Une idée reçue, très pratique, circule dans tous les vestiaires du monde: la bière est bonne pour la santé des sportifs. Elle est riche en vitamines B6 et B12, contient du magnésium et quelques minéraux, et favoriserait par ces nobles vertus la récupération rapide après l'effort.
Il existe plein d'autres explications croyances plus ou moins convaincantes sur les effets vivifants de la «binche»:
En réalité, l'alcool contenu dans la bière est connu pour déshydrater. Comme tout diurétique, même léger, il assèche les muscles. Très exactement, il contrarie le renouvellement des liquides dans les muscles, un processus urgent après l'effort pour éviter les crampes et les blessures.
Preuve de cette déshydratation: dans une étude citée par le Washington Post, des hommes qui buvaient de la bière après une séance d'entraînement produisaient davantage d'urine que s'ils buvaient de l'eau ou une boisson pour sportifs, au risque de retarder (voire d'affecter) la récupération musculaire.
La recherche suggère également que l'alcool, sans distinction de genre, peut perturber le renforcement et la croissance des muscles après l'effort. Aussi certains chercheurs ont-ils commencé à se demander si en conservant les bienfaits de la bière (lire plus haut) mais en supprimant ses inconvénients (l'alcool), on n'obtiendrait pas une sorte de potion magique. A tout le moins une boisson plus recommandée, voire recommandable.
Mauvaises nouvelles pour ceux qui donnent leur pleine mesure à la troisième-mi temps, la réponse est: oui.
Le résultat de l'étude indique que la bière sans alcool a non seulement des vertus bluffantes, mais qu'elle est même meilleure pour la récupération que la plupart des boissons isotoniques.
Les premiers indices sont issus d'une étude de 2012 portant sur 277 hommes inscrits au marathon de Munich. Les scientifiques ont constitué deux groupes: le premier devait boire deux à trois pintes de bière sans alcool chaque jour pendant les trois semaines qui précédaient la course, puis deux semaines après. Le second a reçu un placebo du même goût en tant que groupe témoin.
Les chercheurs ont prélevé du sang avant et plusieurs fois après la course. Ceux qui avaient fait une cure de bière sans alcool semblaient relativement protégés contre les rhumes et autres infections des voies respiratoires, à raison d'un indice 3,25 fois inférieur à celui du groupe témoin (placebo).
Les buveurs de bière sans alcool ont également montré «des marqueurs d'inflammation plus faibles et une réponse immunitaire généralement améliorée» dans leur sang. «Nous avons attribué ces avantages aux polyphénols de la bière», a expliqué David Nieman, professeur à l'Appalachian State University et co-auteur de l'étude, dans Science.
Les polyphénols sont des produits chimiques naturels présents dans les plantes, ils possèdent souvent des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. La bière sous toutes ses formes présente un taux généralement élevé de polyphénols, mais «l'alcool contenu dans la version originale en compromet les effets bénéfiques», selon l'étude.
Conclusion de l'étude, en résumé: «Après des séances d'exercice longues et intenses, la bière SANS alcool fournit de l'eau, des polyphénols et des glucides», et donc «aide à la récupération métabolique». Avec l'avantage indéniable, en outre, d'être une boisson presque entièrement naturelle, chose rare parmi les mixtures de sportifs - dont certaines arborent des couleurs inquiétantes.
Si les résultats de cette étude ne vous arrangent pas, vous pouvez toujours avancer l'argument massue: des litres de bière sans alcool ne permettront jamais de récupérer d'une déception.