Selon les derniers recensements, 263 000 Portugais vivent en Suisse, dont 151 000 dans la partie romande. Il ne faudra pas compter sur eux pour yodler mardi soir. «Je ne connais pas un seul Portugais d'origine qui ne soutiendra pas son équipe: vous ne pouvez pas comprendre... Mais si on perd contre la Suisse, on ne pleurera que d'un oeil», résume joliment André, 37 ans, né à Echallens.
Les personnes de nationalité portugaise représentent 7% de la population romande, auxquels il faut ajouter les citoyens naturalisés et les travailleurs saisonniers. De quoi remplir cinq fois le Stade de Suisse, au moins.
En Suisse romande, les patronymes d'origine portugaise occupent les cinq premières places du recensement de l'Office fédéral de la statistique, loin devant les Favre, Martin et Müller. Selon les chiffres de 2021, les Da Silva (10 220) devancent les Ferreira (7326) et les Pereira (6537). Au total, 17 des 20 noms les plus portés en Suisse romande ont une consonance lusitanienne.
Da Silva est le nom de famille le plus répandu dans les cantons de Vaud, Genève, Fribourg et Neuchâtel, alors que les Fournier conservent leur hégémonie en Valais, tout comme les Fleury dans le Jura. Parmi les communes romandes, Avenches compte 19,7% de ressortissants portugais, sans compter les détenteurs de passeport suisse. A Vernier, le Portugais est la deuxième langue la plus parlée après le français.
Tous fans de foot? Peut-être pas. Mais tous derrière la Seleçao, sans aucun doute. Sachant que 28% de la population suisse revendique un grand intérêt pour l'actualité sportive (47% un intérêt modéré), selon une étude de Swiss Olympic, les fans de la Nati doivent s'attendre à un derby indécis, où tout se jouera sur des détails ils ne seront pas forcément en surnombre.
Car il ne faut pas imaginer, comme le confessait André, que les belles années passées en Suisse suffisent à dissiper ce que la diaspora portugaise appelle la Saudade, «un sentiment de délicieuse nostalgie» envers le pays d'origine, sa terre et ses racines.
Les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique l'indiquent d'une certaine façon: 10 000 Portugais de Suisse sont rentrés au bercail en 2020, pendant la pandémie. Très peu reviennent: le taux d’immigration n'a jamais été aussi bas depuis le début des années 2000. (chd)