Jusqu'à présent, le Replay TV était un véritable îlot de bonheur pour les Suisses. Regarder des émissions de télévision manquées jusqu'à sept jours plus tard ou encore sauter les publicités agaçantes en deux-trois clics. Que pouvaient-ils demander de plus alors que les utilisateurs étrangers, de leur côté, ne peuvent regarder leurs émissions manquées qu'à l'aide de la médiathèque de la chaîne télévisée concernée?
Mais l'âge d'or de la télévision en replay ne sera bientôt plus que de l'histoire ancienne. Les plaintes de l'industrie de la télévision concernant les pertes publicitaires considérables ont finalement trouvé un compromis avec les fournisseurs télévisuels tels que Swisscom et Sunrise après des années de lutte acharnée. Conséquence: d'ici fin 2022, la fonction très appréciée que représente le Replay TV sera soit plus chère chez tous les fournisseurs, soit les clients subiront de la publicité forcée lorsqu'ils choisiront de regarder la télévision en différé.
En guise de consolation pour les consommateurs suisses, la durée du replay devait être prolongée de 7 à 14 jours. Puis, sans que personne ne s'y attende, la SSR a contesté la règle des 14 jours à la dernière minute.
Salt et Init7 ont déjà augmenté leurs prix. Ceux voulant continuer à bénéficier de 7 jours de télévision en replay, y compris l'avance rapide, doivent désormais payer un supplément. Les autres fournisseurs de télévision suivront bientôt le pas.
Alors, à ce stade, plusieurs questions se posent: comment la télévision en replay est-elle utilisée en Suisse et comment les téléspectateurs risquent-ils de réagir à ces changements? Un sondage représentatif de Comparis publié mercredi donne des réponses.
Les principaux résultats en bref:
Selon l'enquête de Comparis, environ neuf sur dix personnes interrogées ont un abonnement TV, dont au moins trois quarts avec la possibilité d'utiliser la TV en replay.
29% rembobinent leurs programmes tous les jours, 39% plusieurs fois par semaine et 15% une fois par semaine. Plus de 80% des abonnés Replay TV utilisent donc régulièrement cette fonction.
La grande majorité (85%) des abonnés à Replay TV déclarent utiliser la fonctionnalité pour regarder les émissions qu'ils ont manquées. 38% regardent n'importe quel programme en Replay, similaire aux services de streaming comme Netflix.
Près de la moitié (48%) utilisent la fonction pour sauter les publicités. Comparis conclut toutefois que ce n'est pas le besoin principal du Replay. Une précédente étude du comparatif suisse montrait que:
Le problème des chaînes de télévision: les jeunes téléspectateurs qui sautent nettement plus souvent la publicité que les utilisateurs plus âgées ayant, eux, grandi avec la télévision en direct et des passades de publicité qui durent plusieurs minutes. Sans la publicité forcée dans la télévision en replay, la publicité devrait donc de moins en moins atteindre son groupe cible. Ceux voulant éviter la publicité forcée doivent donc payer plus cher. Depuis mai 2022, Salt, par exemple, laisse le choix à ses clients de subir la publicité ou de payer un supplément de 3,95 francs par mois pour pouvoir continuer à avancer. Sans supplément, la télévision en replay passera de sept jours à 30 heures.
Les utilisateurs qui ont déjà la télévision en replay sont plus disposés à payer un supplément que ceux qui n'ont pas d'abonnement à la télévision en replay. Jean-Claude Frick, expert numérique de Comparis, suppose que la disposition à payer «augmente encore nettement» dès que la fonction de rembobinage est limitée.
C'est chez les plus jeunes que la disposition à payer est la plus élevée. 57% de toutes les personnes interrogées âgées de 18 à 35 ans seraient prêtes à payer jusqu'à cinq francs de plus par mois pour continuer à bénéficier sans restriction de la fonction de retour en arrière.
Par tranche d'âge, parmi toutes les personnes interrogées (c'est-à-dire avec ou sans abonnement à la TV en replay), les personnes de moins de 36 ans sont significativement plus souvent prêtes à regarder de la publicité forcée que les plus de 55 ans.
«Bien que les plus jeunes passent beaucoup plus de publicités et seraient également plus enclins à payer un supplément, ils semblent être plus tolérants vis-à-vis de la publicité. Cela peut aussi être lié à l'utilisation du smartphone pendant la télévision. Cela aide à combler les temps d'attente pendant les publicités», explique Jean-Claude Frick.
(Traduit et adapté en français par mndl)