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Tennis: que nous vaut cet intérêt soudain pour les juges de ligne?

A Wimbledon, des juges de lignes transformés en robots.
A Wimbledon, des juges de lignes transformés en robots.
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Que nous vaut cet intérêt soudain pour les juges de ligne?

Dans le tennis masculin, les juges de ligne seront remplacés par l'arbitrage électronique en 2025. Ils sont nombreux à pleurer leur disparition. Ils étaient beaucoup moins nombreux à remarquer leur présence.
12.05.2023, 06:3712.05.2023, 07:49
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Donc, ils vont disparaitre et tout le monde pleure... Le tennis est orphelin. Le tennis est profané dans ses traditions les plus profondes. Le tennis ne sera plus jamais le même. RIP juge de ligne, gémissent des cohortes de puristes.

En quelques mots d'un communiqué qui rend hommage au passé (tout en chantant les louanges de la modernité), l'ATP annonce l'introduction de l'arbitrage électronique à partir de 2025. La tristesse qui accueille cette nouvelle ressemble aux enterrements, aux collations post-funèbres où de vagues connaissances du défunt noient dans le chasselas un chagrin qui sait très bien nager.

Avant le communiqué de l'ATP, les juges de lignes étaient ignorés souverainement. Ils étaient ces laquais endimanchés qui commencent à nous agacer quand ils crient trop fort ou regardent de travers. Ils étaient ces plantons auxquels on jette un oeil distrait quand ils reçoivent une balle en plein coeur ou quand ils s'évanouissaient sous le cagnard. Qui nous arrachent un petit rire sadique quand ils se font gronder. Qui sont des collabos ou des pinailleurs quand ils signalent une faute de pied.

«Si je le pouvais, je prendrais cette balle, je te l'enfoncerais au fond de la gorge et je te tuerais», a promis Serena Williams à une juge de ligne à l'US Open 2018, après une faute de pied.
«Si je le pouvais, je prendrais cette balle, je te l'enfoncerais au fond de la gorge et je te tuerais», a promis Serena Williams à une juge de ligne à l'US Open 2018, après une faute de pied.

Quel bien joli métier... Une heure sans bouger ni causer ni tiquer, sans même un peu d'eau et un morceau de pain, à suivre les atterrissages chaotiques d'une balle supersonique. Une heure sans le droit à l'erreur, sans la moindre communication avec «l'extérieur», pas même un appel du pied ou un grattement de nez, sous la surveillance d'un chef haut perché et des milliers (parfois des millions) de pantouflards vautrés dans leurs certitudes.

Les juges de ligne sont payés comme des smicards, 150 euros par jour et un sandwich à Roland-Garros, et comme à Paléo, les organisateurs ne voudraient pas gâcher leur plaisir en leur offrant un vrai salaire («Ils ne viendraient plus», comme le disait Daniel Rosselat dans une ode au bénévolat). D'ailleurs, c'est tout à fait exact, les juges de ligne étaient contents de leur sort, avant que leur présence ne paraisse encombrante à l'ATP.

L'arbitrage électronique va déshumaniser le tennis, c'est un fait. Mais qu'y a-t-il d'humain à transformer des juges de ligne en robots, mains croisées derrière le dos, postures martiales façon garde royale avec pour seuls gestes autorisés, les seuls, des mouvements de bras mécaniques vers la gauche ou la droite (éventuellement le centre s'il fallait dissiper un doute).

Un métier dangereux.
Un métier dangereux.

C'est la fin des disputes et des esclandres, regrettent les puristes. C'est la fin des noblesses de court et de leurs vils désaccords. Mais en réalité, personne ne parle jamais à un juge de ligne! Les mécontents s'adressent directement à leur supérieur. Et puis, faut-il vraiment fournir aux hystériques et aux goujats de tous (mauvais) poils un souffre-douleur sur lequel passer leurs nerfs, planté là à essuyer des reproches (quand ce ne sont pas des postillons) sans même le droit à un pas de côté, à un hochement de tête? Est-ce cela, l'humanité, jeter un juge de ligne en pâture à la bave des rageux?

Comble de la mauvaise foi: certains reprochent au système électronique son manque de fiabilité et de précision. Les mêmes qui invitaient les juges de ligne à consulter un oculiste. Les mêmes qui répétaient que «les enjeux sont devenus trop importants pour les confier à des amateurs.»

Il faut 250 juges de ligne pour un tournoi du Grand Chelem, 250 personnes entassées dans une pièce quand il pleut et envoyées aux quatre vents le reste du temps. 250... Honnêtement: de tous ceux qui pleurent leur disparition, combien avaient remarqué leur présence?

Preuve de l'attention que nous leur avons portée, il a fallu de longues et fastidieuses recherches pour trouver une photo correcte d'un juge de ligne à Wimbledon, en 20 ans d'archives.

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