Tout lui semble si naturel. La cadence sur les haies. Le rythme auquel elle bat ses records personnels. La façon dont elle gère le succès et les attentes. Dans sa carrière d'athlète, Ditaji Kambundji n'est pas seulement ultra rapide, elle est aussi hyper intelligente. La jeune femme de 21 ans se dirige vers le sommet mondial à une vitesse effrénée.
La connexion qui s'est développée au fil des années avec Mujinga, de dix ans son aînée, se perçoit rapidement. Comme si Ditaji avait été nourrie par une sorte d'intelligence artificielle de toutes les expériences, idées et erreurs de sa sœur. Jusqu'où ira cette jeune athlète, dont l'ancien coach Adrian Rothenbühler dit un jour: «Avec un tel talent, on ne peut presque que le gâcher en tant qu'entraîneur»?
Lorsque Mujinga Kambundji s'est fait connaître du grand public aux Championnats d'Europe de Zurich en 2013, Ditaji n'avait que 11 ans. Elle a fréquemment assisté aux débuts internationaux de sa sœur depuis la meilleure position du stade: au bord de la piste. Mujinga est devenue un modèle au-delà du sport.
Les deux sœurs ont quitté Adrian Rothenbühler l'année dernière. Le compagnon de Mujinga, Florian Clivaz, est désormais responsable du développement sportif de Ditaji. Claudine Müller, qui entraîne Jason Joseph depuis des années, développe sa technique sur les haies.
Cette décision, qui a fait l’objet de discussions en coulisses, n’a évidemment pas nui à Ditaji. Lors de sa dernière sortie avant les Mondiaux au Citius Meeting de Berne, la spécialiste du 100 m haies a battu à deux reprises le record de Suisse de Lisa Urech (12''62). D'abord en 12''51. Puis une heure plus tard, en finale, avec un temps canon de 12''47. La Bernoise, originaire du Congo, se rapproche rapidement des meilleurs mondiaux en termes de temps.
Ditaji Kambundji dit que la confirmation du tableau d'affichage a été immédiate et la rendue fière, «parce que ce n'était pas facile de gérer ces émotions. Mais je suis restée calme et sereine».
Pour réussir ce qui, à première vue, semble être un bond chronométrique, elle fait un simple petit calcul dans son carnet du lait. «Si je franchis chaque obstacle deux centièmes de secondes plus vite, cela fait deux dixièmes de seconde à la fin», dit-elle. Dans un même souffle, elle relève qu’elle peut encore s’améliorer techniquement. L’étape suivante consiste toutefois à stabiliser les progrès réalisés, même sous une pression maximale et contre l’opposition la plus forte possible.
Que faut-il en déduire pour les Championnats du monde de Budapest? La structure du programme était planifiée de telle manière qu'au plus fort de la saison, Ditaji soit capable de réaliser son meilleur temps. «Et cette structure est juste.»
Ditaji Kambundji souligne aussi qu'elle a gardé la tête froide entre les courses de son double exploit à Berne. «Il faut apprendre quelque chose de tout ça», dit-elle. Apparemment, cet apprentissage aussi se produit à un rythme rapide. Kambundji dit avoir réalisé au cours de sa jeune carrière qu'il ne servait à rien de lutter contre ses émotions. «Je sais que je serai très nerveuse avant les courses du Championnat du monde. Mais ça me va.»
Même sa sœur ne sait évidemment pas exactement jusqu'où peut aller sa cadette à Budapest: le vol retour de Mujinga est réservé pour jeudi. «Mais les projets de voyage peuvent changer, un vol est vite modifié», lâche-t-elle avec désinvolture, pensant peut-être à la finale du 100 m haies de jeudi soir. Il est fort possible que cette fois l'autre Kambundji assume le rôle d'observateur au bord de la piste.