Il était une icône, un symbole qui comblait des millions de new-yorkais depuis une année. Ce vendredi 23 février, après une collision avec un bâtiment sur la 89ᵉ rue, le célèbre hibou Flaco a rejoint le paradis des rapaces.
La mort de ce grand-duc d'Europe, signifie la fin d'une odyssée qui a fasciné les habitants de Manhattan et plus encore. Flaco a vu le jour en captivité le 15 mars 2010, et élu domicile au zoo de Central Park moins de deux mois après sa naissance. Il a longtemps partagé son espace avec les léopards des neiges, les singes des neiges et les pandas roux, raconte le New York Times.
Mais c'est le soir du 2 février 2023 que sa vie bascule. Le grillage de son enclos est vandalisé et il s'échappe au cœur de la ville. Les autorités ont tenté de le capturer sur un trottoir de la Cinquième Avenue, mais en vain:
Une envolée vers l'inconnu que les experts qualifiaient d'impossible pour ce rapace né en captivité. Mais le courage de l'animal en a mouché plus d'un: Flaco a réussi à survivre une année à l'état sauvage, se démenant tout seul, comme un grand.
Le hibou grand-duc a vivoté à Central Park, avant d'immigrer, pendant les fêtes d'Halloween, en ville. Il a profité de prendre du bon temps sur les chantiers et s'est familiarisé avec la ville américaine, trouvant refuge au milieu des buildings.
Nothing strange about this sight at all: An escaped Eurasian eagle-owl perched on a bundle of rebar in a large Manhattan construction site. Flaco in Central Park’s Harlem Meer construction site last night.
— David Lei (@davidlei) March 3, 2023
*Taken through chain link fence.#birds #birdwatching #nature #birdcpp pic.twitter.com/tW1N7SMt1N
Malgré une adaptation périlleuse et un vol un peu bancal lors de ses premiers coups d'aile dans la peau d'un oiseau libre, il a surpris les observateurs qui ont tenté de le capturer à l'aide de pièges remplis de rats morts congelés. Mais Flaco est resté impassible. Ils ont alors abandonné l'idée de le renvoyer dans sa cage et ont préféré étudier les faits et gestes du volatile. Et surprise, ils ont découvert que sa vie en captivité n'avait en rien entamé sa nature de rapace.
Or, chaque journée passée à voler hors captivité était une nouvelle aventure risquée. Le hibou aurait pu être lessivé par les multiples dangers, désarmé par l'incessant brouhaha. Pire, il aurait pu se faire percuter de plein fouet par un véhicule ou encore s'écraser contre l'un de ces gratte-ciels gigantesques habillés de ces grandes baies vitrées - des milliers de bêtes volantes à plumes ont connu pareille déveine. D'autres spécialistes avançaient que le spectre de l'empoisonnement via la mort au rat (utilisé pour les rats qu'il chassait) était son plus grand danger.
L'oiseau a gardé le cap, volant de toit en toit, en reposant ses ailes au milieu du trafic bruyant. Une épopée dantesque et solitaire pour celui qui est plutôt habitué aux régions montagneuses de l'Europe du nord et de l'Asie centrale.
Le hibou grand-duc (le plus grand des rapaces nocturnes d'Europe) et son envergure de 188 cm a de quoi suffoquer à NYC.
L'évasion de Flaco a comblé les fadas d'ornithologie et les amoureux de la liberté. Erigé en hors-la-loi, le rapace nocturne était en cavale, tel un héros romanesque, qui se faufile, échappant aux griffes des autorités bien décidées à le remettre en cage.
Flaco représentait une bouffée d'air frais pour un bon nombre de New-Yorkais. Il était devenu un symbole de liberté, de résilience et capable de renaissance, synthétisait une chronique du New York Times.
Un hibou qui avait appris à voler de ses propres ailes pour foncer vers la liberté.
In Central Park, a growing memorial for #FlacoTheOwl. #nyc #Flaco pic.twitter.com/gObGZUiC2p
— Ben Von Klemperer (@BVKImages) February 25, 2024