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Croatie-Argentine: Messi n'est pas celui que vous croyez

epa10358232 Lionel Messi of Argentina celebrates after scoring his team's second goal during the FIFA World Cup 2022 quarter final soccer match between the Netherlands and Argentina at Lusail Sta ...
Lionel Messi nargue le banc néerlandais après son but sur penalty.Image: EPA

Lionel Messi n'est pas celui que vous croyez

Des millions de téléspectateurs ont découvert une facette moins connue de l'Argentin, vulgaire et agressif, contre les Pays-Bas. Un visage que les footballeurs connaissent mieux.
13.12.2022, 06:2013.12.2022, 08:44
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Contrairement à l'idée romantique que certains s'en font, Lionel Messi n'est pas seulement le petit lutin introverti qui caresse le ballon et le protège jalousement. L'affrontement viril avec les Pays-Bas a révélé une nature profonde que les footeux connaissent bien, mais que les footix ont semblé découvrir avec effroi, jusqu'à la trouver obscène. Un peu comme ces faits divers abominables où l'on apprend qu'un voisin aimable et sans histoire a enterré des cadavres dans le jardin, «le monsieur qui aidait à porter les courses et donnait toujours quelque chose pour le camps de ski des enfants».

On croit connaître les gens. Et puis un jour, on voit Leo Messi avec les yeux d'un fou, les deux mains sur les oreilles, narguant une alignée de Bataves atrabilaires après un but sur penalty. Et puis prendre son courage à une main, cette fois, pour demander à Louis van Gaal de fermer son clapet. Van Gaal, le plus sévère et colossal des entraîneurs du Mondial (👇)

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Et puis dézinguer l'arbitre Mateu Lahoz en le traitant de nullité notoire. Et puis interrompre une interview pour haranguer Wout Weghorst, double buteur et double mètre néerlandais, une gueule à creuser des trous dans le jardin: «Qu'est-ce que tu regardes, abruti? Qu'est-ce que tu regardes? Tire-toi, abruti!», lui a lancé le gentil lutin (👇).

Javier Maschereano, ancien tôlier de l'Argentine, explique dans L'Equipe que Leo Messi est proche «de s'ouvrir les portes de l'éternité» et que chaque pas devient plus lourd. «C'est pourquoi il a un comportement que les gens ne lui voient pas souvent.»

La personnalité supposément fadasse et magnanime du lutin génial n'en est pas moins la plus grande imposture du football moderne (ou n'est-ce seulement qu'un affreux malentendu?). «Messi est quand même beaucoup plus terne que Ronaldo», nous faisait remarquer un lecteur. Terne parce que moins exposé aux projecteurs et aux rayons UV. Humble et discret parce qu'il ne parle pas; «mais il m'a tué d'un seul regard quand je ne lui ai pas fait la passe», notait Achraf Hakimi au PSG. Sobre parce que sa tignasse et sa barbe sont taillées comme une haie de buis. Gentil parce qu'il donne des bons ballons à des coéquipiers qui, parfois, ne font rien pour les mériter. Taiseux parce qu'il serait atteint du syndrome d'Asperger.

Mais sous des postures de rédempteur touché par la grâce, bras en croix pour prendre le ciel à témoin de ses buts salvateurs, Messi cache une personnalité beaucoup plus obscure, relativement tyrannique, consciente de son pouvoir et de la fascination que, insidieusement, elle exerce sur ses «semblables».

epa10358221 Lionel Messi of Argentina reacts after scoring the 2-0 during the FIFA World Cup 2022 quarter final soccer match between the Netherlands and Argentina at Lusail Stadium in Lusail, Qatar, 0 ...
Et encore une langue pour les Néerlandais.Image: EPA

Quand Jorge Sampaoli dirigeait l'Argentine et qu'il souhaitait apporter un changement, il demandait à Messi sa permission, parfois ses recommandations. En Russie, les micros avaient capté ce fameux: «Je fais entrer le Kun? (réd: Agüero) Je sors qui?» Messi ne sera jamais Ronaldo, rictus amers et pectoraux offerts. Il ne voit pas la nécessité de porter sur la place publique des problèmes qu'il peut déposer sur le bureau du président. Pour caricaturer, Messi serait davantage un petit poucave qu'une grande gueule - choisis ton camp, camarade.

«Messi sait que le collectif est important... du moment où on le laisse y faire ce qu’il veut. Ce n’est pas un type frontal, mais quand il a des messages à faire passer, il sait s’y prendre»
Alexandre Juillard, auteur du livre «Le mystère Messi»

Messi est comme tout le monde, avec ses grandes actions et ses menues lâchetés. Il a eu des problèmes avec le fisc, avec ses chefs et quelques collègues. Il a séché l'entraînement sous de fallacieux prétextes (son préféré: la gastro-entérite), surtout quand on ne le faisait pas jouer. Il a humilié le petit Alexis Sanchez, un Chilien un peu trop taquin. «Comment tu as pu coûter autant, vu comme tu es mauvais? Contente-toi de me passer la balle.»

Pep Guardiola, qui avait interdit les sodas, a perdu tout ascendant le jour où, très gentiment, avec un sourire timide, Messi a empoigné une canette de Coca pour la dégoupiller dans le vestiaire. «Il a humilié Pep. Il a sapé son autorité en un seul geste», rapporte Hans Backe, ex-entraîneur du FC Copenhague et du Red Bull New York, très proche de certains joueurs barcelonais de l'époque.

Ceux qui l'ont découvert contre les Pays-Bas peuvent s'en émouvoir, mais c'est à eux, et à eux seuls, qu'ils doivent en vouloir. Comme nous l'enseigne l'histoire de l'humanité in corpore, nul n'est parfait. Ni Roger Federer, surnommé Mr Perfect, qui sermonnait les arbitres les soirs de panade. Ni Leo Messi qui ne s'est jamais revendiqué ni gentil, ni terne. Pas même Michael Jordan qui, cigare au bec, expliquait aux profanes que nous sommes, voués à une destinée plutôt laborieuse et velléitaire: «Aucun athlète ne peut dominer son sport pendant de longues années sans la conviction d'être le meilleur, ni l'orgueil de penser qu'il est né pour cela.»

Le but libérateur de Messi
Video: watson
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