Cela vous est peut-être déjà arrivé. Sentir un parfum familier flotter dans l'air. Une caresse sur la peau. Entendre une voix. Percevoir une présence très dense, alors que vous êtes seul dans la pièce. Déceler un signe: la TV ou un réveil qui s'allume, sans raison apparente. Ce phénomène a un nom: le «vécu subjectif de contact avec un défunt». Abrégé VSCD.
Des rencontres spontanées, apparemment initiées par les défunts, sans aucune intention ni sollicitation de la part du récepteur, ni intervention d’un médium. «Ce sont des moments très courts, de quelques secondes à quelques minutes au plus», précise Evelyn Elsaesser.
Le phénomène est méconnu et nettement moins documenté que les EMI, les fameuses «expériences de mort imminente», qui passionnent les scientifiques depuis presque 50 ans.
Raison pour laquelle Evelyn Elsaesser, spécialiste des expériences liées à la mort, a décidé de se consacrer depuis une dizaine d'années aux VSCD. Soutenue par une équipe de l’université britannique de Northampton, la chercheuse a mené une étude internationale à large échelle, sur plus de 1004 participants et riche de presque 200 questions, sur les vécus subjectifs de contact avec un défunt.
Constat de la recherche? Tout le monde peut vivre un contact spontané avec un défunt - qu'on soit convaincu qu’il y ait une vie après la mort, ou pas du tout.
Un phénomène bien plus répandu que les EMI, qui ne touchent que 10% à 15% des gens.
Contre toute attente, dans l'immense majorité des cas, la «visite» d'un défunt n'est pas effrayante. Au contraire. Les témoignages rapportent une expérience très positive, qui procure joie et réconfort. «Le passage du temps n’altère en rien la force de l’expérience, ni la conviction de l'individu que c’était réel», explique Evelyn Elsaesser.
Toutefois, le VSCD ne serait pas uniquement lié au processus de deuil. 27% des sondés ont «rencontré» quelqu'un dont ils n'étaient pas vraiment proche (un collègue de travail, une voisine...) ou avaient terminé leur deuil.
12% ont perçu un défunt inconnu. Dans ce cas, l'expérience peut s'avérer un peu effrayante, admet notre experte. Toutefois, on peut imputer cette frayeur à l’effet de surprise. Les sondés qui font part d'une expérience négative sont souvent des gens matérialistes, avec une vision du monde bien établie, qui se sont retrouvés très ébranlés dans leurs convictions.
«Ce n’est pas tant le contenu de l’expérience que le fait d’avoir vécu un événement qui semble impossible. Ils ont peur pour leur santé mentale ou se demandent s’ils ont été victimes d’hallucinations».
«Beaucoup considèrent encore que les VSCD sont des hallucinations», concède pour sa part le psychiatre Christophe Fauré, dans une enquête de l'émission Temps Présent.
Aucune explication rationnelle n’a encore été apportée pour éclairer les VSCD. La science parvient difficilement à les expliquer de manière satisfaisante.
L'équipe d'Evelyn Elsaesser, pour sa part, continue son investigation. Leur projet de recherche entre dans sa seconde phase: reproduire leur questionnaire dans de nouveaux pays, notamment en Inde, pour déceler d’éventuelles différences culturelles dans les témoignages des participants.
Leur prochaine étape: prouver l’existence de l’au-delà? «Non», objecte la chercheuse. «Notre propos n’est pas là. Nous ne voulons pas prouver que les défunts peuvent contacter les vivants, même si les personnes qui ont vécu ces expériences en sont convaincues».
Evelyn Elsaesser en est toutefois convaincue: un jour, nous comprendrons mieux la nature de ce phénomène. «Prouver la réalité des VSCD, cela viendra avec l’avancée des recherches sur la conscience, notamment l'apport de la physique quantique.»