Et si la Nati devait sa qualification pour les 8es de finale de la Coupe du monde à une femme? L'hypothèse est peut-être tirée par les cheveux, mais en tout cas pas dénuée de sens. La dame en question n'est ni dans le staff, ni dans l'entourage de l'équipe de Suisse. Ce n'est pas même une fan. Au contraire, elle soutiendra la Serbie vendredi soir face aux Helvètes. Et pour cause: elle est la femme du gardien remplaçant de la sélection balkanique, Predrag Rajkovic.
Mais voilà, Ana Cakic, c'est son nom, a semé la zizanie dans les rangs serbes, bien malgré elle. Plusieurs médias locaux lui prêtent une relation extra-conjugale avec l'une des stars de l'équipe de Serbie, Dusan Vlahovic. Ces mêmes médias affirment aussi que le peu de temps de jeu de l'attaquant au Qatar – il est rentré à la 66e minute contre le Brésil et est resté sur le banc face au Cameroun – est une sanction pour sa trahison envers son coéquipier. Vlahovic a balayé ces accusations en conférence de presse:
Il n'empêche: ces rumeurs et la polémique qu'elles engendrent font perdre du temps et de l'énergie aux membres de la sélection serbe, qui se passeraient volontiers de devoir s'expliquer publiquement sur ce sujet. Elles ont aussi un potentiel destructeur immense au sein d'une équipe, où la cohésion est indispensable pour performer. «Si ces rumeurs sont avérées, c'est une situation intenable dans un vestiaire!», s'exclament en chœur Christian Constantin et Jean-François Collet, respectivement présidents du FC Sion et de Neuchâtel Xamax.
On imagine aisément que pour des dirigeants, coachs ou sélectionneurs, gérer pareille situation est très délicat. Le boss xamaxien explique n'avoir jamais eu à traiter de cas en quinze ans qu'il dirige des clubs de foot. «Je ne me suis jamais posé la question de ce que je ferais si ça arrivait, mais ça peut tellement pourrir l'ambiance qu'il faudrait sans doute renvoyer à la maison l'un des deux joueurs concernés si ça se passe durant un tournoi», se représente-il, avant d'enchaîner:
Christian Constantin est, lui, plus évasif quand on lui demande s'il a déjà dû traiter une affaire similaire ou ce qu'il ferait si ça arrivait dans son club. «Les joueurs auraient intérêt à tout faire pour qu'un président ne soit pas au courant d'une affaire du genre», se marre le Valaisan, qui affirme que «des histoires pareilles existent depuis toujours dans le foot». Il en raconte une, qui a eu lieu à l'AC Milan au début des années 1990:
Les exemples d'équipes affaiblies et de carrières enrayées à cause de tromperies au plumard sont nombreux. L'un est d'actualité, ses fantômes semblent être réapparus dans le vestiaire belge à la Coupe du monde. Selon plusieurs sources, il y aurait de grosses tensions entre des joueurs des Diables rouges, notamment entre le gardien Thibaut Courtois et Kevin De Bruyne. Les deux hommes ne se parlent plus depuis 2014, date à laquelle l'ex-copine du milieu de Manchester City a avoué – dans la presse – l'avoir trompé une nuit avec le portier du Real Madrid.
En 2010, c'est l'équipe d'Angleterre qui avait subi les conséquences néfastes d'un adultère entre coéquipiers. Les infidélités de John Terry avec la femme de Wayne Bridge, également joueur des Three Lions et ancien collègue à Chelsea, a été dévoilée. Conséquences: une amitié brisée, la retraite internationale de Bridge – décidée par lui-même: «Je pense que ma position dans l'équipe est intenable et susceptible de créer des divisions» – et la perte du brassard de capitaine pour Terry. Une situation tout sauf idéale à quelques mois du Mondial en Afrique du Sud, lors duquel les Anglais avaient été balayés 4-1 par l'Allemagne en 8e de finale.
La France a aussi sa victime, qui avait décidé de ne plus porter le maillot national après une histoire de coucheries. Mais contrairement à Wayne Bridge, c'est elle qui avait fauté. Son nom? Jean-François Larios. Le défenseur de Saint-Etienne était tombé fou amoureux de la femme de son coéquipier et idole nationale Michel Platini, avec laquelle il a eu une liaison pendant deux ans. Les deux amants se sont fait griller peu avant la Coupe du monde 1982 en Espagne. Larios est revenu dans Le Parisien sur les relations délétères avec «Platoche» qui ont suivi:
Les conséquences ont été lourdes pour Larios: devenu indésirable en France et avec l'équipe nationale, il a dû partir à l'étranger et claqué la porte des Bleus à seulement 26 ans.
Son périple loin de l'Hexagone l'a notamment emmené à Xamax, où il a évolué sous les ordres de Gilbert Gress. A en croire ce dernier, Jean-François Larios a plus couru sur le terrain à Neuchâtel que derrière les jupons des compagnes de ses coéquipiers. «De toute ma carrière, je n'ai jamais eu à régler pareil problème dans une équipe», se marre au bout du fil l'iconique entraîneur. Et pourtant, des histoires de coucheries, il en a entendu. Beaucoup, même. «Si je devais vous raconter tout ce qui a été dit sur moi à ce sujet ou sur des footballeurs que j'ai coaché, il faudrait des journées de 30 heures, et pas 24!», sourit l'Alsacien. Il poursuit:
Elles n'ont, en tout cas, pas perturbé Gilbert Gress. Il a fêté deux fois le titre sur le banc de Xamax en 1987 et 1988 – les deux seuls dans l'histoire du club – et a amené les Neuchâtelois jusqu'en quart de finale de la Coupe d'Europe (ex-Europa League). «Et après plus de 50 ans de mariage, je suis toujours avec ma femme», ajoute-t-il en rigolant.
Il ne reste plus qu'à souhaiter pour la Nati que Dusan Vlahovic et ses compatriotes soient moins hermétiques aux rumeurs que Gilbert Gress.