Tout était prémédité. Anne Hidalgo, qui regrette l'absence d'un «débat politique serein et apaisé» sur les réseaux sociaux, annonçait lundi son départ de X. Régulièrement attaquée sur le réseau d'Elon Musk, la maire de Paris fustige une plateforme où règne désormais «polémiques, rumeurs et manipulations grossières» et où «seul compte le nombre de likes».
Or, cette décision, étayée sous la forme d'une tribune dans le journal Le Monde, fait manifestement partie d'une nouvelle stratégie de communication que l'on pourrait résumer par «écoutez-moi, mais taisez-vous».
Selon BFM Tech & Co, la maire de Paris avait «discrètement» créé sa chaîne d'actualité sur WhatsApp, deux semaines seulement avant sa rupture fracassante avec les «attitudes anti-démocratiques» du patron de X. Une chaîne déflorée mardi soir par un message personnel et une photo tout sourire, sur laquelle on peut notamment apercevoir son trophée de la «Femme politique de l'année 2017», décerné à l'époque par le magazine GQ.
Mercredi matin, son nouveau moyen d'expression comptait à peine 2600 followers. Une paille comparée au million et demi d'abonnés qu'Anne Hidalgo a pu engranger depuis son arrivée sur Twitter en 2009. Mais l'intérêt de cette nouvelle fonctionnalité de WhatsApp est ailleurs: si la maire peut continuer à propager ses opinions comme bon lui semble, personne ne peut lui écrire ou lui répondre par écrit. Seule une réaction par émoji est acceptée par l'application. Pratique lorsqu'on veut éviter le torrent de critiques et d'insultes, sans avoir à disparaître totalement des radars.
Et à voir le nombre de cœurs rouges qui célèbre sa première publication, il semblerait que, pour l'heure, seules ses groupies se soient déplacées pour l'occasion.
Sauf grosse boulette de la part de la maire de Paris, cette nouvelle arme à des chances de rester passablement confidentielle, car les internautes ne sont pas très friands des communications à sens unique. Maigre consolation, pour les amateurs de débats stériles, Anne Hidalgo est toujours bien présente sur Facebook, Instagram et LinkedIn, même si... rien n'égale l'acharnement auquel elle a droit depuis de nombreuses années sur X.
Interrogés par 20Minutes.fr, les députés français avouent une «certaine forme d'addiction» à ce réseau social, qui demeure puissant dans le monde politico-médiatique. Au sujet de la décision d'Anne Hidalgo, l'élu Benjamin Saint-Huile trouve par exemple qu'elle «fait preuve de courage de ne pas céder à l’ultraprésence sur les réseaux sociaux». Une autre députée considère qu'il «faut un certain panache» pour oser abandonner ce ring du débat en solo.
Face aux décisions et prises de position toujours plus extrêmes de son fondateur, et après les réactions outrées d'annonceurs qui pèsent lourd, il n'est pas impossible que le monde politique s'organise un jour pour mener une action concertée. Que ce soit pour quitter X ou tenter un grand nettoyage.