Quand l'UEFA a annoncé la création de la Conference League, j'étais pour le moins sceptique. Je voyais, dans cette compétition du troisième échelon, la résurrection de la très peu regrettée Coupe Intertoto (1967-2008). Créée avant tout pour que les parieurs ne s'ennuient pas trop l'été, celle-ci opposait durant l'intersaison des clubs de seconde zone, la plupart du temps dans des stades vides et avec une motivation très relative des équipes.
Même le nom de cette nouvelle venue – UEFA Europa Conference League –, très proche de celui de sa grande sœur du niveau supérieur (Europa League), laissait craindre une compétition annexe, sans intérêt.
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— UEFA Europa Conference League (@europacnfleague) February 12, 2024
Mais mon incrédulité a rapidement disparu grâce, d'abord, au joli parcours du FC Bâle lors de la première édition (2021-2022). Les Rhénans avaient atteint les 8e de finale, où ils ont été éliminés par l'Olympique de Marseille. J'ai eu la chance – le mot est bien choisi – d'assister au match retour au Parc Saint-Jacques.
Malgré l'absence de parcage visiteur pour des raisons de sécurité, l'atmosphère – 22'000 spectateurs s'enflammant sur chaque action et un magnifique tifo des ultras bâlois – n'avait rien à envier à certaines rencontres de Ligue des champions.
Rebelote l'année suivante. Le duel de play-offs entre les Rhénans et les Turcs de Trabzonspor s'est disputé dans une ambiance incandescente. On a aussi en tête d'autres images du Parc Saint-Jacques en fusion lors du quart de finale face à Nice ou la demie contre la Fiorentina, qui nous rappelaient beaucoup l'épopée des Bâlois en Europa League en 2013 (élimination en demi-finale contre Chelsea).
L'engouement pour cette Conference League n'est pas près de retomber en Suisse: comme lors des trois matchs d'Europa League cet automne, le Stade de Genève devrait faire bonne figure jeudi à 21h00 (contacté, le Servette FC ne nous a pas transmis, avant l'heure de publication de cet article, le nombre de billets vendus) pour ce match aller du barrage contre les Bulgares de Ludogorets. Et ce même si, sans manquer de respect à ces derniers, ils ne sont pas l'adversaire le plus sexy de la compétition.
Et justement, en parlant d'adversaires, la Conference League permet aux équipes suisses de progresser en se frottant à certains cadors du continent. Servette a donc affronté la Roma en Europa League (lauréat de la première édition de la Conference League), mais il reste encore de sacrés opposants potentiels (Aston Villa, Fenerbahçe, Lille, Ajax, Francfort ou Bétis Séville). De quoi vivre encore de beaux moments sur la scène continentale. On se souvient aussi que cet automne, Lugano, malgré son élimination en phase de poules, est allé battre le Besiktas à Istanbul (3-2).
En regardant le plateau de cette Conference League, on constate qu'il n'est pas moins alléchant que celui de l'Europa League.
Autre réjouissance: dès l'année prochaine, la compétition prendra un autre nom officiel, l'«UEFA Conference League». Sans l'«Europa», donc. De quoi éviter de nous mélanger les pinceaux et, surtout, renforcer l'identité de cette compétition, qui le mérite.