La Suisse est-elle puissante, aventureuse, agile, culturelle, ouverte à l'entrepreneuriat et aux affaires, soucieuse de son patrimoine, de sa qualité de vie et de ses objectifs sociaux?
Oui et non.
Selon Best Countries, qui déploie chaque année (et depuis huit ans) son étude mondialement mondiale, ce sont pourtant les qualités nécessaires pour espérer devenir le «meilleur pays du monde». Evidemment, un imposant business touristique et un indécent PIB par habitant sont deux des conditions majeures permettant de concourir. (On ne va pas perdre du temps à classer les pays trop pauvres, mhm.)
En 2023, ce sont donc 87 nations, sur les 195 répertoriées par les Nations Unies, qui ont eu l'autorisation de figurer dans la compétition.
Niveau méthodologie, c'est à la fois imposant et fainéant. D'après les données compilées de U.S. News, BAV Group et la Wharton School, l'étude est réalisée en ligne, avec le concours de 17 195 personnes réparties (forcément) dans le monde entier. Ce panel est composé de gens comme vous et nous, mais aussi de quelques «élites bien informées», de «décideurs» et de «personnalités du monde des affaires». (Allez savoir si Bernard Nicod ou Christian Constantin ont mouillé leur chemise.)
Au premier abord, rien de bien surprenant. Les contrées dans lesquels on risque notre vie en allant chercher les croissants ne sont pas hyper bien placées. L'Iran ferme la marche, la Biélorussie, le Liban et le Kazakhstan ne sont pas loin. Si l'Ukraine atteint péniblement la 68e place, la Russie fait étrangement beaucoup mieux, avec une honorable 37e position. Bien sûr, cette performance n'est pas tellement due à la qualité de vie qui y règne ou aux réformes sociales que Vladimir Poutine offre à ses concitoyens: la Russie est considérée (par le panel, hein) comme l'un des pays les plus puissants du monde. Ça compense. (Enfin, selon les «élites bien informées».)
Là non plus, peu de folles surprises. Les pays où le Big Mac et l'iPhone 15 coûtent une blinde se paient une place de choix. Et, rassurez-vous, pas besoin d'être le pays le plus puissant de la planète pour s'approprier un bon paquet de lauriers. (Coucou la Nouvelle-Zélande.)
Détail proprement inutile, une bonne partie des pays qui abritent un tiret dans leur nom font un véritable carton.
Bah, oui. La Suisse. Comme d'habitude, direz-vous. Un peu. Et notamment parce que c'est la sixième fois consécutive (!) qu'elle trône au sommet de cette étude. Mais il suffit de creuser un peu dans cette étude pour comprendre que notre pays pêche dans différents domaines, comme la sauvegarde de son patrimoine (bouffe, architecture, culture) et l'évaluation de sa croissance dans le futur.
Bien sûr, rien de dramatique comparé à l'Ouzbékistan, mais un petit coup d'œil au classement des «meilleurs pays du monde pour les femmes», on chute à la 7e place, laissant la médaille d'or à la Suède.
Pas si loin des meilleurs. Le pays de Marine Le Pen, de l'andouillette et de Hubert Bonisseur de La Bath se hisse à la 12e place du classement. Plus «puissante» que la Suisse, certes, mais bien moins «ouverte aux affaires» (le véritable talent de notre pays dans cette étude). Surtout, le panel lui prédit plus ou moins la même croissance que le Panama.
Merci Best Countries. Car depuis qu'on n'a plus Roger Federer sur les terrains, on se console avec n'importe quelle victoire.