Le groupe à six de la Suisse se transformera-t-il en groupe à cinq? On parle ici des qualifications pour le prochain Euro de football qui se disputera en Allemagne du 14 juin au 14 juillet 2024. La Biélorussie, qui a annoncé lundi sa décision de déployer des troupes contre l’Ukraine aux côtés de la Russie, sera-t-elle exclue des qualifications de cette compétition administrée par l’UEFA, dont le siège est à Nyon?
Si ce devait être le cas, resteraient alors, avec la Suisse, tête de série de son groupe, Israël, la Roumanie, le Kosovo et Andorre. Cinq équipes en tout, les deux premières obtenant directement leur billet pour le tournoi final en Allemagne. Jusqu’ici, malgré son alignement diplomatique sur la Russie, l’UEFA n’a pas suspendu la Biélorussie de participation à l’Euro 2024, éliminatoires incluses.
On l’a peut-être oublié, ce n’est pas l’Union européenne, ni tout autre instance politique internationale, qui a sanctionné l'équipe russe de football, la privant d’Euro 2024. C’est l’UEFA, à l’initiative du Comité international olympique (CIO), rappelle Philippe Leuba, l’ancien conseiller d’Etat vaudois et ex-arbitre international de football, joint par watson.
Les JO d’hiver s’étaient tenus le même mois, du 4 au 20, suivis des Jeux paralympiques du 4 au 13 mars. La trêve olympique avait officiellement commencé en février, sept jours avant le début des Jeux, et s’était achevée sept jours après leur fin en mars.
«Le CIO avait demandé aux fédérations sportives internationales de s’associer à sa condamnation de la Russie, ce que toutes ou presque ont fait à ma connaissance en excluant les sportifs russes des compétitions organisées sous leur égide», poursuit l’ancien magistrat cantonal, juriste de formation.
Philippe Leuba ne veut pas se prononcer sur le cas biélorusse, nous demandant de nous adresser à l’UEFA. C’est chose faite. Nous attendons la réponse de la grande organisation européenne de football. L’UEFA n’ignore rien des arcanes diplomatiques. Engagée, pour l'heure encore, dans les éliminatoires de l'Euro 2024, la Biélorussie ne pourrait pas y affronter l'Ukraine. De même que des équipes d'ex-Yougoslavie, une région en guerre dans les années 1990 et où demeurent de grosses tensions, n'y seront pas opposées les unes aux autres.
Les pays du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), réunis ce mardi après-midi en urgence à la suite des bombardements russes de lundi sur l'Ukraine, vont demander à la Biélorussie, pays allié à Moscou, de renoncer à s'associer à la Russie dans la guerre contre Kiev.
Si elle s'engage sur le front ukrainien, la Biélorussie peut-elle être exclue de l'Euro 2024 par l'UEFA? Lorsque le CIO a condamné la Russie au début de l'année et invité les fédérations sportives à faire de même, ce n'était pas en vertu du droit international ou du droit de la guerre, mais en raison de la rupture par Moscou de la trêve olympique. L'UEFA, elle, ne pourrait pas invoquer la trêve olympique rompue pour priver la Biélorussie de participation à l'Euro 2024 et à ses éliminatoires.
Mais elle pourra toujours prendre exemple sur la Fédération internationale de judo (FIJ), le sport de cœur de Vladimir Poutine. Le mois dernier, sur fond de guerre en Ukraine, la FIJ a exclu les judokas russes et biélorusses des championnats du monde de la discipline qui se déroulent actuellement en Ouzbékistan.
Dans un groupe jugé à sa portée, la Suisse, elle devrait logiquement se qualifier pour la phase finale de l'Euro de football dans deux ans en Allemagne. Prévue pour dans deux ans en Allemagne, faudrait-il dire peut-être, la guerre en Ukraine pouvant d'ici là déborder.