S'il est une qualité qu'il faut reconnaître au Français, c'est son sens aigu de la boustifaille. Le Français aime ripailler. La nourriture a la priorité sur TOUT, quoi qu’il arrive. Et qui dit bonne bouffe, dit bon vin. De ce fait, la France est le 2e pays consommateur de vin au monde, derrière les Etats-Unis (shame!), mais devant l’Italie (mamma mia).
Du coup, le Français est intimement persuadé que sa cuisine est la meilleure du monde. Même si son plat préféré, selon un sondage effectué en 2021 par TF1, est la raclette. Ou le couscous. (N'est pas adepte des escargots, cuisses de grenouille et autre fromage puant qui veut).
En revanche, oubliez le mythe de la baguette. L'année dernière, BFMTV révélait que la consommation de pain par habitant en France est en constante diminution: 105 grammes par jour en semaine, soit 8% de moins que cinq plus tôt.
Les Français sont battus à plates coutures par les Turcs, plus gros consommateurs du monde en la matière (plus de 100 kg par an et par habitant, soit environ 270 grammes par jour). Bon, 9 Français sur 10 affirment avoir toujours du pain chez eux. L'honneur est (presque) sauf.
A propos de fromage et de relents putrides, le saviez-vous? Le Français a une réputation crasse en matière d'hygiène. Là, vous allez me dire: «Ah non, ça, c'est de la méchanceté gratuite!» Point du tout. Tapez sur Google si vous en doutez.
Pour remonter aux origines de ce cliché, il faut se rendre au 16ᵉ siècle. A l'époque, les Parisiens (toujours eux!) balançaient leurs déchets et vidaient leur pot de chambre par la fenêtre, accompagné d'un sobre avertissement... «A l’eau!».
Bon, les choses ont évolué. Juste un peu. Aujourd’hui encore, le Français consomme 580 grammes de savon par an - soit deux fois moins que le Britannique ou que l’Allemand. Moins de un Français sur deux prend un bain ou une douche chaque jour. Et à peine trois Français sur quatre (73%) revêtent un nouveau slip, caleçon ou boxer quotidiennement, révèle Le Parisien dans un sondage. Arf.
Le Français est un râleur invétéré. Irrécupérable. Sondage après sondage, il confirme son mécontentement latent. Tout est prétexte au coup de gueule: les foutus politiques ineptes et stupides, les grèves incessantes, les embouteillages perpétuels, le salaire trop bas, le café trop chaud, Jean-Marc le collègue trop chiant, les mails trop nombreux, la SNCF trop lente, la cantine trop crade, la météo trop moche... Sans parler de la réforme des retraites... (*soupir*).
Le Français râle pour le simple plaisir de le faire. Pour lui, c'est une forme normale de liberté d’expression. Selon une étude citée par le psychologue Pascal Neveu, le Français se plaint entre 15 à 30 fois par jour. (Mais il paraît que râler est bon pour la santé et que cela préserve des maladies cardiovasculaires).
Une habitude qui nous décontenance, nous autres, petits Suisses globalement satisfaits sur notre sort, de même que nos camarades Anglo-saxons: «Pour les Américains, dire quelque chose de négatif donne l'impression de mettre fin à la conversation», explique à la BBC Julie Barlow, journaliste canadienne et co-auteur de The Bonjour Effect. Mais en France, se plaindre est davantage perçu comme «une façon d'inviter les autres à avoir une opinion». Bref, c'est poli quoi:
Mais qu'ils se rassurent! La cause des Français n'est pas totalement perdue. En 2022, la France s'est hissée pour la première fois à la 20ᵉ place du classement du World Happiness Report, une mesure du bonheur publiée chaque année dont les premières places sont trustées par les pays scandinaves. Son meilleur rang depuis que l'étude existe. On arrête jamais le progrès.
Encore un cliché aux accents de vérité. Le Français baragouine les langues étrangères avec moins d'habileté qu'il sait faire monter une mayonnaise. Qui plus est, avec un accent à couper au couteau que d'aucuns jugent «le plus sexy du monde».
Un classement récent le situe au 22e rang sur 26 pays européens pour ses compétences en anglais. Piètre résultat pour la sixième puissance mondiale. Lequel s'expliquerait notamment par un nombre insuffisant d'heures d'enseignement de l'anglais à l'école, des méthodes d'apprentissage peu adaptées ou encore par un certain sens de la... supériorité.
Si si: «Il y a un certain orgueil français à vouloir protéger la langue, conforté par une élite qui se complaît à ne parler qu'en français, cela n'aide pas les Français à progresser en anglais», confirme Natanael Wright, président-fondateur en France du réseau Wall Street English à BFMTV.
«Le français, culturellement, a été, à une époque, l'équivalent de ce qu'est l'anglais aujourd'hui, à savoir une langue reconnue internationalement. Et de cela, on a gardé l'idée que le français, c'est quand même mieux que tout», justifie Brigitte Lallement, spécialiste de l'enseignement de l'anglais, sur Europe1.
L'orgueil français, parlons-en. Ce peuple est incontestablement le plus arrogant d'Europe. Et cette fois, ce sont les Français eux-mêmes qui le confirment, dans une étude publiée par le think tank américain Pew research center. Après avoir interrogé quelque 7646 citoyens européens, la recherche conclut, sans surprise, que pour le reste du monde, le Français est imbu de lui-même.
La faute sans doute à une histoire qui, comme nulle autre, a mis en avant les énergumènes au comportement bravache et hautain. Les troublions refusant de se soumettre à l’autorité et préférant la mort pour défendre un idéal. Napoléon, es-tu là?
C'est vrai. La France aime célébrer les actes de panache, les punchlines mémorables, les «Nous ne sortirons que par la force des baïonnettes», le courage et la fougue théâtrale. Bref, tout le tralala.
Et finalement, de nombreux éléments culturels viennent s'ajouter à ce rapport particulier avec sa (longue) histoire, comme l'explique Slate: «Une excellente nourriture, des bons vins, des belles femmes (c’est lié) et une diversité immense de paysages et d’architectures qui peuvent rendre légitimement fier.»
«Tous ces éléments –peut-être pas très utiles, mais plus palpables au quotidien que les variations de la Bourse et les taux d’investissement en R&D– poussent le Français à se regarder le nombril», conclut notre confrère (français) Quentin Girard.
Et qu'on en a de nouveau pour 20 ans.