Lorsqu'il entraînait le FC Bâle, Murat Yakin s'était forgé la réputation peu glorieuse de «champion des matchs nuls». Après le décevant 1-1 contre Israël mercredi soir, le bilan du sélectionneur suisse sur les cinq derniers matchs est le suivant: une victoire contre Andorre et quatre matchs nuls (contre la Roumanie, le Kosovo, la Biélorussie et maintenant Israël). Dans ce groupe, le plus faible de tous les groupes de qualification, la Nati aurait déjà dû valider son billet pour l'Euro 2024 depuis longtemps.
Le simple fait que la Suisse tremble encore pour se qualifier a fait perdre à Murat Yakin tout crédit auprès des fans suisses.
Et même au sein de l'équipe, l'homme de 49 ans ne semble plus intouchable depuis longtemps. Granit Xhaka a récemment critiqué publiquement son entraîneur, Manuel Akanji ne l'a pas non plus soutenu, et même si Yann Sommer souligne que l'ambiance au sein de l'équipe est bonne, il existe un risque réel que Yakin ait perdu la confiance de son vestiaire. Une situation qui, pour n'importe quel entraîneur, marque le début de la fin.
Le sélectionneur de la Nati s'est lui-même mis dans une position de vulnérabilité. Par ses nominations curieuses (Edimilson Fernandes est son seul arrière droit et sera suspendu contre le Kosovo); par ses déclarations décalées («contre de telles équipes, nous ne devons pas nous préparer défensivement»); et par ses remplacements parfois incompréhensibles (contre Israël, le puissant Noah Okafor a été remplacé prématurément par un pâle Andi Zeqiri).
Avec toutes ces erreurs, associées aux mauvais résultats, Murat Yakin est en fait devenu depuis longtemps illégitime en tant que sélectionneur de l'équipe nationale suisse. Mais la Fédération se trouve face à un dilemme: le prochain rendez-vous capital contre le Kosovo est déjà prévu samedi, puis arrive le dernier match de qualification contre la Roumanie mardi. Avant des échéances aussi importantes, l'ASF ne prendra pas le risque de licencier l'entraîneur. Et si Yakin parvient finalement à se qualifier pour l'Euro (remplissant ainsi la mission fixée par ses supérieurs), le directeur de l'équipe nationale Pierluigi Tami lui accordera à nouveau un sursis. Ce serait une erreur.
On peut encore disputer les deux derniers matchs avec Yakin. S'il ne qualifie pas la Nati, la séparation sera de toute façon inévitable. Mais même si la Suisse se qualifie pour l'Euro en Allemagne, la Fédération devrait se séparer du sélectionneur et de celui qui l'a choisi, c'est-à-dire Pierluigi Tami.
Le nouveau sélectionneur – qu'il s'agisse d'Urs Fischer ou non – aurait alors six mois pour préparer la Nati à l'Euro. Murat Yakin, lui, a suffisamment prouvé qu'il n'était plus l'homme de la situation.