Ils bravent le vent et la pluie, surmontent la chaleur et l'épuisement pour réussir quelque chose qui semble inimaginable au commun des mortels: effectuer environ 4000 kilomètres à la force des mollets (et du mental aussi). Si le résultat compte, les cyclistes engagés sur la Transcontinental Race se battent avant tout contre la douleur. Le vainqueur, Christophe Strasser, a bataillé 8 jours, 16 heures et 30 minutes pour conclure son périple - il s'agit de sa deuxième victoire consécutive.
Organisée depuis 2013, elle est ce que l'on appelle une Ultra-Race - l'une de ces courses qui, en raison de la longue distance ou du degré de difficulté élevé, ne s'adresse qu'à une petite catégorie de cyclistes. Le 24 juillet dernier, 241 coureurs se sont élancés dans ce traversée européenne d'un autre genre.
La Transcontinental Race ne comporte qu'une seule - et grande - étape. Les participants planifient tout eux-mêmes de A à Z, de l'itinéraire au repas en passant par le choix du vélo et des lieux de couchage. Les seuls points fixes sont les checkpoints obligatoires pour les participants, qui se trouvent éparpillés tout le long du parcours.
Tous les coureurs sont équipés d'un tracker GPS, ce qui permet de suivre leur parcours à tout moment, car il n'y a pas d'images télévisées. Pour les fans - appelés «Dot-Watcher» - la position actuelle de chaque coureur est visible sur une carte numérique englobant le parcours. Une fois en route, c'est aux participants eux-mêmes de décider ce qu'ils souhaitent partager avec leur entourage. Certains, comme le vainqueur de cette année Christoph Strasser, donnent des informations sur leur voyage via les réseaux sociaux:
Comme déjà expliqué, il n'y a pas d'itinéraire prédéfini lors de la Transcontinental Race. Les seuls points fixes sont le départ et l'arrivée, ainsi que les checkpoints entre les deux.
Dans l'édition 2023, les coureurs sont partis de Geraardsbergen en Belgique, ont passé le col du Splügen ainsi que trois autres checkpoints en Slovénie, en Albanie et en Grèce, pour finalement franchir la ligne d'arrivée également en Grèce - plus précisément à Thessalonique.
Ce qui se passe entre ces points est convenu par les participants eux-mêmes. Le deuxième du classement, Robin Gemperle, a parcouru 704 kilomètres au cours des 25 premières heures, de la Belgique au lac des Quatre-Cantons. Il ne s'est accordé que trois pauses de cinq minutes.
L'objectif est bien sûr de parcourir la distance le plus rapidement possible. Il n'est donc pas étonnant que les participants sacrifient leurs huit heures de sommeil réparateur. Ces amoureux de l'endurance sont constamment à la recherche du bon équilibre.
Avant la course, Gemperle a confié à l'Aargauer Zeitung qu'il espérait dormir environ quatre heures et demie par nuit. C'est certes beaucoup pour une telle course - d'autres ne dorment que deux heures par nuit - mais pour lui, c'est la bonne moyenne.
Les deux dernières courses transcontinentales ont été remportées par l'Autrichien Christoph Strasser. L'homme de 41 ans est un crack dans la discipline. Il a remporté six fois la prestigieuse course ultra Race Across America.
Les femmes et les hommes sont classés dans une seule et même catégorie lors de la Transcontinental Race. En 2019, l'Allemande Fiona Kolbinger avait franchi la ligne d'arrivée avec plus de 10h d'avance, s'imposant face à tous ses collègues masculins.
Ces courses typées Ultra-Race font des dégâts sur les organismes. En 2022, sur 241 coureurs, seuls 88 ont réussi à figurer au classement final, tandis que 153 personnes ont soit dépassé la limite de temps fixée à deux semaines, soit ont abandonné. Les raisons d'un abandon sont par exemple des défaillances techniques du vélo, des blessures et bien sûr la fatigue.
Robin Gemperle, le concurrent suisse, a franchi la ligne d'arrivée en deuxième position (en 8 jours, 22 heures et 47 minutes) et sans avoir rencontré de problèmes majeurs. Lors de sa première participation, l'ultra-biker avait connu des fortunes diverses: peau endolorie à l'arrière, pas de pantalon de rechange, une morsure de chien en Roumanie et un épuisement complet. Grâce à l'expérience acquise lors de sa première participation, Gemperle était mieux préparé pour affronter ce défi XXL cette année.
Lors de la Transcontinental Race en 2022, les «Dot-Watcher» se sont frotté les yeux avec étonnement lorsque le néophyte Robin Gemperle a atteint le premier checkpoint à la troisième place. Pour beaucoup, il était inconnu. Mais depuis cette course, qu'il a finalement terminée à la 7e place, il n'est plus un inconnu dans la sphère de l'ultra-cyclisme. Même la légende Christoph Strasser compte Gemperle parmi les «grands».
Bien que le jeune homme de 27 ans pédale des jours entiers à travers l'Europe, sa passion ne se limite pas seulement au vélo: Gemperle étudie l'architecture à Zurich, coiffe la casquette de DJ et organise même des événements gastronomiques avec le «Klub Fritto Misto».
Mais le virus du cyclisme ne lui est pas tombé dessus d'un jour à l'autre: Gemperle était un professionnel de VTT et appartenait à l'équipe nationale suisse. Son retrait du milieu professionnel n'a en rien entamé sa passion pour le cyclisme. Au lieu de parcourir tour après tour des terrains accidentés, boueux et caillouteux, il a opté pour des virées sur de longues distances avec son vélo Fixie.
En janvier 2023, Gemperle a parcouru 1302 kilomètres et 20 200 mètres de dénivelé sur des routes cahoteuses dans le cadre de l'Atlas Mountain Races au Maroc. Après trois jours, 20 heures et 15 minutes, il a relié l'arrivée à Essaouria en première position.
Mais pour Gemperle, qui aime manifestement repousser ses limites, le plus dur n'est pas de prendre le départ, mais de s'y rendre: