Tim Guillemin ne savait pas trop quoi penser de cette nouvelle. Yverdon-Sport venait de présenter Marco Schällibaum comme nouvel entraîneur.
Schällibaum, l'ancien joueur de la Nati, ce professeur du football de 60 ans qui, sur la ligne de touche, devient rouge vif quand les choses ne se passent pas comme prévu. Guillemin aurait souhaité un coach plus jeune, un coach qui n'a pas froid aux yeux, et il s'est demandé: «Est-ce que ça va bien se passer?» Aujourd'hui, environ six mois plus tard, il en est sûr: ça marche. Et il affirme:
Tim Guillemin est journaliste au journal nord-vaudois La Région. Il suit le club au quotidien et a même écrit un livre dessus (Yverdon Sport FC, 2021). Aujourd'hui, il est témoin de cette renaissance à peine croyable, qui pourrait peut-être bientôt lui fournir la matière d'un nouveau chapitre de livre.
Car autour du Stade municipal (généralement peu rempli), l'excitation n'a plus été aussi forte depuis longtemps. Comme le FC Wil, Yverdon-Sport a récolté 38 points après 20 journées et se trouve du coup en tête de la Challenge League. Après des années de vaches maigres, le club du Nord vaudois renifle fortement le retour en Super League – quelque chose que l'on aimerait pouvoir aussi revendiquer à Aarau, Thoune, Vaduz ou Neuchâtel. Comment est-ce possible? Si l'on en croit Guillemin, deux hommes portant le même prénom sont responsables de ce succès: Marco Degennaro et, justement, Marco Schällibaum.
Degennaro, Italien de 52 ans, est le directeur général d'Yverdon, responsable de tous les aspects sportifs et de la planification de l'effectif. Guillemin estime qu'il a parfaitement réussi cette dernière:
En effet, il est frappant de constater à quel point l'équipe est équilibrée, notamment dans le secteur offensif, où même les nombreuses absences pour blessures du buteur Koro Koné (douze buts cette saison) ne pèsent pas lourd.
Ce qui est aussi étonnant, c'est que l'effectif est presque identique à celui de la saison précédente. Au lieu de recourir comme à l'époque à des joueurs prêtés par Young Boys (entre autres Shkelqim Vladi et Mischa Eberhard), on mise désormais sur ceux du FC Sion, le reste du collectif restant inchangé. Et comme le budget de la saison a baissé de cinq à quatre millions, aucune nouvelle recrue coûteuse n'est arrivée avant le début du championnat. Le transfert le plus important a été effectué ailleurs: sur le banc de touche.
Et c'est aussi l'œuvre de Degennaro. Lorsqu'Uli Forte est parti au début de l'été en deuxième division allemande (Bielefeld), le directeur sportif n'a pas immédiatement succombé à la liste des entraîneurs branchés. Au lieu de ça, il en a dressé une de quatre candidats qui ne correspondent pas à l'image du soi-disant entraîneur moderne adepte de l'ordinateur portable: Maurizio Jacobacci, Sébastien Bichard, Jeff Saibene et Marco Schällibaum. Le président d'Yverdon Mario Di Pietrantonio a eu le dernier mot: il voulait Schällibaum. Celui-ci venait de mettre fin à son engagement à Bellinzone et était ouvert à la nouveauté. Lorsque Degennaro a appelé, il a accepté.
Malgré les mérites d'Uli Forte, Guillemin n'était pas fan de son style de jeu, qu'il trouvait trop pragmatique, trop défensif. Schällibaum est très différent, en quelque sorte en accord avec l'histoire du club. «Yverdon a une tradition de beau football, il la perpétue», applaudit le journaliste. L'attaque est un atout sous la houlette du nouvel entraîneur. Avec lui, c'est tout ou rien, à fond, plein gaz. L'équipe a inscrit 41 buts, soit le meilleur total de la ligue (avec Wil). Et quand Yverdon joue, on assiste souvent à des victoires spectaculaires comme le 4-0 contre le Lausanne-Sport, entrecoupées de défaites cuisantes comme le 0-5 face à Stade Lausanne Ouchy.
«C'est ma signature», acquiesce Schällibaum, joint par téléphone.
Lorsqu'il évoque l'équipe, sa voix s'accélère et son Züridütsch est plus prononcé. Schällibaum parle de «l'énergie», de «notre voyage», d'un «groupe formidable avec des caractères formidables», où chacun veut aller de l'avant. Dans le football comme en tant que personne.
Où cela peut-il mener? Par exemple à la promotion en Super League, la première depuis 2005? Schällibaum veut y croire:
Ce vendredi soir à Aarau, Marco Schällibaum retrouvera une équipe dont il a été l'entraîneur pendant deux saisons. Il a dû la quitter en été 2017, contre sa volonté. Parce que les résultats n'étaient pas au rendez-vous et qu'il a eu des querelles avec le directeur sportif de l'époque, Raimondo Ponte. «La fin n'était pas belle», concède Schällibaum. «Mais c'est du passé. J'ai vécu une période incroyablement enrichissante, mais à la fin, ça n'allait tout simplement plus. Je prends les bonnes choses avec moi.»
Et comme tant d'autres personnes ayant eu des liens avec le FC Aarau, il estime avec bienveillance que «ce club, dans cette région folle de football, a sa place en Super League». Mais une chose est sûre: au Brügglifeld, avec le logo d'Yverdon sur sa veste, il fera tout pour piquer les trois points aux Argoviens.
Adaptation en français: Yoann Graber