Société
violences conjugales

Violences conjugales en Suisse: les hommes sont aussi victimes

Violences conjugales en Suisse: les hommes sont aussi victimes
En Suisse, les hommes aussi sont victimes de violences conjugales.Image: Shutterstock

Violences conjugales: quand les hommes sont les victimes

La compagne du parfumeur Jean-Paul Guerlain a été reconnue coupable de «violences volontaires sur personne vulnérable». En Suisse, si les violences ont lieu au sein d'un couple, on parle de «violences conjugales». En 2021, environ 30% des victimes étaient des hommes.
22.01.2023, 07:5922.01.2023, 11:38
Suivez-moi
Plus de «Société»

Son nom est célèbre dans le monde entier: le parfumeur Jean-Paul Guerlain, l'ancien «nez» de la maison Guerlain, atteint de la maladie d'Alzheimer, a été victime de violences de la part de sa compagne, Kirsten Kragh Michelsen, une Franco-Danoise de 64 ans.

Comme le relaye Le figaro, la Cour d'appel de Versailles l'a reconnue coupable jeudi 12 janvier de harcèlement moral envers une employée de maison et de violence volontaire sur personne vulnérable, dans ce cas précis, Jean-Paul Guerlain, âgé de 83 ans. Kirsten Kragh Michelsen a été condamnée à quatre mois de prison avec sursis et 3000 euros de dommages et intérêts. Elle devra également verser 2000 euros d'amende à l'employée de la maison.

Selon un rapport publié en 2021 par le Bureau de l'égalité du canton de Vaud, en Suisse en 2019, on comptait 1140 femmes victimes des infractions enregistrées par la police dans le cadre des relations de couple pour 409 hommes. En 2021, les hommes représentaient environ 30% des victimes lésées par leur partenaire, selon l'Office fédéral de la statistique (OFS).

L'infraction de «violence conjugale» n'existe pas

Si le verdict prononcé par la Cour d'appel de Versailles ne le mentionne pas en tant que tel, on peut tout de même parler de violences conjugales, dès le moment où celles-ci ont lieu au sein d'un couple vivant en ménage commun. En Suisse, certains de ces actes sont poursuivis d'office, mais on ne verra jamais de condamnation pour «violences conjugales», car il n'existe pas d'infraction pour un tel motif.

Mathilde Boyer, doctorante en droit à l'Université de Lausanne (Unil) – qui travaille sur la question de l'appréhension des violences conjugales par la justice suisse –, explique:

«Les victimes portent plainte contre une ou plusieurs formes de violences subies, par exemple voie de fait, injure, viol, menaces, contrainte, lésions corporelles simples ou graves»

Violences physiques et psychologiques

C'est en effet pour ces motifs que les hommes viennent consulter au Centre Lavi (aide aux victimes d'infractions) du canton de Vaud. Alain Noble, intervenant à Lausanne, raconte:

«Environ 10% des victimes reçues cette année sont des hommes – un tiers des violences ont lieu au sein de couples LGBTQI+ –, et toutes les fanges de la population sont concernées. Ceux qui viennent nous voir sont en souffrance, ils veulent comprendre ce qui se passe et connaître leurs droits, pour éventuellement agir.»

Les violences subies sont multiples: coups, blessures, menaces ou injures. Alain et ses collègues accompagnent ces hommes dans les démarches, font valoir leurs droits et peuvent les orienter vers des avocats. Ils peuvent également les placer dans des hébergements, si besoin. «En Suisse, il y a peu de centres d'accueil pour les hommes», précise-t-il. «Les victimes sont donc, par exemple, envoyées dans des hôtels, et le Centre Lavi prend en charge les frais.»

Outre les violences physiques, les hommes subissent, plus généralement, des violences psychologiques, comme le souligne Mathilde Boyer. Le problème, c'est qu'elles doivent être graves pour que l'on puisse porter plainte. Des intimidations ou humiliations, même répétées, ne peuvent souvent pas suffire.

«Et même dans ce genre de cas, elles restent difficiles à prouver: il faut des preuves tangibles, comme des traces écrites par exemple ou la présence d'un témoin, sinon ça sera la parole de l’un contre celle de l’autre, et le doute profite à l’accusé. De plus, il n'existe aucune définition dans le droit pénal suisse de ce qu'est une violence psychologique, contrairement à certains textes de loi de nos voisins européens.»
Mathilde Boyer, doctorante en droit à l'Université de Lausanne

Les mentalités évoluent

Comment se sentent les victimes lorsqu'elles viennent demander de l'aide? Y a-t-il un tabou autour des violences conjugales subies par les hommes? Alain Noble explique que certes, c'est encore difficile pour un homme d'accepter ces situations, notamment parce que, dans l'imaginaire commun, c'est à lui «d'être fort».

«Mais depuis quelques années, la parole se libère et les mentalités évoluent. De plus, les professionnels, comme la police par exemple, sont mieux formés pour appréhender le sujet»
Alain Noble, intervenant au Centre Lavi (aide aux victimes d'infractions) du canton de Vaud
La pénurie de neige sur les pistes de ski suisses
1 / 14
La pénurie de neige sur les pistes de ski suisses
Engelberg, Obwald.
partager sur Facebookpartager sur X
C'est quoi un homme déconstruit ?
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Faut-il interdire la cigarette à vie? Donnez-nous votre avis
La Chambre basse du Parlement britannique a voté en faveur d'une interdiction à vie de la cigarette à vie aux citoyens nés après 2008. Le but? Supprimer à terme la consommation de tabac dans le pays. Faudrait-il faire pareil en Suisse? Donnez-nous votre avis.

C'est une nouvelle réglementation choc dont discute actuellement le Parlement britannique: l'interdiction pure et simple de la cigarette. Toute personne de moins de 15 ans, soit née après le 1er janvier 2009, ne pourrait pas acheter de cigarettes. A vie.

L’article