Israël est proche d'un exploit. Le pays, membre de l'UEFA depuis 1994, n'a jusqu'à présent jamais participé à un Championnat d'Europe des nations. Or si l'équipe nationale l'emporte jeudi face à l'Islande en demi-finale des barrages, elle ne sera plus qu'à un match d'une qualification historique.
En raison du conflit au Proche-Orient, le ticket pour l'Euro aurait une saveur spéciale pour les footballeurs israéliens. Ils pourraient envoyer un message d'espoir à la population, estime Gabi Kanichowsky, 13 sélections au compteur.
Alon Hazan, sélectionneur des «Bleu et Blanc», sait lui aussi que le contexte de la rencontre face à l'Islande est particulier: «Cet automne, nous avons joué les éliminatoires en pleine guerre et cela a eu des répercussions sur chacun d'entre nous. Israël est toujours en guerre, mais l'équipe restera professionnelle».
Alors que les hommes d'Alon Hazan se préparent à créer l'exploit, des voix s'élèvent contre la participation d'Israël aux compétitions de l'UEFA et de la FIFA. Le sélectionneur de l'Islande, Åge Hareide, est de ceux qui ne comprennent pas la rencontre à venir.
Selon l'ONU et le Hamas, plus de 31'000 Palestiniens - dont environ deux tiers de femmes et d'enfants - ont été tués par l'armée israélienne à Gaza depuis le 7 octobre.
La Fédération d'Asie de l'Ouest de football (WAFF) va plus loin et demande ouvertement le retrait d'Israël de toutes compétitions footballistiques. Une lettre signée par l'ensemble des fédérations nationales membres de l'organisation réclame des sanctions à l'encontre de la Fédération d'Israël de football. Pour rappel, la WAFF inclut notamment l'Arabie saoudite, le Qatar et la Palestine.
Le prince Ali bin Al Hussein, demi-frère du roi de Jordanie et président de la Fédération d'Asie de l'Ouest de football, est à l'initiative de la lettre.
Une éventuelle suspension d'Israël devrait être discutée par la FIFA le 17 mai prochain lors du congrès annuel à Bangkok. L'UEFA souligne en revanche qu'elle ne prévoit aucune sanction à l'égard d'Israël. Une décision probablement influencée par le fait que de grandes nations du football européen comme la France et l'Allemagne soutiennent le pays.
Interrogé sur un éventuel retrait similaire à celui que connaît actuellement la Russie, le secrétaire général de l'UEFA, Théodore Théodoridis, a déclaré début février qu'il n'y avait aucune discussion à ce sujet. Aucune intention de la part de l'instance.
En Israël, la vie est revenue à la normale, comme l'explique le journaliste Joshua Halickman. Les gens vont à nouveau au travail. La circulation est redevenue pénible. Le championnat national a repris et les supporters peuvent se rendre en nombre au stade. Mais les traces de la guerre sont perceptibles.
Avant chaque match de première division, on commémore le 7 octobre, date à laquelle le Hamas a tué 1'200 individus dans le sud d'Israël et fait plus de 200 otages. A l'échauffement, les joueurs portent des maillots sur lesquels on peut voir le visage des personnes enlevées. Des minutes de silence sont observées pour les soldats tombés au combat.
Les internationaux israéliens sont parfois directement concernés par la guerre. Le milieu du RB Salzbourg, Oscar Gloukh, a perdu son meilleur ami, Afik Teri, le 1er mars.
Teri était sergent dans l'armée israélienne et a été tué au combat dans le sud de la bande de Gaza. Les internationaux israéliens souhaitent rendre hommage à ces personnes en réalisant de bonnes performances sur le terrain. Et cela commence dès ce jeudi soir, face à l'Islande.
Adaptation en français: Romuald Cachod.