Délocaliser le FC Sion de Christian Constantin hors du Valais, pour y trouver de meilleures perspectives, tout en conservant le même échelon sportif, ce n'est évidemment pas possible. Mais aux Etats-Unis, les règles du jeu sont différentes. Les franchises, notamment NBA, peuvent s'installer où elles le désirent, tant que cela est approuvé par la ligue et les autres équipes. Là-bas, on fonctionne donc sous forme de bail, et les propriétaires n'ont parfois aucun scrupule à partir lorsqu'il se termine, surtout si un contexte favorable les attend ailleurs.
Le Thunder d’Oklahoma City en est le parfait exemple. Car de 1967 à 2008, il se faisait appeler les SuperSonics de Seattle. Ce qui explique la délocalisation? Les propriétaires de la franchise, originaires de l'Oklahoma, souhaitaient rapatrier l'équipe dans leur Etat. Les mauvais résultats répétés des SuperSonics ont fini par acter le départ, tout comme l'impossibilité de réunir les fonds permettant la construction d'une nouvelle salle, plus adaptée aux besoins de la franchise.
C'est encore pour une question d'équipement que des rumeurs envoyaient depuis quelque temps le Thunder d'OKC vers une autre ville. Le bail actuel court jusqu'en 2026, mais les propriétaires ne se satisfont plus de leur enceinte, devenue trop modeste pour la NBA.
L'idée de construire une nouvelle salle a fait son chemin, sauf que cela a un coût: 900 millions de dollars pour être précis. Les dirigeants, qui détiennent entre leurs mains une franchise à 3 milliards selon Forbes, alors qu'ils l'ont acquise pour seulement 325 millions, n'ont jamais eu l'intention de financer leur nouvel outil de travail. Ils sont prêts à contribuer à hauteur de 5%, soit 50 millions de dollars. Oklahoma City est en mesure d'apporter 70 millions supplémentaires, grâce à une taxe déjà approuvée, initialement destinée à améliorer l'actuel Paycom Center. Mais comment trouver les 780 millions restants? En faisant appel une fois de plus au contribuable, en augmentant temporairement la «sales taxes» (réd: un impôt sur la consommation) de 1%.
C'est ainsi que mardi, les résidents d'Oklahoma étaient invités à se prononcer. Payer cette taxe, pour offrir à la franchise l'écrin dont elle rêve, ou la refuser, et prendre le risque de voir partir le Thunder vers d'autres contrées. Las Vegas, par exemple, ou Seattle, de nouveau, deux villes qui rêvent d'une équipe NBA depuis plusieurs saisons.
A OKC, les débats ont été houleux - personne ne vous dira le contraire. Les uns justifiaient cette taxe par l'importance d'une franchise pour une ville comme Oklahoma. Le Thunder fait rayonner, surtout qu'il est la seule équipe de l'Etat à figurer dans l'une des prestigieuses ligues nord-américaines. Sa présence engendre des retombées économiques, favorise l'emploi, attire de nouveaux investisseurs. Cela va bien plus loin que la simple fierté civique. En face, les autres critiquaient le caractère disproportionné d'un tel financement, la nature régressive de la taxe et son impact direct sur les citoyens les moins aisés. Alors même que les finances de l'équipe sont saines, et que sans le dire, le Thunder exerce un certain chantage sur la ville, la population et les fans.
Mardi, les habitants d’Oklahoma City ont validé à 71% la construction de la nouvelle salle. Au total, 850 millions de dollars de fonds publics seront donc alloués au projet. En échange, les propriétaires de la franchise, menés par Clay Bennett, se sont engagés à résider 25 ans dans cette nouvelle arène, de 2029 à 2054.
Voters have approved the proposal to fund a new $900 million downtown arena in Oklahoma City.
— Front Office Sports (@FOS) December 13, 2023
It will keep the Thunder in OKC through 2050. pic.twitter.com/rct9c32SQp
Il y avait trop à perdre en se risquant à voir partir le Thunder, tant pis si les prix augmentent.