C'est un scénario comme il n'en existe que dans la tête de Stephen King. Et pourtant, ce sont bien sûr d'authentiques sources judiciaires que se base le Washington post. Ce mardi, l'Américaine Mary K. Brown vient d'être inculpée pour «grabuge» et «préjudice corporel important et intentionnel sur une personne âgée». Deux chefs d'accusation pour lesquels la prévenue encourt jusqu'à 92 ans de prison.
Plus concrètement, l'infirmière de 38 ans est accusée d'avoir amputé le pied d'un mourant, avec pour macabre ambition de l'exposer dans la vitrine du magasin de taxidermie familial. Selon ses collègues, Brown voulait, en outre, le flanquer d'une pancarte «Wear your boots, kids» (en français: «Portez vos bottes, les enfants.»)
Ce sinistre fait-divers prend pied dans le comté de Pierce (Etat de Washington), en mars dernier, lorsqu'un retraité de 62 ans fait une mauvaise chute chez lui. Souffrant de graves engelures, l'homme est transféré dans la maison de retraite de Spring Valley, dans le Wisconsin, pour y être soigné.
Les semaines avancent et l'homme est sur un mauvais pied. Son état empire. Au point que ses extrémités ne deviennent «noires comme ceux d'une momie», selon la description de plusieurs membres du personnel infirmier de l'établissement, interrogés par les enquêteurs.
Selon les documents juridiques que s'est procuré le Washington post, Mary K. Brown aurait alors fortement fait des pieds et des mains pour procéder à l'amputation. Elle se heurte au refus du directeur de l'établissement: le patient a déjà un pied dans la tombe, il est préférable de le stabiliser, au risque de le faire mourir en quelques heures.
Mary K. Brown persiste, signe... et ampute. Le 27 mai, vers 16h30, elle convoque trois autres collègues pour l'aider à changer les bandages du patient. Armée de ciseaux à gaze, l'infirmière procède alors au découpage du pied de son patient.
Après l'amputation, le membre est placé dans un sac et congelé. Mary K. Brown se met à pied d'œuvre auprès d'une collaboratrice pour le récupérer, afin qu'elle «puisse le ramener à la maison et le conserver».
Plusieurs collègues de Spring Valley témoignent ainsi que Mary Brown leur aurait cassé les pieds avec des ambitions «taxidermistes», mentionnant à plusieurs reprises sa volonté de poser un panneau «Portez vos bottes», à côté de son œuvre.
Selon une infirmière, Brown avait la ferme intention s'approprier le membre découpé pour «l'époxyder» - entre autres choses.
Malheureusement pour l'aspirante taxidermiste, elle n'assouvira jamais son rêve. Le propriétaire du membre coupé décède finalement quelques jours après l'amputation. Avant de finir six pieds sous terre, le médecin légiste procède au rassemblement. Le rapport note qu'il observe «des circonstances inhabituelles», le pied de l'homme n'étant pas attaché à son corps, et alerte les enquêteurs.
Interrogée par les enquêteurs, Mary K. Brown a reconnu avoir fait un pied de nez à sa hiérarchie en procédant à l'amputation, en dépit de leur désaccord. Elle a affirmé avoir agi pour la «dignité et le confort» de son patient, parce qu'elle «croyait que c'était la bonne chose à faire». (mbr)