Il étrillait Boris Johnson sur les réseaux sociaux depuis des mois. Il s'était lancé dans une campagne de dernière minute pour briguer le poste de premier ministre. Il connait la résidence officielle mieux que quiconque pour y habiter depuis plus de dix ans. Lui, c'est Larry, bien sûr. Le souricier en chef du bureau du Cabinet.
Souvenez-vous: en juillet dernier, le tabby malicieux annonçait le départ fracassant de l'ex-premier ministre Boris Johnson de leur colocation sur les réseaux sociaux: «Je ne peux plus, en toute conscience, vivre avec ce premier ministre. Soit il part, soit je pars», tweetait-il.
Les relations entre les deux résidents du n°10 de la Downing Street n'étaient plus au beau fixe depuis quelques mois.
L'histoire ne dira pas s'il s'agit de divergences politiques ou d'aspects strictement pratiques concernant la couleur des murs ou l'emplacement des meubles. En colocation, tout est affaire de compromis.
Courant juillet, Larry s'est mis en quête de la perle rare avec laquelle couler des jours heureux, allant jusqu'à publier une annonce sur le web:
C'était sans oublier ses propres ambitions politiques. Convaincu par le soutien populaire dont il a toujours bénéficié, le commentateur félin le plus implacable de la twittosphère a décidé de franchir le pas... et de soumettre sa candidature de dernière minute à la succession de Johnson.
You had your chance Liz and Rishi, but it’s time for a real leader. #Larry4Leader #YesWeCat pic.twitter.com/xDxqb0EbSg
— Larry the Cat (@Number10cat) September 1, 2022
La campagne allait bon train et les sondages s'annonçaient plus que favorables pour Larry. Dans les rues de Londres, les murs se sont parées d'affiches aux couleurs du chat le plus célèbre du Royaume-Uni. «Larry le chat devrait être premier ministre!», affirment de jeunes effrontés lors d'une visite de Liz Truss dans un orphelinat de Peterborough.
Malheureusement, cette ferveur n'a pas suffit pour faire pencher la balance en faveur de Larry aux yeux du parti conservateur. Lundi, ce dernier a porté son choix final sur la candidate Liz Truss.
Mardi, Larry s'est avancé vers la presse pour saluer le départ définitif de Boris Johnson du n°10. Ou plutôt, comme il l'a indiqué sur Twitter, «pour s'assurer qu'il est bien parti».
A présent, le candidat déçu doit composer avec l'arrivée de sa nouvelle coloc' et ex-adversaire, Liz Truss. S'il avait accepté de prendre la pose avec elle en 2019, rien n'indique qu'il soit toujours d'aussi bon poil aujourd'hui.
Selon les affirmations de Larry, Liz ferait mieux de patienter avant d'amener ses cartons: «Liz Truss devrait peut-être attendre quelques jours avant d'emménager; les nettoyeurs n'arrivent pas à enlever les cheveux des meubles et ont dû ouvrir toutes les fenêtres pour faire disparaître l'odeur...»
Contacté pour un commentaire, Larry n'a pas encore répondu à notre demande d'interview. Il s'est, toutefois, fendu d'une nouvelle déclaration sur Twitter mardi, en début d'après-midi: «Si vous pensez que vous passez une journée difficile, ayez une pensée pour la Reine. Elle doit avoir une réunion avec Boris Johnson et, quand ce sera fait, elle devra aussi avoir une réunion avec Liz Truss.» Ce n'est pas un très bon présage.