Le slalom géant féminin des Championnats du monde de Méribel et celui des messieurs à Courchevel, avec ce splendide doublé suisse, ont présenté une innovation graphique pour les téléspectateurs. Grâce à un transpondeur greffé sur l'arrière de la chaussure de ski, les temps intermédiaires n'ont plus trois temps fixes chronométrés, mais désormais un suivi sur la totalité de la manche. Cette nouveauté permet d'observer le retard ou l'avance des skieuses et des skieurs d'une porte à l'autre.
Dans le fond, l'idée est très intéressante et modernise l'image du ski alpin. On peut même parler de révolution (numérique du moins) pour un sport qui cherche à rajeunir une image vieillissante. Lorsqu'elle fonctionne – et c'est généralement le cas –, on voit instantanément dans quel virage l'athlète fait la différence ou perd le contact avec le temps référence. Et pourtant, lors de sa première, le nouveau graphique a comme entravé le plaisir de regarder une course de ski.
C'était notamment le cas dans la rédaction de watson, où les remarques ont fusé. Celle-ci, par exemple: «On a le regard attiré par ces chiffres et on ne regarde plus la course». Tout le monde ne regardait plus que l'évolution des temps et oubliait de regarder l'aspect principal: le skieur. L'illustration des temps détourne l'attention, comme des sous-titres lorsque vous regardez un film.
Dans la peau du téléspectateur, un point est encore plus important: le temps intermédiaire qui défile en permanence enlève tout suspense à la course. Or, l'un des ingrédients qui permet de garder un réel suspense lors d'une course de ski, c'est justement de vibrer d'un temps intermédiaire à l'autre sans savoir si Odermatt ou Meillard sont à la rue ou en passe de prendre la tête.
Les nouveautés présentées lors de ces Mondiaux en Tarentaise révèle un désir de la Fédération internationale de ski (FIS) de donner une nouvelle impulsion aux retransmissions télévisées. Après les drones et ces images immersives, le ski souhaite innover comme le fait le monde de la F1, par exemple.
Cette technologie des temps intermédiaires en continu n'est, cependant, de loin pas inutile. Pour l'analyse des courses ou entre deux manches, ces données sont intéressantes. Mais sur l'image en direct, pour le téléspectateur, elles enlèvent une grande partie de la magie des courses de ski.
Adaptation en français: Sven Papaux