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Cuca, coach brésilien, est rattrapé par un viol commis à Berne

Cuca n'a duré qu'une semaine à la tête des Corinthians.
Cuca n'a duré qu'une semaine à la tête des Corinthians.keystone

Un entraîneur brésilien rattrapé par un viol commis à Berne

Sous la pression populaire, l'entraîneur brésilien Cuca a démissionné des Corinthians une semaine après sa nomination, pour un viol commis à Berne en 1987.
01.05.2023, 16:5901.05.2023, 18:26
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C'est une affaire qui avait eu un certain retentissement, une affaire de viol que la presse brésilienne avait baptisée «Le scandale de Berne» et le Bund «Le mystère de la chambre 204». En marge d'un tournoi organisé dans la région, quatre footballeurs du Gremio Porto Alegre avaient été arrêtés pour «agression sexuelle sur mineur». Parmi eux, Cuca, 23 ans, «un milieu de terrain timide, mais prometteur», selon la description d'Eric Frosio, spécialiste du football brésilien à L'Equipe.

Ce 30 juillet 1987 à l'hôtel Metropole, les quatre Brésiliens ont reçu la visite dans leur chambre d'une certaine Sandra, une adolescente de 13 ans venue leur demander un maillot. Sur la suite, les témoignages relayés dans la presse racontent un peu tout et n'importe quoi.

Les accusés commencent par nier en bloc, avant d'avouer la relation sexuelle. Au procès, ils décrivent une adolescente aux moeurs légères, passablement alcoolisée, entrée dans la chambre 204 de sa propre initiative et qui, décomplexée, «s'amusait de tout».

Cuca du temps où il était joueur.
Cuca du temps où il était joueur.

Dans les journaux alémaniques, on évoque le contexte, «une adolescente de 13 ans enfermée dans une chambre avec quatre inconnus», en insistant sur l'âge et la vulnérabilité de la victime. Le Bund révèle que «deux ans après les événements, la jeune fille souffre encore de graves troubles mentaux et a fait une tentative de suicide».

L'adolescente a porté plainte pour viol. Après leur arrestation en Suisse, les quatre footballeurs ont passé un mois en détention. Le 15 août 1989, le Tribunal correctionnel de Berne les a condamnés par contumace à 15 mois de prison ferme pour «attentat à la pudeur avec usage de violence».

Cuca affirme aujourd'hui ne pas «avoir touché la jeune fille». Il dit s'être trouvé dans la mauvaise chambre, au mauvais moment - une chambre qu'il partageait avec ses trois coéquipiers. Il ne comprend pas que cette affaire resurgisse 34 ans après, au moment où il reçoit la chance de sa vie: entraîner les Corinthians de Sao Paulo. 34 années loin de Berne et voilà que la vague MeToo lui renvoie son passé en pleine figure.

Les réactions à sa nomination ont atteint une violence rare et soudaine. Cuca a plaidé l'acharnement: «Pourquoi devrais-je m'excuser auprès de la société? Je suis acquitté, la victime a dit que je n'étais pas là. Elle l'a répété trois fois», a-t-il déclaré la semaine dernière devant la presse. Sauf qu'un dossier judiciaire de 1023 pages semble affirmer le contraire: Cuca n'a pas été acquitté, mais condamné, la victime l'a formellement identifié parmi ses agresseurs, et le rapport médico-légal de l'Université de Berne a établi la présence de son sperme sur la jeune fille.

Cuca face à la presse.
Cuca face à la presse.

Le jugement a été rendu alors que les quatre joueurs étaient déjà rentrés au Brésil, un pays qui n'extrade pas ses ressortissants. Il y a donc 34 ans que Cuca exerce sa profession en toute tranquillité, même avec un certain succès - une Copa Libertadores en 2013 avec l'Atlético Mineiro de Ronaldinho. Sur le moment et à en croire Eric Frosio, l'opinion brésilienne avait relativisé l'affaire, parfois «rejeté la faute sur l'adolescente», qualifiée de groupie et d'allumeuse. Le journaliste exhume cette phrase d'un éditorialiste brésilien: «Ce qu'il s'est passé dans cet hôtel est normal, ça arrive souvent.»

De nombreux journalistes ont récemment présenté leurs excuses à leurs lecteurs et à la victime pour «une erreur de jugement honteuse», attribuée au machisme de l'époque. Sur les réseaux sociaux, dans la rue, dans les médias, l'arrivée de Cuca aux Corinthians a soulevé une indignation que l'affaire n'avait pas réussi à susciter jusque-là. «Les temps ont changé», répètent la centaine de supportrices qui manifestent devant le siège du club, où des banderoles affichent leur hostilité à Cuca.

La présence d'un entraîneur condamné pour viol est particulièrement intolérable aux Corinthians, un club éminemment populaire qui, dans les années 80, à l'initiative du footballeur Socrates, avait créé la «démocratie corinthiane», un mouvement progressiste basé sur l'auto-gestion. Du directeur sportif au jardinier, le personnel était impliqué dans toutes les décisions, sans distinction de classe, souvent après de longues délibérations. Le modèle aspirait à une répartition équitable des responsabilités et des revenus.

Malgré le soutien de son président, Cuca a «démissionné» sous la pression populaire et médiatique, 34 ans après un crime qu'il disait oublié.

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