L'entraîneur du FC Aarau, Alex Frei, s'est fait l'auteur mardi d'un doigt d'honneur en direction du public de Baden. Son geste, après la victoire de son équipe lors du derby, est incompréhensible, gênant, voire même stupide.
Il est incompréhensible, car Frei évolue dans l'univers du football professionnel depuis un quart de siècle. Des stades plus grands et des supporters adverses plus chauds, il en a vu. Il a également connu des insultes plus graves que celles reçues au stade de l'Esp à Baden. Nous aurions pu nous attendre à ce qu'il gère mieux les provocations.
Il est gênant, car Frei s'est laissé emporter par quelque chose que nous préférerions ne pas voir, surtout de la part d'un adulte, qui plus est entraîneur de football. Et donc d'une personne médiatisée, un exemple pour beaucoup. Son geste est embarrassant, même s'il y a eu des «insultes et provocations persistantes» de la part des spectateurs, comme l'a écrit le FC Aarau dans un bref communiqué quelques heures après le début de l'affaire.
Il est stupide, car désormais, les gens vont penser qu'il n'a pas changé par rapport à cette période de sa vie où il était un joueur de football professionnel. Alex Frei n'a pas toujours fait l'unanimité auprès des supporters de la Nati, surtout après l'affaire du crachat, lorsque sa salive avait trouvé le cou du meneur de jeu anglais Steven Gerrard, à l'Euro 2004.
Mais l'indignation qui se répand aujourd'hui sur les forums de discussion, autour des tables ou même en bord de terrain est toute aussi incompréhensible, gênante, voire même stupide.
Le lien avec l'affaire d'Etat du crachat a vite été établi. Problème, on ne compare pas des pommes avec des oranges. Cracher sur quelqu'un constitue un immense manque de respect. Faire un doigt d'honneur est indécent, mais ne porte pas atteinte à l'intégrité de l'autre.
Le majeur levé de Frei à Baden est un dérapage, pas un scandale. Pour une fois, ne faisons pas d'une mouche un éléphant. N'ajoutons pas une nouvelle affaire d'Etat sur les épaules d'Alex Frei.
Il y a 20 ans, le joueur avait d'abord nié avoir craché, ce qui n'avait fait qu'empirer les choses. Cette fois, il a immédiatement présenté ses excuses «en bonne et due forme».
Ce «mea culpa» doit suffire à notre société constamment indignée.
Adaptation en français: Romuald Cachod.