Elle le suggérait déjà à demi-mot, la semaine dernière, chez Yann Barthès, mais cette fois c'est sûr: Anne Hidalgo claque la porte du réseau social d'Elon Musk. Ce qui fut, selon la maire de Paris, «un accès à l’information au plus grand nombre», se résume aujourd'hui à une arme qui «empêche le débat, la recherche de la vérité, le dialogue serein et constructif nécessaires entre les êtres humains».
Loin de s'être contentée de l'annoncer rapidement sur X, c'est dans une tribune pour le prestigieux journal Le Monde qu'elle dit bye bye à ce réseau qui, on le sait, a toujours adoré la détester. Propreté de la capitale, insécurité, travaux, transports, Jeux olympiques mal goupillés, punaises de lit, tout semble à chaque fois de la faute de cette célèbre socialiste qui n'avait recueilli que 1,7% des voix à la dernière présidentielle. Oups.
Et puis, récemment, c'est un voyage en Polynésie, dans le cadre des épreuves de surf des JO de Paris de 2024, qui a fait sursauter ses détracteurs et qui deviendra très vite le «Tahitigate». Reste que cette décision de fuir l'environnement d'Elon Musk, connu pour avoir favorisé les discours de haine et la visibilité des extrêmes, n'est pas anodine. Le poids de Twitter est encore conséquent dans le quotidien connecté des politiciens du monde entier.
Mais Anne Hidalgo quitte-t-elle un site «abjecte» bourré de «milliers de comptes anonymes et de fermes à trolls» ou un réseau sur lequel elle est fatiguée d'être prise constamment pour cible? Car en réaction à cette fracassante décision, les internautes ne se sont évidemment pas retenus de réagir. Hidalgo condamne un «vaste égout mondial»? Sur X, on lui balance notamment que «cet égout n'est pas pire que ceux de Paris». Le jeu de miroir est quasi parfait: Anne Hidalgo quitte X, elle doit «quitter la mairie de Paris».
Mais pas que:
Cette dernière critique n'est pas gratuite. La maire de Paris risque gros cette prochaine année. Elle qui a toujours été plutôt bien élue, malgré les grognes bruyantes, a tout intérêt à ce que les JO de Paris, niveau organisation, soit une tonitruante réussite.
En quittant X avec autant d'emphase, Anne Hidalgo, qui fut d'ailleurs l'une des premières politiciennes françaises de premier plan à s'y inscrire en mars 2009, nourrit sans doute l'espoir de faire boule de neige auprès de ses confrères.
Car s'enfuir en solitaire risque d'abord de l'isoler d'un terrain de jeu et d'une opinion publique qui ne sera pas (forcément) moins critique à son égard. Et il semble illusoire de penser, qu'en l'état, son geste fera appel d'air dans les mois qui viennent.