Près d'un Suisse sur deux se dit prêt à coucher avec un robot sexuel
La technologie va-t-elle bientôt s'inviter sous la couette? Objets connectés et intelligence artificielle vont-elles rythmer nos futures prestations sexuelles? C'est ce qu'une enquête publiée par l'entreprise britannique Lovehoney Groupe, spécialisée en jouets sexuels, laisse supposer.
Le sondage, mené auprès de plus de 22 000 participants dans plusieurs pays, y compris la Suisse, énumère les «tendances sexuelles 2023». Au troisième rang, on retrouve la catégorie «smart sex tech et métaverse», avec des résultats intéressants.
On y découvre notamment que 36% des sondés seraient partants pour avoir des relations physiques avec un robot sexuel. Les données relatives à la Suisse, que Lovehoney nous a transmises, montrent un pourcentage encore plus élevé: dans notre pays, non moins de 40,3% des personnes interrogées seraient prêtes à sauter le pas.
Test ou affection?
Ce chiffre a de quoi surprendre, estime Pierre-Alain Nicod, sexologue à Monthey. Le spécialiste tient toutefois à souligner qu'il existe deux cas de figure. «S'il s'agit de gens qui envisagent de l'essayer une fois, pour expérimenter, cela ne m'étonne pas plus que ça», affirme-t-il. «Mais si ces robots sont utilisés pour combler un manque, c'est plus compliqué».
En vidéo, ça donne ça:
Recourir à un robot sexuel dans ces fins risque de provoquer une dynamique «d'anticommunication», poursuit le sexologue. «L'utilisateur peut abandonner tout le reste. S'il commence à y projeter de l'affectif, cela complique davantage les choses et peut aboutir à de profondes dépendances».
Les mots utilisés dans le communiqué de Lovehoney Groupe, qui parle de «personnes qui seraient assez curieuses pour essayer», semblent indiquer qu'on a plutôt affaire au premier scénario.
Des «dispositifs simples»
Expérimenter, donc. Mais quoi? Le terme robot sexuel désigne, en gros, une poupée sexuelle améliorée et équipée d'une intelligence artificielle. Ces automates sont capables de bouger, de tenir une conversation, et même d’éconduire un prétendant trop insistant, explique le Journal du Geek.
Leurs capacités ne vont toutefois pas beaucoup plus loin. Il ne s'agit pas de robots entièrement animés, plutôt de «dispositifs simples», qui peuvent tout au plus parler, avoir des expressions faciales ou répondre au toucher. Les vidéos disponibles sur des sites en proposant la vente semblent le confirmer: leur aspect soigné et la richesse des détails vantée par les fabricants ne cachent pas l'élément robotique de ces engins.
Ces «poupées améliorées» ont fait leur apparition il y a une dizaine d'années. La très inquiétante Roxxxy, de l'entreprise américaine TrueCompanion, a été présentée en 2010 comme étant le premier robot sexuel de l'histoire.
Le robot Harmonyx, développé en 2017 par la société Abyss Creations, peut communiquer avec son partenaire à travers une application, qui permet également de programmer ses personnalités.
Les robots sexuels modernes, tels qu'Harmonyx, sont totalement customisables: le client peut choisir parmi une multitude de détails, allant de la couleur des yeux et des cheveux à la forme des organes génitaux. Bien sûr, tout cela a un coût. Les prix se chiffrent en milliers de dollars, oscillant entre 2000 et plus de 10 000. A l'époque de son lancement, Roxxxy en coûtait 7000, Harmony 15 000.
A cause de cela et des tabous qui semblent encore entourer les robots sexuels, la vente de ces produits restera «sans doute cantonnée à un public de niche», avance le Journal du Geek.
«Le cybersexe et les expériences virtuelles ont gagné en popularité pendant la pandémie», présume Loverhoney Groupe. Pour Pierre-Alain Nicod, les prix pourraient finir par baisser, voire «se diviser par 20 d'ici 10 ou 20 ans». «On a observé la même chose avec les ordinateurs», illustre-t-il. Et d’ajouter:
Mainstream d'ici 2026?
Noel Sharkey, ancien conseiller des Nations unies pour la robotique, est du même avis. Selon lui, les prix des robots sexuels vont baisser à mesure que le coût de fabrication diminue et que le nombre d'entreprises qui les proposent augmente.
En 2016, Sharkey avait déclaré que les robots sexuels seraient «mainstream» d'ici 2026. Si cette prédiction ne semble pas en passe de se réaliser, les résultats de l'enquête de Lovehoney Groupe semblent toutefois aller dans ce sens.
De plus, l'étude a révélé que 43% des hommes en Suisse ont essayé le sexe anal et l'aiment. Cependant, si l'on regarde de plus près, 55% d'entre eux ont précisé qu'ils faisaient du sexe anal, mais n'en recevaient pas.
L'enquête montre également que 46% des femmes suisses et plus de la moitié (53%) des hommes plongent dans le sujet des désirs et fantasmes sexuels au cours des trois premiers mois de fréquentation.