Sport
CIO

Des Jeux olympiques en Suisse? Ce qu'en pense le CIO

FILE - International Olympic Committee (IOC) Sports Director Christophe Dubi meets the press in Milan, Italy, Wednesday, Dec. 14, 2022. The organising committee has admitted there have been delays bec ...
Le Lausannois Christophe Dubi est directeur exécutif des Jeux olympiques.Keystone

Des Jeux d'hiver en Suisse? Voici ce qu'en pense le CIO

Les fédérations suisses de sports d'hiver veulent oeuvrer ensemble à une candidature olympique. Des projets concrets existent au niveau national. Comment sont-ils perçus par le CIO? Nous avons posé la question à Christophe Dubi, directeur exécutif des JO.
19.09.2023, 18:5221.09.2023, 17:01
Rainer Sommerhalder
Plus de «Sport»

La Suisse souhaite présenter une candidature étatique à l'organisation des Jeux olympiques. Est-ce possible? Jusqu'à présent, seule une ville pouvait postuler. Que disent les règles du CIO en la matière?
Christophe Dubi: Laissons les règles de côté. Les règles évoluent constamment. Changer les règles est la norme, surtout dans le sport. Chaque sport doit évoluer avec son temps pour rester pertinent. En 2014, le CIO a décidé dans son Agenda 2020 que les Jeux devaient s'adapter au lieu et non l'inverse. Beaucoup de choses se sont passées depuis.

Qu'est-ce que cela implique concrètement par rapport à notre première question?
Prenons l'exemple des Jeux de Cortina et Milan en 2026. Lorsque je parle de distances, je prends délibérément en compte le nombre d'heures et non de kilomètres. Il y a près de 5 heures entre les deux sites. Nous pouvons aisément appliquer ces chiffres à la Suisse ou la Suède pour comprendre ce qu'ils signifient en termes de distance. A partir de là, nous examinons si une candidature respecte l’Agenda 2020, ce qui est le cas de la Suisse. Le CIO vérifie également la question du sens d'une candidature pour le pays hôte, notamment en termes de perspectives et de développement durable. Une candidature avec plusieurs cantons et villes a-t-elle du sens pour la Suisse? C'est précisément ce que nous devons évaluer. Les règles n'arrivent qu'au second rang des priorités.

Une idée consisterait à organiser les Jeux plus tôt dans l'année, dès janvier, en raison de l'afflux touristique en février. Le CIO est-il ouvert à cette réflexion?
Nous sommes ouverts à la discussion sur n’importe quel sujet et n’importe quelle idée. C'est pourquoi il existe un espace de dialogue continu. Si le sport international manifeste la volonté d’explorer d’autres dates pour les jeux, nous en parlerons, bien entendu. En fin de compte, notre décision de dire oui ou non à un changement de calendrier dépend des raisons invoquées. Ce que je peux dire avec certitude, c'est que les Jeux d'hiver sont en quelque sorte ancrés dans une tradition qui ne concerne pas seulement les Jeux eux-mêmes, mais dans un contexte plus large de programme hivernal. Il existe de nombreux grands événements à des dates traditionnelles et fixes du calendrier sportif. La position actuelle des Jeux d'hiver en février repose sur des certitudes éprouvées. C’est généralement là que se trouvent les meilleures conditions de neige et de lumière. Mais bon, tout peut se discuter! C'est pourquoi nous menons ouvertement ce dialogue avec les candidats potentiels.

La Suisse n'est pas le seul pays intéressé à accueillir les Jeux d'hiver. Quel est le statut de l'éventuelle candidature suédoise pour 2030?
Comme la Suisse, la Suède est engagée avec nous dans un dialogue permanent. Un projet basé sur la candidature 2026 est actuellement en cours d'affinage. Comme la Suisse encore, la Suède s’appuie sur des infrastructures existantes.

Il serait possible d'attribuer simultanément les Jeux de 2030 et 2034, comme le CIO l'a fait avec Paris (2024) et Los Angeles (2028). Mais à quel point Salt Lake City a-t-il déjà pris une option sur 2034?
Soyons clairs: Salt Lake City est prêt à accueillir les Jeux. Il existe des déclarations écrites de soutien de la ville et du gouverneur de l'Utah. Cependant, la préférence de Salt Lake City va à une candidature pour 2034 en raison de la proximité avec les Jeux d'été de Los Angeles en 2028. Quant à une double attribution des Jeux d'hiver, le Comité exécutif du CIO doit décider d'ici à la fin de l'année si elle est justifiée, à partir du rapport de commission.

Est-il vrai que l'objectif du CIO est de permettre à un seul candidat de se profiler et d'établir un dialogue permanent?
Il s'agit d'une question politique que seuls les membres élus du CIO peuvent trancher, et pas nous, la direction. Par conséquent, je ne peux et ne veux pas spéculer sur cette thématique. Notre mission est de présenter à l'Exécutif les meilleurs projets possibles, qui répondent aux attentes de la population des pays candidats, mais aussi aux attentes du mouvement olympique. Ce que je peux vous dire, c'est que nous sommes heureux que le message adressé par la direction en novembre dernier ait été entendu. Du point de vue du CIO, la situation est aujourd'hui bien plus confortable qu'elle ne l'était il y a quelques mois.

La défaite de Sion face à Turin pour les JO 2006 reste douloureuse pour de nombreux citoyens suisses. Un scénario similaire se profile pour le duel qui oppose la Suisse, la Suède et Salt Lake City. Si une telle désillusion devait se reproduire, vous pourriez oublier les Jeux d’hiver en Suisse pendant des décennies. Même le CIO serait perdant!
Je saisis le sens de la question. Notre président Thomas Bach a répété à plusieurs reprises qu'il fallait éviter que quiconque ait le sentiment d'avoir perdu quelque chose. Je pense que la relation entre la population suisse et les Jeux olympiques est très spéciale. Le CIO est basé à Lausanne, il y a une grande symbolique. Cela confère à la Suisse une place très particulière dans le monde du sport, y compris en termes d'impact économique positif. L'importance de ce rôle est reconnue par toutes les fédérations sportives.

Revenons à Sion 2006!
Ce qui s’est passé à l’époque entre Sion et Turin n’est qu’un aspect de la situation. Depuis cette décision, d'autres tentatives de candidature ont eu lieu, mais là encore, le rejet populaire a été décisif. C'est un souvenir très douloureux aussi, y compris pour moi à titre personnel. En Suisse, je ne dirais pas que nous marchons sur des oeufs. Mais le résultat d’une candidature renouvelée doit produire une situation gagnant-gagnant. Le CIO a appris des votes perdus, les organisateurs en Suisse en ont tiré des enseignements, tout le monde en a retenu les leçons. Le CIO a depuis développé une autre approche des Jeux. C'était notre message à l'époque et nous ne nous contentons pas de parler, nous agissons.

Les finances sont toujours un sujet sensible. Comment se calcule concrètement la contribution du CIO aux coûts d’organisation des Jeux?
Je vais l'expliquer le plus simplement possible. Le CIO génère des revenus dans trois domaines: les droits de parrainage, les droits TV et les droits médias. Cet argent est réparti au sein du Mouvement olympique entre le CIO, le nomité d'organisation des Jeux, les fédérations sportives internationales et les comités nationaux olympiques. Le CIO conserve 10% de ces revenus, le reste étant reversé au Mouvement olympique. Les Jeux sont cofinancés par le CIO de trois manières différentes. Il existe une contribution aux droits médiatiques. Puis une contribution de parrainage, qui est versée en partie en espèces et en partie sous forme de services. A titre d'exemple, Omega prend en charge les coûts du chronométrage, ce qui entraîne une réduction des coûts pour l'organisateur. Et très important: nous payons la production TV des Jeux. Il s'agit donc d'une contribution en nature de la part du CIO.

A cyclist rides past the Olympic House, headquarters of the International Olympic Committee (IOC) at the opening of the executive board meeting of the International Olympic Committee (IOC), at the Oly ...
Le siège du CIO à Lausanne.Keystone

Pouvez-vous traduire tout cela en chiffres?
Notre contribution représente quelque 1 milliard de francs pour les Jeux d'hiver. Nous n'avons pas encore signé tous les contrats pour Cortina 2026, mais selon les chiffres actuels, il faut compter environ 950 millions. Pour Paris 2024, c'est 1,7 milliard, pour Los Angeles, 1,8 milliard. De plus, le pays organisateur dispose de deux sources de revenus supplémentaires: le parrainage national qui comprend tout, du sponsoring traditionnel au marchandising et à l'hospitalité. Puis les revenus tirés de la billetterie. C’est ainsi que se compose le résultat global dans la colonne des revenus.

Dans quelle mesure le montant est-il négociable?
Il ne l'est pas beaucoup, car tout ce que nous gagnons grâce aux Jeux, nous le reversons au mouvement sportif. Si nous réalisons davantage de bénéfices, nous redistribuons davantage d'argent. Si nous réalisons moins de bénéfices, nous nous engageons néanmoins à reverser le montant convenu contractuellement avec l'organisateur. La marge de manœuvre est donc très réduite.

Pourquoi le CIO n'offre-t-il pas une garantie de déficit?
Tout d’abord, le message le plus important est que le budget des Jeux olympiques soit à l'équilibre. Et si nous pouvons réduire les coûts, nous le ferons. Mais nous ne pouvons pas garantir un déficit pour deux raisons. Premièrement, l’argent récolté est intégralement restitué au reste de la famille olympique. C’est comme ça que le sport dans son ensemble survit. Chaque petit comité national olympique, chaque fédération sportive, dépend de cet argent. Deuxièmement, nous ne pouvons pas assumer la responsabilité des actes des autres. Nous ne pouvons pas donner de garantie de déficit pour les contrats conclus par le comité d'organisation local. Nous n'assumons aucune responsabilité pour le salaire du directeur de ce comité ni pour la construction des infrastructures temporaires. Mais notre engagement est le suivant: si le CIO gagne plus d'argent grâce aux Jeux parce que nous travaillons bien, cela signifie également plus de subventions pour le comité d'organisation. A Paris, ils obtiendront 1,7 milliard au lieu des 1,6 initialement escomptés.

Donc aucune chance d’obtenir une garantie de déficit?
C'est la première fois que j'entends parler d'une éventuelle demande de garantie du déficit de la part des médias. Tout le monde peut avoir une opinion à ce sujet. Mais cela bouleverse le concept existant, éprouvé et équitable. Et puis, il y a tous les autres coûts, les investissements dans des projets à long terme pour une communauté. Si Paris veut améliorer la qualité de l'eau dans la Seine à tel point qu'il soit possible de s'y baigner chaque été, alors ce projet est lié aux Jeux olympiques. Mais on ne peut pas l'inscrire de cette façon dans le prix des Jeux olympiques.

Qu’en est-il des coûts de sécurité exorbitants d’un tel événement?
Oui, la sécurité doit être garantie par les autorités du pays hôte. Mais il ne faut jamais oublier une chose: si Paris dépense 4,3 milliards en frais de fonctionnement, l'activité économique est estimée à 7 ou 8 milliards. Et ces 8 milliards générés par les Jeux entraînent des recettes fiscales. Si je calcule généreusement, cela représente environ 3,2 milliards de recettes fiscales pour la France grâce aux jeux. Ce montant permet de couvrir les coûts du secteur public. Il ne faut donc pas réduire l’aspect économique à l’argent du CIO.

Les Jeux olympiques de Tokyo, en images
1 / 28
Les Jeux olympiques de Tokyo, en images
Les feux d'artifice au-dessus du stade olympique, lors de la cérémonie d'ouverture le 23 juillet.
source: keystone / keystone
partager sur Facebookpartager sur X
Bouffe, lit en carton, vue, le village olympique, c'est pas si pire
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Zurich domine Lausanne et devient champion de Suisse de hockey
Le LHC n'a pas pu fêter le premier titre de son histoire. Les Vaudois se sont inclinés 2-0 mardi soir à Zurich lors du 7e match de la finale des play-off de National League.

Une rencontre à sens unique et un dixième titre pour les Zurichois. Malgré toute la meilleure volonté du monde, un LHC inoffensif est tombé sur plus fort que lui. Dès la 2e minute et un lancer d'Andrighetto, les Zurichois ont donné le ton et continué sur le rythme du dernier tiers de samedi à Malley.

L’article