Neuf victoires en dix jours. Son pire résultat est une...deuxième place. Miguel Angel Lopez a tout raflé, tout emporté sur son passage lors de sa boucle nationale: les classements des points, de la montagne et le général. Le Colombien avait faim.
Agé de 29 ans, «Superman» est retourné dans son pays, poussé vers la sortie après des soupçons pesants sur sa relation présumée avec un médecin véreux nommé Dr. Marcus Maynard.
«Le cyclisme professionnel est un crime organisé», disait Floyd Landis. Et Lopez s'est, semble-t-il, retrouvé embrigadé dans un réseau comme le cyclisme en compte tant. Sauf que l'Union cycliste internationale (UCI) ne l'a pas suspendu, fautes d'éléments tangibles. Le Colombien peut donc donner ses coups de pédales assassins et écraser la concurrence loin des bitumes européens.
Licencié par l'équipe Astana en décembre 2022, après un autre limogeage abrupt de la formation Movistar en septembre 2021, outre ses liens obscurs avec les tricheurs, le grimpeur colombien est connu pour son imprévisibilité. Ses coups de sang sur le Giro 2019 (un coup de poing à un spectateur) ou son abandon spectaculaire lors de la Vuelta 2022 (une brouille avec sa direction sportive qui reste à ce jour un moment mythique du cyclisme) lui ont valu un statut de cycliste à problème, un talent certes fracassant, mais un véritable fauteur de trouble.
Fils d'une famille de paysans sans le sou, Lopez est exceptionnel quand il a la tête à l'endroit. Il larguait n'importe quel leader sur les pentes les plus raides. C'est lui-même qui levait les bras au sommet du terrible Col de la Loze lors du Tour de France 2020, qui raflait des étapes de la Vuelta, le général du Tour de Suisse (2016) et du Tour de Catalogne (2019).
Désormais sous les couleurs du Team Medellin - EPM, formation colombienne du niveau continental, soit la troisième division du cyclisme mondial - Miguel Angel Lopez est le mec qui ne se laisse pas abattre. Le «Superman» colombien porte plutôt bien son surnom, qui lui vient d'une altercation avec des voyous, sauvant sa machine malgré un coup de couteau dans la cuisse.
Le furieux Colombien, loin des grands tours et des meilleurs coureurs (et des regards critiques), continue de faire parler la poudre dans les cols, les chronos et même dans les emballages finaux. Le sang chaud et la socquette légère, Lopez se refait la cerise loin du Vieux Continent. En janvier déjà, il remportait la relevée Vuelta San Juan, se jouant des Evenepoel, Higuita, Ganna et Bernal.
Loin des yeux, loin du coeur (du World Tour), sa fiche 2023 est absolument affolante. Sans compter les classements généraux, Miguel Angel Lopez a vingt victoires au compteur. Il est le coureur avec le plus de victoires sur le circuit pro cette année. Comparaison n'est pas raison, mais Tadej Pogacar compile 11 victoires en 2023.
Cette cadence dopée aux toniques et fanatiques nutriments de l'orgueil est en tout point impressionnante. Son départ avec fracas de la formation Astana aurait tendance à infuser cette réussite insolente, qui fait dire aux suiveurs: à quoi rime cette aventure sud-américaine?
Une domination outrageuse et des lauriers à en faire déborder les musettes. Le leader de l'équipe Medellin, qui s'est imposé avec une avance de 6'17'' sur son premier dauphin, a laissé un gouffre, un monde entre lui et les autres cyclistes du plateau - qu'il a fait passer pour des amateurs. Pour dire: le second au général, Rodrigo Contreras, n'est pas une pive; le cycliste de 29 ans a couru sous les couleurs de la formation Astana en Protour durant 3 ans. La troisième division n'est pas assez grande pour le petit (1,64 m) grimpeur colombien. Que font les formations du World Tour? Le mercato est déjà en marche et rapatrier le cycliste colombien serait peut-être une idée alléchante.