La saison de cyclisme sur route s'apprête à débuter, mardi au Tour Down Under. Il ne nous en fallait pas plus pour éplucher les règlements de l'Union cycliste internationale (UCI) – republiés au 1er janvier – afin de déceler ce qui allait changer en 2024.
Contrairement à certaines mises à jour, qui ont parfois fait beaucoup de bruit (on pense à la réglementation concernant la taille des socquettes ou à l'interdiction de la «position Mohoric»), il n'y a pas eu en ce début d'année de modifications écrites faisant vivement réagir la communauté cycliste.
La majorité des révisions repérées concernent surtout le tableau des sanctions. Il y a désormais des amendes plus sévères pour l'utilisation de vêtements non conformes et des retraits en points visant à pénaliser certains comportements en course. Sur le circuit World Tour, un abri derrière le véhicule sera ainsi sanctionné de 15 points. Il en sera de même pour les «rétropoussettes» sur voiture, moto ou coureur, et étant donné l'importance des points UCI, décisifs pour se maintenir ou accéder au World Tour, ces sanctions devraient peser sur la conduite des coureurs.
Néanmoins, une autre mesure, ne figurant pas dans les textes revus au 1er janvier, est sur toutes les lèvres en ce début d'année. Concrètement, l'Union cycliste internationale souhaite réglementer le positionnement des leviers de freins. Car depuis l'interdiction de la position consistant à utiliser les avants-bras comme point d'appui sur le guidon, de plus en plus de coureurs ont orienté leurs cocottes vers le centre du cintre, pour tenter de détourner (un peu) la restriction et réduire la prise au vent. Remco Evenepoel et Tadej Pogacar font partie de ceux qui rentrent légèrement les leurs, mais le cas le plus extrême, celui de Pello Bilbao lors du Tour Down Under 2023, explique certainement cette volonté d'agir de la part de l'UCI.
Selon l'instance mondiale, ce «bricolage maison» pose de vrais problèmes de sécurité. Les freins seraient ainsi plus difficiles à atteindre lorsque le coureur place ses mains «en bas», au creux du cintre. La préhension des cocottes serait également plus laborieuse.
Le fait de tourner les leviers pourrait aussi exercer une pression supplémentaire sur le cintre et provoquer sa défaillance, comme le déclarait Adam Hansen, président du CPA, à Cycling News. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le syndicat des coureurs soutient le choix de l'UCI, après avoir consulté de nombreux professionnels.
Le Néo-Zélandais George Bennett fait partie des craintifs. «Ce qui me dérange, c'est que lorsque tout le monde s'arrête en urgence, ils ne peuvent pas utiliser leurs freins», regrettait-il lorsque Cycling Weekly l'interrogeait à ce sujet.
Si les saisons précédentes, les coureurs n'étaient pas véritablement en tort, l'UCI considère aujourd'hui, via un communiqué, que cette inclinaison «constitue une modification du produit au-delà de son utilisation prévue». Elle va donc travailler avec les accessoiristes pour établir un règlement clair en vue de la saison 2025.
En attendant 2025, «le positionnement sera limité» cette année, assure l'Union cycliste internationale. Et les premiers contrôles n'ont pas tardé à apparaître - ils ont même eu lieu dès la première course du calendrier, en marge du Tour Down Under féminin. Les commissaires sont désormais équipés d'un gabarit qui, selon Cycling Weekly, aurait été conçu via une imprimante 3D. D'après le magazine britannique, il serait actuellement calibré pour permettre une orientation allant jusqu'à 10°.
#Matos 🚲 / L’UCI réalise ses premiers contrôles des cocottes. pic.twitter.com/6JLebbXwqK
— Renaud Breban (@RenaudB31) January 12, 2024
Le caractère «amateur» de cet outil, conçu à la va-vite pour le début de la saison, a fait sourire de nombreux observateurs. Mais Adam Hansen en est convaincu, ce que veut faire l'UCI avec les cocottes, «ce n'est pas juste une autre règle stupide», comme il y en a parfois eu par le passé.
Cela ne fait aucun doute: nous devrions entendre parler des leviers de freins encore longtemps cette saison. Du moins, jusqu'à ce que le règlement soit défini et que les inclinaisons maximales soient clairement établies.