Cette semaine, la candidate de télé-réalité Hilona Gos publiait sur sa chaîne YouTube trois vidéos dans lesquelles elle accuse son ex-compagnon Julien Bert de violences psychologiques, physiques et verbales. «Un appel à l'aide», selon ses dires.
Elle raconte notamment la difficulté qu'elle a eu à dire «stop», à parler de ce qu'elle subissait à son entourage et le déni dans lequel elle se trouvait face au comportement de celui «qu'elle aimait tellement».
Pourquoi n'a-t-elle pas parlé plus tôt? Pourquoi n'est-elle pas partie? Deux questions qui reviennent lorsqu'on aborde la thématique des violences conjugales et pourtant, la réalité n'est de loin pas aussi simple. Philippe Bigler, directeur du Centre d’accueil MalleyPrairie, qui s'occupe des victimes et auteurs de violences au sein du couple ou de la famille, nous explique justement pourquoi.
«Les auteurs de violences ne correspondent pas aux stéréotypes que l’on peut avoir», affirme Philippe Bigler. «Ils ressemblent à tout le monde et peuvent aussi avoir des phases où ils sont aimants et attentionnés.»
Hilona Gos raconte également que ses amis étaient parfois présents lors des accès de colère de Julien Bert. Comment se fait-il que personne n'ait réagi? «C'est difficile pour les témoins d'assister à de telles scènes. Ils se sentent souvent impuissants», explique le directeur. Et puis, au bout d'un certain temps, et face à des actes répétés, il se peut que l'entourage ne comprenne pas pourquoi la personne abusée reste. Ils finissent par en avoir marre et se détachent peu à peu. En effet, la candidate de télé-réalité aurait «perdu tous ses amis». «La victime est alors isolée», ajoute Philippe Bigler.
«Dans le cycle de la violence, c'est la phase appelée lune de miel», souligne-t-il. Une période «forte et intense» durant laquelle l'auteur est «parfait», attentionné, aimant. Il s'excuse, promet de ne jamais recommencer et de changer. «Il y a donc de l'espoir, poursuit-il. Il faut aussi rappeler qu'à la base, les deux personnes s'aiment. La victime veut y croire, elle veut que la relation fonctionne.»
Durant cette phase cependant, l'intention des abuseurs n'est pas de sauver la relation, mais de s'assurer que l'autre ne parte pas. Un mécanisme conscient qui permet de garder le lien.
Dans le récit de la candidate de télé-réalité, la violence finissait toujours pas reprendre. Elle se souvient notamment d'un épisode en soirée avec des amis. Julien Bert se serait énervé et lui aurait reproché plusieurs choses, notamment:
Pour Philippe Bigler, cette culpabilisation de la victime s'observe généralement dans les cas de violences conjugales. Conséquence: elle se dit qu'effectivement, elle aurait pu agir différemment. Elle pense être la cause de ces réactions et se rend responsable du mal-être de l'autre.
«C'est ce qu'on appelle la relation de causalité», explique le directeur de MalleyPrairie. «L'auteur est convaincu que si quelqu'un lui parle mal, par exemple, cela justifie de réagir par la violence, au lieu de partir, d'ignorer ou d’exprimer de la tristesse». En effet, ces personnes-là n'ont souvent pas appris à répondre différemment. En cause notamment, l'éducation – parfois – dans un environnement familial en proie aux abus, qui peuvent ensuite être reproduits.
Cet «apprentissage», comme le qualifie Philippe Bigler, peut s'accompagner d'une vision de la relation homme-femme (réd: dans le cas de violences conjugales au sein de couples hétérosexuels où la femme est la victime) dans laquelle l'homme occupe une position dominante, dirige, commande, garde le pouvoir. Selon le directeur, les personnes violentes choisissent donc de se comporter ainsi dans leur couple. «Ils ont cependant la possibilité d’apprendre à faire d’autres choix s'ils se font aider.»
Hilona Gos s'est séparée, il y a plus d'une année, de Julien Bert, mais elle entretient encore des liens avec son ex-compagnon. Une information qui n'étonne pas le directeur de MalleyPrairie. «Il faut faire attention», alerte-t-il (réd: de manière générale, sans faire allusion à un cas précis), «car l'année qui suit la séparation est souvent la plus dangereuse». En effet, c'est généralement dans ce laps de temps qu'ont lieu les féminicides:
Julien Bert a réagi aux déclarations de son ex-compagne dans une vidéo YouTube. Il raconte qu'elle aurait également eu des comportements violents à son égard, physiques et verbaux. Il nie avoir levé la main sur elle et l'invite à porter plainte. Le Huffington post rappelle que des menaces d’actions judiciaires ont été annoncées de part et d’autre. A l'heure actuelle, on ne sait pas si elles ont été exécutées.