Dominique Blanc, Murat Yakin est actuellement contesté. Comprenez-vous les critiques adressées au sélectionneur national?
Nous devons vivre avec les critiques. Mais en interne, nous avions et avons toujours une confiance totale en notre entraîneur. Il a toujours été clair que notre collaboration avec Murat Yakin irait au moins jusqu'à la fin des qualifications pour l'Euro 2024. Après, nous discuterons avec lui de l'avenir. Ça a toujours été prévu comme ça.
Et à l'Euro justement, Yakin sera-t-il toujours le sélectionneur?
Oui, c'est ce que prévoit le contrat.
Et si la Nati doit disputer un barrage, qu'en sera-t-il?
Nous n'en avons pas parlé jusqu'à présent. Aussi parce que nous sommes convaincus que nous allons nous qualifier directement pour l'Euro.
Qu'avez-vous ressenti lors du match nul 3-3 contre la Biélorussie, même après avoir été mené de deux buts?
C'est vrai, j'étais déçu que nous n'ayons pas gagné. Mais j'ai aussi vu que nous avons dominé la Biélorussie, comme face à tous nos adversaires, avec une possession de balle de 80% et de nombreuses occasions.
Avez-vous commencé à douter de Murat Yakin pendant ce match?
Non, jamais. Je lui ai confirmé le lendemain de la rencontre ce que notre directeur sportif Pierluigi Tami avait déjà dit la veille, à savoir que nous n'aurions pas de discussions à propos de l'entraîneur.
Et pourquoi ça?
Qu'a-t-on entendu après le tirage au sort? Des adversaires faibles, dix matchs, dix victoires, on peut déjà réserver l'hôtel pour l'Allemagne. Mais pour nous, ça a toujours été clair que ce ne serait pas une promenade de santé. Parce que tous nos adversaires veulent aussi aller en Allemagne.
Malgré ça, les matchs nuls contre la Roumanie, le Kosovo et la Biélorussie ont chaque fois été une douche froide.
Je suis d'accord. Mais nous sommes l'équipe du groupe qui a perdu le moins de points, et nous comptons aucune défaite en sept rencontres.
Et Yakin est l'homme de la situation?
Oui, nous irons avec lui à l'Euro.
Le cri d'alarme lancé par les fans et la presse après ce nul contre la Biélorussie, ce n'était donc qu'une hystérie anti-Yakin?
La Nati suscite des émotions gigantesques. En Suisse romande encore plus. Je respecte ces fortes variations émotionnelles. Mais peut-être que certains supporters ont sous-estimé nos adversaires. Ils ont aussi des joueurs qui brillent dans les cinq grands championnats européens. C'est sûr, j'aime que les attentes envers notre équipe nationale soient élevées. Mais il faut aussi faire preuve de réalisme. L'Italie, par exemple, a toujours eu du mal à se qualifier pour les phases finales.
Malgré tout, on ne peut pas s'enlever l'idée que des fissures sont apparues après la débâcle contre le Portugal (6-1) au dernier Mondial et qu'elles se manifestent aujourd'hui. Pouvez-vous identifier ce qui ne va pas actuellement?
Je ne vois plus de fissures, encore moins de cassures. Prenons le match contre la Roumanie, sensationnel, peut-être le meilleur de l'ère Yakin.
Pour nous, de tels événements ne sont pas une raison de douter de notre staff. Je sens la faim de l'entraîneur et des joueurs, ils veulent réaliser quelque chose de grand.
Le match nul 2-2 au Kosovo a mis en lumière les dissonances entre Granit Xhaka et Murat Yakin. Et ce n'est pas le premier clash entre les deux. Y a-t-il encore un problème à résoudre?
Plus maintenant, c'est résolu. Ils ont deux caractères forts. Pour moi, ce n'est pas un drame si les leaders ne sont pas du même avis. L'important, c'est qu'ils échangent, discutent et trouvent des solutions pour le bien de l'équipe.
Mais l'échange devrait avoir lieu avant qu'un joueur ne déballe ses critiques en public.
Le comportement de Xhaka après le match au Kosovo n'était pas optimal. Une discussion pour clarifier les choses a dû avoir lieu. Et je suis convaincu qu'elle aidera l'équipe à retrouver le chemin du succès.
Une dernière question: pour vous, est-ce juste que le match Israël - Suisse ait désormais lieu mercredi prochain en Hongrie?
Oui, le sport doit rester du sport. C'est généralement le premier et le dernier endroit où l'on se parle. Et c'était la volonté absolue de nos amis israéliens de jouer ce match.
Adaptation en français: Yoann Graber.