A l'étranger, on entend régulièrement le stéréotype sur notre pays qu'il est calme et paisible, qu'il ne s'y passe jamais rien de truculent. Tous ceux qui pensent ça ne connaissent pas bien le football helvétique.
Notre championnat n'est pas le plus flamboyant de la planète, mais il produit parfois des scènes croustillantes. Et notamment des gros moments de tension. Les protagonistes finissent parfois par craquer en dégourdissant les phalanges de leur majeur. Dernier cas en date: celui d'Alex Frei. Le geste de l'entraîneur d'Aarau était destiné au public du FC Baden mardi après le derby argovien de Challenge League.
Une enquête a été ouverte contre l'ex-attaquant de la Nati, qui a présenté ses excuses. Le top 6 des doigts d'honneur du foot suisse👇
Le fantasque attaquant italien n'a pas brillé par son football durant son court passage dans notre championnat la saison dernière avec le maillot du FC Sion, mais il a malgré tout beaucoup fait parler de lui. La faute à ses nombreuses frasques sur et surtout hors du terrain. Parmi elles, le doigt d'honneur qu''il a adressé au kop du FC Bâle, qui le provoquait, lors d'un match de Super League le 5 novembre 2022.
Sur le moment, le geste du Transalpin n'avait pas été repéré par l'arbitre et ses collègues, ne lui valant ainsi aucune sanction. Mais les caméras de blue Sport avaient capté la scène, et Balotelli a écopé finalement de deux matchs de suspension. Juste après cet incident, il avait publié une story Instagram dans laquelle il insultait la Swiss Football League en la traitant de «mafia», reprochant aux officiels de ne pas sanctionner les fautes sur sa personne et d'avoir expulsé injustement un coéquipier.
L'ex-sélectionneur de la Nati Ottmar Hitzfeld (2008-2014) a laissé le souvenir d'un homme élégant. Par son habillement lors des matchs, soigné, mais aussi par son comportement courtois. Et pourtant, lui aussi s'est emporté lors d'une soirée d'octobre 2012. Alors que la Suisse n'arrive pas à faire mieux qu'un nul 1-1 à Berne contre la modeste Norvège, en qualifs pour le Mondial 2014, le coach allemand – frustré – adresse deux doigts d'honneur à l'arbitre, l'Espagnol David Fernandez Borbalan. Un à la mi-temps et un à la fin du match.
Ils sont suffisamment discrets pour que l'homme en noir ne les remarque pas sur le moment. Mais des images publiées après la partie trahissent Hitzfeld, à qui la FIFA inflige deux matchs de suspension. C'est son adjoint, Michel Pont, qui endossera le costume de sélectionneur intérim. L'Allemand présentera ses excuses quelques jours plus tard, sans toutefois avouer que son geste visait l'arbitre. Son explication est boîteuse:
Au final, cet incident n'aura pas de conséquences pour la Nati (si ce n'est pour son image): elle se qualifiera pour le Mondial au Brésil et réalisera un beau parcours, avec une cruelle élimination contre l'Argentine en 8e de finale.
Ottmar Hitzfeld avait déjà déplié son majeur à l'arbitre de Suisse-Chili au Mondial 2010, pour signifier son désaccord quant à l'expulsion de Valon Behrami.
Pour diriger correctement une rencontre, un arbitre doit être capable de maîtriser ses émotions. Voilà pour la théorie. Mais c'est plus difficile en pratique, tout simplement parce que les directeurs de jeu sont humains. Et craquer arrive même aux meilleurs. C'est le cas de Massimo Busacca ce 19 septembre 2009. Alors qu'il arbitre un 1er tour de Coupe de Suisse entre Baden et Young Boys (1-3), le Tessinois perd ses nerfs sous les insultes des fans bernois placés juste derrière le goal. Il adresse alors à ceux-ci un doigt d'honneur.
Un craquage étonnant, quand on sait que Monsieur Busacca a arbitré la finale de la Ligue des champions entre Barcelone et Manchester United quatre mois plus tôt et qu'il a déjà sifflé en Coupe du monde. Mais voilà, le petit Esp Stadion de Baden (AG) et ses spectateurs très proches du terrain rendent les insultes de ces derniers audibles pour les arbitres, contrairement aux grandes enceintes. De quoi être un peu perturbé.
Comme Balotelli et Hitzfeld, Busacca n'est pas grillé sur le moment. C'est un article du SonntagsBlick le lendemain du match qui révèle ce geste peu élégant. Le natif de Bellinzone écope de trois matchs de suspension par l'Association suisse de football (ASF) et présente ses excuses, en concédant notamment:
Ce 3 avril 2022, le Lausanne-Sport fesse Servette dans le derby lémanique (4-1) à la Tuilière. Une première victoire après 133 jours d'attente qui redonne un peu d'espoir aux Vaudois dans leur lutte contre la relégation. Le gardien du LS, Mory Diaw, gère mal sa joie: au lieu d'aller fêter ce beau succès avec ses coéquipiers et les fans, il décide d'abord de lever son majeur en direction du parcage servettien. Le gant autour de sa main au moment du geste n'adoucit en rien la vulgarité de celui-ci.
L'arbitre a déjà tourné les talons, mais les caméras et les appareils photo autour du terrain immortalisent l'instant. Après avoir vu ces images, la Swiss Football League (SFL) inflige deux matchs de suspension au portier français.
Un nouvel épisode peu glorieux dans une saison à oublier pour le LS, qui sera relégué quelques semaines plus tard en Challenge League.
C'est certain, la célébration de but d'Alex Schalk lors du Sion - Servette (1-1) du 26 octobre 2019 n'apparaîtra jamais dans le jeu FIFA. Alors qu'il vient d'ouvrir le score pour les Genevois à la 34e minute après un exploit personnel, l'attaquant néerlandais fête sa réussite en sprintant devant le Gradin Nord, fief des ultras sédunois, tout en adressant à ceux-ci un doigt d'honneur.
Comme Balotelli, Hitzfeld, Busacca et Diaw, le Servettien ne se fait pas «pécho» sur le moment, mais n'échappera pas à la vigilance de la Swiss Football League après ce derby du Rhône. Le tarif? Deux matchs de suspension. Et l'assurance de ne pas s'être fait que des amis en Valais.
C'est le doigt d'honneur le plus vieux de cette liste, et aussi celui qui a eu les plus lourdes conséquences pour son auteur. La saison 2005-2006 de Neuchâtel Xamax vire rapidement au cauchemar. Le public neuchâtelois – exilé à la Charrière de La Chaux-de-Fonds pendant les travaux de la Maladière – est frustré par les mauvais résultats et une partie des fans trouvent un bouc-émissaire: le défenseur franco-marocain Mounir Soufiani. Sifflé et malmené par ses propres supporters, le Xamaxien craque et leur tend son majeur. Erreur fatale.
Quelques jours plus tard, le 15 septembre 2005, Soufiani est viré par le club rouge et noir. Ironie du sort: le défenseur retrouvera de l'embauche à Schaffhouse, qui sauvera sa peau en Super League juste devant Xamax grâce à une meilleure différence de buts. Les Neuchâtelois, eux, seront relégués après le barrage perdu contre le FC Sion.