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Dracula était une femme: la plus grande tueuse en série

Elisabeth Bathory, la comtesse sanglante.
La comtesse sanglante a inspiré un chef-d’œuvre littéraire. Image: Wikimedia Commons

Dracula était une femme: la plus grande tueuse en série de l'histoire

L'histoire de cette femme surnommée la «comtesse sanglante» est un récit comme il n'en existe nulle part ailleurs. Elle aurait inspiré le mythe du vampire et même Bram Stoker pour écrire Dracula.
31.07.2022, 08:0603.08.2022, 16:40
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Vous venez de cliquer (ouiii!) sur un article de notre série d’été sur la mort (euh…?!). Qu’elle soit racontée avec émotion, tristesse, second degré, humour noir ou sérieux, la mort fascine autant qu’elle effraie. Et plutôt que de faire comme si elle n’existait pas (spoiler alert: on va tous y passer), chez watson, on a décidé de l’aborder pendant le break estival. Pourquoi en été? D'un, pourquoi pas, et de deux, il n’y a jamais de bon moment pour en parler, alors autant le faire sous le soleil!

C'était donc elle, Dracula. Exit Vlad l'Empaleur, place à la «comtesse Dracula», «l'Ogresse des Carpates»: Elizabeth Bathory était belle, chevelure noire et peau pâle. Née le 7 août 1560 dans une illustre et puissante famille, comptant un cousin, Etienne Bathory, prince de Transylvanie devenu roi de Pologne, la jeune femme eut droit à une éducation digne de son rang. De sang royal, elle voyait rapidement s'éveiller les soupçons, là-haut, perchée dans son château transformé en donjon de l'horreur. Dame Bathory voyait la cruauté commencer à lui faire les yeux doux.

L'animalité des hommes était souvent soulignée, mais ils ne faisaient pas le poids face à la terreur d'Elizabeth. La putréfaction environnante ne faisait que glisser de la colline où se trouvait le nid de la comtesse. Le sang hypnotisait Elizabeth Bathory qui, comme Macbeth, était assoiffée de pouvoir.

Alors que les rumeurs enflaient, le roi de Hongrie Mathias Ier envoya le palatin György Thurzo et ses hommes le 30 décembre 1610 au château de Cachtice, l'actuelle Slovaquie. Le spectacle faisait peine à voir, des servantes gisaient au sous-sol, agonisantes, quasi inanimées. Dans le vestibule, le corps d'une jeune femme traînait là, vidé de son sang.

Une éclaboussure et l'obsession émergea

Cette obsession du sang débuta le jour où l'un des serviteurs d'Elizabeth lui tira accidentellement les cheveux en lui les brossant. Entrée dans une colère noire, elle le frappa avec sa brosse au visage. Le sang du serviteur éclaboussa la main d'Elizabeth. Remarquant que sa peau avait l'air plus jeune après cela, elle voulut que la gorge du serviteur soit tranchée et son sang drainé afin qu'elle puisse s'y baigner. Ce fut le début de son obsession pour l'hémoglobine, projetant son vertige de la vieillesse sur de jeunes filles innocentes.

Une course à la jeunesse éternelle qui débordera sur une pléthore de meurtres. La fille du comte György et de la comtesse Anna Bathory, aurait, selon les dires, voué son âme aux sciences occultes, à la magie noire.

Bathory serait pour beaucoup à l'origine du mythe du vampire. Une tueuse (en série) qui met à exécution un stratagème cruel, inhumain: infliger des sévices à ses domestiques, faisant couler le sang à flot pour patauger dedans. Elles sont battues, fouettées, brûlées, avant d'être enterrées dans le parc ou dans les catacombes du château. Le désir d'embrasser la jeunesse éternelle était trop fort, quitte à perdre la raison.

Il faut dire que la comtesse en a essuyé des horreurs dans sa prime jeunesse. A l'âge de quinze ans, la légende raconte qu'elle aurait accouché en douce, après s'être éprise d'un domestique travaillant dans le château de ses futurs beaux-parents. Elle donnait naissance à un nourrisson mort-né - qui lui aurait été retiré dans la foulée.

Son futur époux, le comte Ferenc Nadasdy, de cinq ans son aîné, aurait été si submergé par la colère, qu'il aurait fait castrer et liquider le père de l'enfant. Un homme dur. Son surnom n'était autre que le «Chevalier noir», pour son caractère impitoyable sur le champ de bataille. Le mariage a été prononcé le 8 mai 1575 et Bathory a mis quatre enfants au monde. Quant à Ferenc, malgré ses succès nombreux, la mort l'emportera le 4 janvier 1604 face aux Ottomans. A ce moment précis, la veuve prenait la tête du comté.

Le château de l'horreur se trouve en Slovaquie.
Un château que les habitants disent hanté par les innombrables âmes volées. Image: Shutterstock

Innocente selon des thèses

Le début d'un supplice pour les servantes, pour les jeunes filles qui croisaient son chemin. Des thèses avançaient que la femme était innocente. Mais sa correspondance avec son époux révélait qu’ils échangeaient des conseils sur les méthodes de torture les plus indiquées pour faire régner l’ordre sur leurs terres. D'autres rumeurs persistantes évoquaient de prétendus actes de sorcelleries. D'autres, toujours selon la légende, que les cris de douleur des servantes dispersaient les migraines de Bathory.

Bathory était prête à tout pour couler ses bains sanglants: elle enlevait des paysannes et se dirigeait même vers des filles de la petite noblesse. Mais l'odeur de putréfaction commençait à intoxiquer tout un village devenu méfiant - trop c'est trop.

Les plaintes se succédaient et la cour de Vienne décidera un jour d'envoyer le robuste palatin György Thurzo. Son arrivée révélera le musée des horreurs, un tableau digne des pires cauchemars. La race humaine avait bel et bien façonné le diable en personne.

Du sang plein les mains

Dans cette entreprise barbare, le plus impressionnant est surtout la variation des chiffres annoncés: le nombre de victimes officiel fait état de quelques dizaines selon ses complices, à plusieurs centaines d'après les récits. Les historiens évoquent même 650 meurtres à mettre à l'actif de la comtesse. Un carnet que Bathory elle-même tenait aurait supposément été retrouvé et ce chiffre inscrit noir sur blanc. Mais ce fameux carnet n'a jamais été découvert et participe à la légende morbide de la veuve noire.

La plus grande tueuse en série que l'humanité n'ait jamais connue. On raconte aussi que la reine du sang ne s'arrêtait pas à son château de Cachtice, mais visitait également ses propriétés à Bécko, Sárvár, Deutschkreutz, Bratislava et Vienne - et même sur le chemin entre ces différents lieux.

Sa sinistre réputation était telle que Bathory aurait inspiré Bram Stoker pour écrire son chef-d’œuvre Dracula. Mais on ne peut réfréner notre envie d'y voir une autre figure littéraire poindre: Dorian Gray. Une décadence enclenchant une quête effrénée pour la beauté éternelle, coûte que coûte, ardente et démente. Oscar Wilde disait même de Dracula qu'il était, peut-être, le plus beau roman de tous les temps.

Comble d'ironie, les deux auteurs ont fréquenté le Trinity College à Dublin. Un heureux hasard: deux étudiants animés par cette idée de rédiger et créer un héros fuyant le temps et fantasmant la jeunesse éternelle.

Elizabeth Bathory a été une source d'inspiration, elle était ce vampire, ce dérivé de Dorian Gray, prête à solder son âme pour que sa peau ne flétrisse pas, jamais, quitte à enfreindre les lois de l'Homme et piétiner la raison jusque dans sa tombe.

Sources: National geographic, Greffier noir, Carolinafearfest.com

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