la vie dessinée par Di Mambro, jusqu'à être perçu comme un médium.

La secte est connue pour ces adeptes vêtus de capes blanches, des symboles comme la rose rosicrucienne et la Croix des templiers brodées. Surtout, elle a défrayé la chronique pour avoir pratiqué des suicides collectifs en France, en Suisse et au Canada. 74 personnes ont trouvé la mort, dont 25 à Salvan (VS) et 23 à Cheiry (FR).

L'Ordre du Temple Solaire (OST) était un berceau de spiritualité et d'amour, une ambiance saine traversait les différents membres avant de se muer en catastrophe sectaire.

Le réalisateur Pierre Morath et le journaliste Eric Lemasson remettent au goût du jour la naissance de cette communauté. Entre 1974 et 1994, la «Fraternité» va successivement changer plusieurs fois de noms avant de trouver son nom dit officiel de l'Ordre du Temple Solaire, guidée par leur leader Jo Di Mambro, maître spirituel (qui ne voulait surtout pas être perçu comme un chef spirituel), établi dans la campagne genevoise.

Cette secte qui a fait les gros titres de la presse et alimenté les discussions au troquet du coin, n'est pas diabolisée par Morath et Lemasson, évitant l'écueil du récit anti-secte - l'opinion publique s'en est déjà chargée. La Fraternité s'intéresse avant tout à la construction de ce mouvement et ses fondateurs.

Il y a Luc Jouret, le médecin a débarqué avec des ambitions nobles «et au fil du temps s'est durci», raconte un ancien adepte. Il était le grand orateur, une sorte d'extension du gourou Jo Di Mambro, qui lentement, mais sûrement a sombré dans le désarroi.

«Quelle planète! Mon Dieu, mais qu'est-ce qu'on a foutu de descendre sur cette merde. Cette boule de cons. Le Créateur, il a vraiment fait une erreur»
Luc Jouret sur un enregistrement interne des OTS

Michel Tabachnik, difficile à convaincre et encore traumatisé

Au fil du documentaire, les visages et les voix défilent pour narrer les arcanes de la tragédie: l'énigmatique Michel Tabachnik, Thierry Huguenin, Charles Dauvergne, Alain Vuarnet, ou encore l'historien Jean-François Meyer viennent apporter des explications. C'est le premier nommé qui est la pierre angulaire du récit, le chef d'orchestre au trauma encore prégnant. Tabachnik est considéré par les anciens membres comme «un enseignant, avec un pied dans l'Ordre et un pied dehors».

Morath explique qu'il lui a fallu «près de deux ans pour le convaincre de témoigner». L'homme est encore marqué au fer rouge par les événements, mis en cause pour avoir écrit des manuels ésotériques et acquitté par la justice de Grenoble - le quatrième épisode retrace son audience. Mais la carrière du musicien est désormais consumée - comme les cadavres des fanatiques de Di Mambro et Jouret.

Michel Tabachnik dans "La Fraternité".
Michel Tabachnik en a bavé après les horreurs de l'Ordre du Temple Solaire. Image: Point Prod

Des images de rituels refont surface et des archives inédites viennent interférer avec les différents témoignages; des enregistrements de conférence sont également visibles pour injecter une dimension immersive à cette série documentaire passionnante et foisonnante. Un décryptage méticuleux du massacre qui couvait, charpenté par Di Mambro et Jouret. Le duo de l'enfer va verser dans la noirceur et orchestrer «ce sabordage généralisé», comme le décrit face caméra Eric Lemasson.

La Fraternité n'a pas pour vocation d'installer le spectateur dans une critique frontale du drame, mais de décortiquer la chute d'un groupuscule de fanatique shooté aux hologrammes et aux mensonges de Di Mambro. A la base, comme l'expliquait Tabachnik, la communauté était faite d'amour et de spiritualité, de fraternité.

Excellemment torchés, les quatre épisodes de 50 minutes s'appliquent à comprendre, à analyser une communauté qui a dérivé furieusement vers une idéologie dangereuse (et mortelle), guidée par des fantasmes complotistes sur d’hypothétiques ramifications au cœur de notre société.

La Fraternité est disponible sur Play Suisse et sera diffusée les 8 et 15 février 2023 à 20h10 sur RTS 1

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Video: twitter
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