C'est l'été dans l'hémisphère nord, autrement dit: la période des vacances est là. Avec elle, les annonces d'attaques de squales se multiplient de nouveau: au large d'une île hawaïenne, une équipe de Netflix est attaquée par des requins-tigres, en Espagne, des baigneurs doivent fuir l'eau devant un requin bleu et à Hurghada, l'attaque d'un requin-tigre est fatale à un touriste russe.
Ces incidents sont toujours largement relayés par les médias. C'est que de telles informations alimentent notre peur primitive et sont donc un générateur de clics. Pas besoin de vous faire un dessin: le simple fait que dans l'eau, nous soyons pratiquement sans défense, suffit à faire froid dans le dos.
Cependant, en alimentant les cas isolés, notre perception sélective peut se développer et nous donner l’impression que les requins représentent un réel danger pour nous. Pourtant, les attaques sont relativement rares.
Entre 2010 et 2022, il y a eu en moyenne 75 cas d’attaques par an dans le monde - à savoir que les victimes n’avaient pas provoqué ces requins. Ce sont du moins les incidents qui ont été rapportés aux chercheurs du célèbre International shark attack file (Isaf) en Floride.
En 2022, ils ont recensé 57 attaques de requins non provoquées de ce type, soit nettement moins que l'année précédente, où 73 attaques avaient été signalées. L'Isaf ne fournit pas encore de chiffres pour cette année. Selon le Global shark attack file, 19 attaques de requins non provoquées ont eu lieu jusqu'à présent en 2023.
De manière générale, les chercheurs ont constaté une augmentation du nombre d'agressions dans le monde entier depuis le début des années 1990, ce qu'ils expliquent ainsi: la croissance démographique et la prospérité augmentent et, par conséquent, le nombre de personnes qui passent du temps au bord et dans l'eau est en hausse. Par conséquent, cela accroît la probabilité de rencontres avec des requins. En revanche, le fait que le nombre d'attaques ait légèrement diminué ces dernières années serait dû au recul documenté des populations de requins dans le monde.
Sur les quelque 1000 attaques survenues depuis 2010, un peu moins de 9% ont été mortelles. Cela semble beaucoup à première vue. Selon l'Isaf, le risque aux Etats-Unis est d'environ 1 sur 4,3 millions, ce qui est nettement inférieur aux autres causes possibles de décès:
C'est aux Etats-Unis que les attaques de requins sont les plus fréquentes, avec plus de la moitié des cas recensés. Les endroits les plus concernés par ces attaques sont les Etats de Californie et de Floride, où l'on se baigne et pratique des sports nautiques presque toute l'année.
Depuis des années, l'Australie arrive en deuxième position, suivie par l'Afrique du Sud, le Brésil et la Nouvelle-Zélande. Les attaques de requins sont également fréquentes autour d'Hawaï et de l'Ile de La Réunion. Les attaques de requins sont plutôt rares en Egypte, mais cette destination de vacances très appréciée des Européens à la fin de l'automne a déploré trois décès dus à des attaques de requins au cours des quatorze derniers mois.
La Méditerranée, qui abrite 41 espèces de requins différentes, est également le théâtre d'incidents occasionnels avec des requins. Selon l'Isaf, seules quatre attaques de requins ont été enregistrées depuis le début du millénaire, toutes sans conséquence mortelle.
Le requin blanc est de loin l'animal qui provoque le plus d'incidents. Or sa réputation de «mangeur d'hommes» est surtout due au film de Steven Spielberg Les dents de la mer de 1975. «Les requins blancs passent en fait la plupart de leur temps en plein océan», explique Marie Levine, directrice du Global shark attack file. «Mais lorsqu'ils s'approchent des côtes, ils sont très curieux, c'est pourquoi les incidents sont fréquents.»
Derrière le grand requin blanc suivent les deux autres représentants de ce que l'on appelle le Big Three: le requin-tigre et le requin-bouledogue. Les requins-tigres sont également très curieux, ajoute Levine. Ils se nourrissent de charognes, de tortues et de déchets, mais leur sens de l'exploration pourrait les amener à mordre un être humain. Selon Levine, les requins-bouledogue ne sont pas seulement présents en pleine mer, mais aussi dans les deltas des fleuves. Ils y guettent souvent leurs proies dans les eaux troubles, ce qui explique les incidents fréquents avec les humains.
Le classement des victimes est dominé par les surfeurs et autres amateurs de sports nautiques qui se trouvent à la surface. Viennent ensuite les nageurs, les plongeurs en apnée et les plongeurs sous-marins. Selon les chercheurs, si les surfeurs sont plus souvent victimes d'attaques, c'est surtout parce qu'ils restent longtemps dans les vagues, c'est-à-dire précisément dans la zone que les requins fréquentent régulièrement.
Pourtant, les requins ne s'attaquent pas aux humains. La plupart du temps, ils ne font que mordre un «morceau» de la personne lors d'une attaque et se rendent ensuite compte de leur erreur. Donc le plus souvent, une attaque de requin ne devrait pas être mortelle en soi. Le grand problème, même s'il ne s'agit que d'une morsure «par erreur», c'est la perte de sang importante jusqu'aux premiers soins.
Les spécialistes des requins conseillent de toujours nager à deux, de rester près de la rive et de ne pas entrer dans l'eau au crépuscule. Il convient également d'éviter la proximité des bancs de poissons ou les endroits où les gens pêchent. Les bijoux et le fait de patauger dans l'eau peuvent également attirer l'attention des requins. Et contrairement à l'attaque d'un ours, il ne faut pas faire le mort lorsqu'on est attaqué par un requin.
Mais le fait de gesticuler ou de se mettre à nager en paniquant rappelle trop au requin le comportement d'une proie. C'est pourquoi il faut si possible nager sur place uniquement avec les pieds et réduire drastiquement les bruits. Il faut tourner son corps vers le requin et le suivre des yeux, même si on lui tourne autour. Si l'animal s'approche, il faut essayer de toucher son museau sensible ou ses branchies avec les mains (comme sur la vidéo). Il est important de ne pas pencher le haut du corps vers l'avant, car le requin pourrait considérer cela comme une attaque.
Traduit de l'allemand par Anne Castella