C'est la nuit des étoiles, celle où l'on célèbre les vainqueurs. Avec en point d'orgue, les récompenses décernées au sportif et à la sportive suisse de l'année. Comme toujours, la SRG SSR a déployé les grands moyens dimanche pour mettre en scène les meilleurs athlètes du pays. La cérémonie a duré près de trois heures, suffisant donc pour accorder une place importante à tous les champions helvétiques qui ont brillé ces derniers mois.
Mais 2023 n'est pas une année comme les autres. Elle n'a pas été faite que de joie. C'est celle de l'accident mortel de Gino Mäder, grand espoir du cyclisme suisse. Mi-juin, il chutait lourdement sur le tour national dans la descente du col de l'Albula. D'abord réanimé, il succombait à ses blessures à l'hôpital de Coire. Il n'avait que 26 ans.
Ça ne vous a peut-être pas échappé, la mort tragique de Gino Mäder a été occultée des Sports Awards. Pourquoi? Lors d'une rétrospective annuelle, ne faut-il souhaiter que du bonheur, de l'excitation et de la gaieté? Comme si le sport n'écrivait que des histoires heureuses. Une conception assez douteuse.
Contactés par CH Media, le groupe auquel appartient watson, plusieurs responsables de la SRF n'ont pas souhaité s'exprimer. Interrogée lundi, Susan Schwaller, rédactrice en chef des sports à la SRF, explique que «les responsables de l'émission sont arrivés à la conclusion que le format des Sports Awards n'offrait pas le cadre adéquat pour évoquer la mort de Gino Mäder». La SRF renvoie vers d'autres formats, où le décès du coureur a sa place.
Peu avant les Sports Awards, se tenait la Swiss Cycling Night, à Zurich. Lors de son gala annuel, la fédération suisse de cyclisme a, elle, rendu hommage à son coureur. Il n'y a pas eu de longs discours, mais une vidéo, remplie d'émotions. On y voyait d'anciens équipiers se souvenir de Gino Mäder, raconter des anecdotes. Il y avait aussi des images de Gino, souriant, à l'âge de la majorité. C'était une manière sensible de lui rendre hommage, de lui adresser un dernier au revoir.
La SRG SSR devait-elle faire de même? Pas forcément. En revanche, elle ne pouvait pas balayer d'un revers de main le décès de Gino Mäder.
La question est aussi de savoir si les Sports Awards tiennent le bon concept. La cérémonie tire en longueur et vu la densité des personnalités sportives, on ne retient que très peu de choses. Les entretiens menés par Rainer Maria Salzgeber et Fabienne Gyr ne vont pas en profondeur, et les problèmes de connexion avec les athlètes n'ayant pas pu se rendre dans les studios alémaniques viennent compliquer les choses.
Les nombreux intermèdes partent d'une bonne intention, mais ne sont rien de plus qu'une plaisanterie. Enfin, la tentative de dévoiler les nommés à l'aide de l'intelligence artificielle a lamentablement échoué. Plus d'un sportif s'est demandé pourquoi il était représenté ainsi. «Tout est faux», a d'ailleurs commenté Lara Gut-Behrami.
Au final, beaucoup de temps perdu, pour peu de choses apprises, et ce n'est malheureusement pas la première fois. Il y avait tellement mieux à faire, surtout pour Gino.
Adaptation en français: Romuald Cachod.