Des scientifiques ont proposé mercredi dans la revue Nature une nouvelle théorie susceptible de résoudre deux mystères d'un seul coup. L'un concerne la Lune et l'autre les entrailles de la Terre:
Restait à trouver des restes de Theia. En regardant non pas en l'air, mais sous terre, si l'on en croit cette étude réalisée par une équipe de scientifiques d'institutions principalement américaines.
Car à 2900 km sous la surface, deux gros «blobs» intriguent les scientifiques depuis leur découverte à l'aide d'ondes sismiques dans les années 1980. Posés au fond du manteau terrestre, la couche séparant le noyau de la Terre de sa croûte, ces masses de la taille d'un continent chacune se situent sous l'Afrique et l'océan Pacifique.
Elles sont plus chaudes et plus denses que le milieu qui les entoure. Et les simulations informatiques des chercheurs suggèrent que ces masses sont des «reliques enfouies» de Theia, qui ont pénétré dans la Terre au moment de la collision.
Cette collision a été «l'évènement le plus violent subi par la Terre» dans son histoire, a dit Qian Yuan, chercheur en géodynamique à l'Institut de technologie de Californie (CalTech) et premier auteur de l'étude:
Un expert en sciences de la Terre et en exploration planétaire à l'Université écossaise de Stirling a dit à l'AFP que la théorie avancée par Qian Yuan «s'accorde avec plusieurs indices existants». «C'est une trouvaille significative», selon Christian Schroeder, qui n'a pas participé à l'étude.
Même si elle ne règle pas selon lui la question de l'origine de la Lune, cette théorie fournit «une explication crédible aux anomalies constatées à la frontière entre le manteau et le noyau». Quant aux restes, ils pourraient bien «être responsables de processus en cours importants sur Terre».
Les masses sont réputées acheminer des panaches du manteau, des remontées de magma, vers la surface de la croute terrestre. Un phénomène lié à des éruptions volcaniques, mais aussi l'évolution des supercontinents.
Pour le scientifique, l'impact de Theia a «joué un rôle dans l'évolution qu'a connue la Terre sur 4,5 milliards d'années». Et c'est ce qui selon lui la rendrait «unique (...) différente des autres planètes rocheuses». (ats/jch)