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Avoir une vulve en Suisse peut vous exposer à l'ignorance des médecins

Avoir une vulve en Suisse peut vous exposer à l'ignorance des médecins

Une partie de la communauté LGBTQI+ fait face à des inégalités de traitement lorsqu'il s'agit de santé sexuelle. Un projet voit le jour pour pallier ce problème.
14.04.2023, 18:4405.05.2023, 11:50
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«Il existe peu de possibilités, pour les lesbiennes et les personnes bisexuelles et queers ayant une vulve, de s’informer de manière complète sur leur santé sexuelle.»

Face à ce constat, Santé sexuelle suisse, en collaboration avec d'autres organisations concernées, a lancé ce mercredi le projet «Sur toutes les lèvres», un guide de santé sexuelle (sous la forme d'un site internet et d'une brochure) qui a pour but de répondre aux questions de cette communauté qui ne trouve, aujourd'hui encore en Suisse, que peu de réponses.

Une inégalité de traitement de la communauté LGBTQI+ dans la santé sexuelle qu'a également observée l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) fin 2022. Comment s'explique-t-elle? Et pourquoi est-ce important d'y remédier? Muriel Waeger, co-directrice de l'Organisation suisse des lesbiennes (LOS) – qui prend également part au projet «Sur toutes les lèvres» – nous éclaire sur ces questions.

Une mauvaise prise en charge

«Il y a un manque d'informations, de connaissances et de formation chez le corps médical et chez les gynécologues surtout», affirme-t-elle. Ce qui explique que la prise en charge des VsV – les personnes à vulve ayant des relations sexuelles avec des personnes à vulve – ne soit pas toujours adaptée.

«Parmi les nombreux e-mails que nous recevons, il y a par exemple des personnes qui nous racontent qu'on leur a assuré que les VsV ne risquaient pas de contracter des infections sexuellement transmissibles (IST).»
Muriel Waeger, co-directrice de l'Organisation suisse des lesbiennes (LOS)

Une information erronée qui peut générer chez certaines personnes VsV l'idée selon laquelle il n'y a pas besoin de se protéger ou de faire attention lors des rapports sexuels.

«Les IST sont moins fréquentes certes, mais elles existent, par exemple les Chlamydiae. Mais pour les soigner, avec des antibiotiques notamment, il faut consulter et faire les tests nécessaires pour les détecter», précise la co-directrice de LOS. Un réflexe difficile à avoir si les VsV partent du principe qu'il n'y a aucun risque, et si le corps médical assure que les dépistages ne sont pas nécessaires. C'est un cercle vicieux.

Il se peut également que certains gynécologues présument l'hétérosexualité des patients. En se faisant, le discours et la prise en charge médicale ne sont pas adaptés. «Lorsqu'on se trouve confronté à une telle situation, il est parfois difficile de corriger le gynécologue, car cela suppose de faire son coming-out devant un inconnu», poursuit Muriel Waeger.

Moins de consultations

Ces inégalités de prise en charge et de suivi conduisent de nombreuses personnes VsV à penser qu'il n'est pas nécessaire de faire des contrôles réguliers, avec les risques que cela comporte, par exemple, de ne pas détecter à temps certains cancers, comme celui du sein.

Des témoignages de VsV font également cas, comme d'autres femmes (hétérosexuelles et cisgenres notamment) de violences médicales ou gynécologiques.

«L'ensemble de ces facteurs engendrent une réticence envers le corps médical, qui explique cette tendance à consulter moins»
Muriel Waeger, co-directrice de l'Organisation suisse des lesbiennes (LOS)

Et maintenant?

Le projet «Sur toutes les lèvres» propose donc trois recommandations principales:

  • Il est important de se faire vacciner contre le papillomavirus (HPV).
  • Le corps médical ainsi que les personnes concernées doivent effectuer ou demander des tests IST adaptés – notamment si les partenaires sont changeants.
  • Finalement, si l'IST est détectée, il faut se soigner et informer ses partenaires.

Muriel Waeger regrette toutefois le manque de formation du personnel médical lorsqu'il s'agit de la santé sexuelle des personnes LGBTQI+. «Il serait nécessaire de mettre à jour le savoir et de proposer des formations aux médecins, aux infirmiers et aux étudiants», propose-t-elle.

Pour l'instant cependant, les priorités sont ailleurs: «Nous mettons un point d'honneur à informer l'ensemble de notre communauté de l'existence de ces nouvelles ressources, se réjouit-elle. Nous avons d'ailleurs un événement prévu à Lausanne vendredi 21 avril».

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