Des athlètes professionnels, des membres d'organisations de la société civile et des représentants d'instances internationales étaient réunis lundi 13 février 2023, à l'initiative des Nations Unies, lors d'une table ronde sur le pouvoir du sport pour prévenir l'extrémisme violent.
En est ressorti que le sport - de par les valeurs qu'il porte - peut apporter sa pierre à l'édifice dans la prévention «de l'attirance pour les idéologies violentes».
Des propos qui corroborent ceux de Vladimir Voronkov, secrétaire général adjoint de l'ONU, chargé du Bureau de lutte contre le terrorisme. En 2020, lors du lancement du «Programme mondial sur la sécurité des grands événements sportifs et la promotion du sport et de ses valeurs en tant qu'outil de prévention de l'extrémisme violent», il déclarait:
Mais pour l'heure, les événements sportifs sont surtout - bien trop souvent - un terrain propice aux attaques terroristes. En raison des valeurs qu'ils représentent, comme le souligne Mauro Miedico, mais pas que. Le sport international est une formidable caisse de résonance. Il implique aussi la venue en masse d'athlètes et spectateurs sur un même lieu. Ce qui en fait une cible de choix.
Les incidents survenus ce lundi à Bruxelles viennent s'ajouter à une longue liste de tragédies sportives.
Il s'agit de la toute première attaque terroriste en lien direct avec le sport. Au matin du 5 septembre 1972, en deuxième semaine des Jeux de Munich, huit membres du groupe terroriste palestinien «Septembre noir» se font passer pour des athlètes, et investissent le village olympique. Ils prennent en otage une partie de la délégation israélienne, alors en plein sommeil.
Le groupe armé exige la libération de 234 prisonniers palestiniens, détenus par Israël. Il demande aussi qu'un avion leur soit affrété, pour débarquer au Caire avec les otages. Après de longues négociations, un transfert est organisé en soirée, par hélicoptères, jusqu'à l'aéroport de la base aérienne de Fürstenfeldbruck. Sur place, un piège est tendu, insuffisant pour sauver les otages.
Au total, onze athlètes israéliens, un policier et un pilote d’hélicoptère allemands périront, quand cinq des huit terroristes palestiniens seront abattus.
Le lendemain de la prise d'otage, une cérémonie commémorative est organisée. Les compétitions reprendront le jour suivant, après une interruption totale de 34 heures.
Dans cette affaire, l'Allemagne sera vivement critiquée pour sa gestion de la crise. Le CIO, lui, sera longtemps décrié pour son silence. En 2022, lors d'une cérémonie de commémoration à Tel-Aviv, Thomas Bach présentait enfin des excuses à Israël. Il aura fallu attendre 50 ans.
Nous sommes le 27 juillet 1996. Ce jour-là, une attaque à la bombe crée la panique dans le parc du Centenaire, alors centre névralgique des Jeux d'Atlanta.
L'auteur de cet acte terroriste chrétien se nomme Eric Rudolph, un militant extrémiste contre l'avortement. Le bilan fera état de deux personnes décédées et de 111 blessés. Le coupable ne sera arrêté que le 31 mai 2003, après une longue chasse à l'homme.
Dans un premier temps, les autorités américaines, sous pression à la suite d'une série d'attentats sur leur territoire, concentrèrent leur enquête sur Richard Jewell, le garde de sécurité qui avait repéré la bombe. Longtemps sans autres pistes, le FBI s'attacha à trouver des preuves pour en faire le coupable idéal.
D'abord considéré comme un héros pour être intervenu le jour de l'explosion, sa vie sera, pendant plusieurs mois, marquée par un énorme lynchage médiatique. L'Amérique sera longtemps divisée à son sujet. Un film, réalisé par Clint Eastwood, retrace sa vie: Le Cas Richard Jewell.
L'attentat terroriste orchestré contre l'équipe nationale du Togo remonte au 8 janvier 2010. Les Éperviers sont en chemin pour rejoindre le tournoi de la Coupe d'Afrique des nations, quand le bus de leur sélection est attaqué par des tirs de mitrailleuses.
L'offensive a lieu dans l'enclave angolaise de Cabinda, coincée entre la RDC et la République du Congo. Elle est à l'initiative de rebelles, membres du Front pour la libération de l'enclave de Cabinda, qui militent pour l'indépendance de la province.
Ils sont une quinzaine à participer à l'embuscade. Le chauffeur du bus périra, comme deux membres du staff togolais: Abalo Amélété, l’entraîneur adjoint, et Stanislas Ocloo, le chef de presse. Plusieurs joueurs seront blessés, à l'instar de Serge Akakpo. Le gardien Kodjovi Obilale est lui aussi grièvement touché. Il deviendra le symbole de cette horrible attaque. Handicapé, il ne jouera plus au foot.
L'assaut durera une trentaine de minutes. Il faut dire que face aux rebelles, il y avait une dizaine d'individus en charge de la sécurité de l'équipe, la zone étant connue pour abriter des membres du front. Choqué, Adebayor annoncera sa retraite internationale, avant de revenir sur sa décision presque deux ans plus tard.
L'attaque terroriste mettra plusieurs heures à être médiatisée, les faits étant accueillis avec scepticisme. La CAF fera ensuite un tollé, en annonçant que la délégation togolaise aurait mieux fait de prendre l'avion, comme le stipulait le règlement. Idem quand elle suspendra l'équipe, pour s'être retirée du tournoi.
Le 15 avril 2013, alors qu'ils sont des milliers à tenter le défi d'une vie, deux bombes artisanales explosent à 13 secondes d'intervalle. Les dégâts sont lourds, et pour cause, les explosifs étaient posés à quelques mètres de la finish line. Trois personnes perdront la vie et 264 seront blessées.
Le plus vieux marathon annuel est touché. Cette fois, c'est une épreuve grand public qui est attaquée.
Plusieurs jours passent avant que Tamerlan Tsarnaïev, le premier des deux terroristes, ne soit tué dans une course poursuite avec la police. Son frère parviendra à s'échapper, avant d'être retrouvé 24 heures plus tard, blessé, alors que la ville de Boston, paralysée par la peur, était devenue fantôme. Les différents échanges de coups de feu lors des fusillades coûteront la vie à deux policiers.
Les deux frères, d'origine tchétchène, souhaitaient venger les musulmans qui ont perdu la vie en Afghanistan et en Irak, des suites de l'intervention américaine. L'un sera tué, l'autre condamné à mort.
Les attentats du 13 novembre, à Paris, sont encore dans toutes les mémoires. Parmi les six sites aux mains des terroristes, le Stade de France, du moins ses alentours. C'est là que va se tenir la première attaque, revendiquée par Daech.
Près de l'esplanade, quelques instants après le coup d'envoi de la partie, les rues sont calmes. Les 80 000 spectateurs venus assister à la rencontre amicale entre la France et l'Allemagne sont installés en tribunes.
Le quart d'heure de jeu est dépassé, quand soudain, une première déflagration se fait entendre. Suivie d'une autre, trois minutes plus tard, qui interpelle. Patrice Evra, alors en possession du ballon, semble surpris. Le jeu continue, public et joueurs pensant probablement qu'il s'agit d'une bombe agricole comme on en trouve souvent dans les stades.
A l'extérieur, deux hommes viennent pourtant de se faire exploser, un troisième les imitera trente minutes plus tard. Tous tentaient de pénétrer dans l'enceinte et en seront empêchés. Les explosions font un mort et une dizaine de blessés graves. Des milliers de personnes auraient pu être touchées.
François Hollande, alors président de la République, est au stade. On l'avertit de la situation, il est exfiltré. Dans le même temps, d'autres attaques se dessinent au centre de Paris. Le bilan sera très lourd, le pire dans l'Hexagone: 130 morts, 413 blessés hospitalisés.
Le match, lui, se poursuit. Personne n'est averti, personne ne doit sortir: l'enceinte est un lieu sûr. Le Stade de France, très mal couvert par le réseau internet, empêche les spectateurs d'être notifié. Les joueurs, eux, réaliseront seulement en fin de match, lorsqu'ils rentreront dans le tunnel. Ils verront les scènes de chaos sur les écrans accrochés aux murs, au lieu des habituels ralentis associés à leurs prestations.
Certains Bleus seront plus impactés que d'autres. La soeur de Griezmann est au Bataclan, Lassana Diarra perdra l'une de ses cousines.
Tout le monde est incrédule. Français et Allemands discutent. La majorité des joueurs se connaissent, ils fraternisent davantage, comprenant qu'ils seront à jamais marqués par cette soirée meurtrière. La Mannschaft préfère rester cloisonner jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée, son hôtel ayant la veille, subi une alerte à la bombe. Les Bleus restent un long moment, ils partagent le vestiaire, tandis que les spectateurs reçoivent enfin l'ordre de quitter le stade.