L'excitation était à son comble il y a encore quelques mois, lorsque les unes après les autres, les stars vieillissantes du ballon rond s'envolaient pour l'Arabie saoudite. L'objectif était clair, net et précis: s'enrichir une dernière fois avant la retraite sportive, grâce à des salaires bien plus conséquents qu'en Europe. A l'époque, les choix des joueurs étaient vivement critiqués, en raison notamment de la situation des droits humains et des libertés fondamentales dans le pays.
Jordan Henderson en est le parfait exemple. Il lui a été reproché d'avoir vendu ses valeurs alors qu'il défendait auparavant les droits LGBTQ+. Pour sa riposte, l'ancien capitaine de Liverpool a évoqué une avancée majeure. Selon lui, le fait qu'un joueur avec de telles positions puisse jouer en Arabie saoudite est une «chose positive». Même hué par le public anglais en sélection, il a toujours martelé qu'il ne regrettait pas sa signature à Al-Ettifaq.
Aujourd'hui, il semble néanmoins avoir changé d'avis. Les médias britanniques rapportent que Jordan Henderson souhaite mettre un terme à l'aventure saoudienne. A peine six mois après son arrivée. Le joueur et sa famille, qui vivent à Bahreïn à proximité de la frontière saoudienne, rencontreraient des difficultés à s'adapter aux coutumes locales. En outre, Henderson, 33 ans, est déçu du niveau de jeu de la Saudi Pro League, nettement inférieur à celui de la Premier League.
مزيج فاخر 🏴 في معقل فارس الدهناء 💚❤️
— نادي الاتفاق (@Ettifaq) July 27, 2023
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Henderson est un titulaire indiscutable dans son club de la ville de Dammam. En 19 parties cette saison, il compte même un total de cinq passes décisives. Pourtant, malgré des débuts en fanfare avec cinq victoires en sept rencontres, il n'a pas pu empêcher Al-Ettifaq de plonger au classement. L'équipe n'a gagné qu'un seul de ses 12 derniers matchs de championnat – elle se trouve désormais à la huitième place.
Le joueur aux 81 sélections en équipe d'Angleterre, habitué à évoluer devant des dizaines de milliers de spectateurs, que ce soit à Anfield ou à Wembley, est également agacé par l'ambiance qui règne dans les enceintes saoudiennes. Les rencontres d'Al-Ettifaq à domicile n'attirent en moyenne que 7'000 personnes. Et lors du match à l'extérieur face à Al-Riyadh, seuls 696 sièges étaient occupés. Un choc pour celui qui est devenu champion d'Angleterre et a remporté la Ligue des champions.
Afin de quitter l'Arabie saoudite au plus vite, dès cet hiver, Henderson devra sortir son portefeuille. En effet, les lois fiscales britanniques imposent une taxe de 45% sur les revenus de ceux qui reviennent au pays l'année suivant une période de travail à l'étranger. Selon plusieurs médias britanniques, le joueur serait prêt à s'acquitter du montant astronomique de huit millions d'euros, tant son désir de quitter l'Arabie saoudite est grand. Toutefois, les clubs anglais ne semblent pas si désireux de le recruter. Même s'il évoluait à Liverpool avant son départ, son temps de jeu cette saison chez les Reds, s'il était resté, n'aurait pas été aussi conséquent que les saisons précédentes, d'où son transfert l'été dernier.
Puisqu'en Arabie saoudite, la deuxième moitié de saison ne débute que mi-février, Henderson se trouve actuellement en Europe, dans le but de conclure un transfert. Des rumeurs l'envoient au Bayern, d'autres à la Juve. Signer Henderson pourrait néanmoins s'avérer coûteux, car son contrat au Moyen-Orient court jusqu'en 2026. Et bien sûr, Al-Ettifaq n'est pas prêt à faire des concessions. Le club a déboursé 14 millions d'euros pour s'attacher les services de l'Anglais et ne compte pas se faire avoir. D'autant que Steven Gerrard, son entraîneur, voudrait construire l'équipe autour de son ancien coéquipier chez les Reds.
Si un retour en Angleterre semble compliqué à entrevoir pour Henderson, la situation est différente pour Roberto Firmino qui, lui aussi, a quitté Liverpool cet été. L'attaquant brésilien, d'abord «heureux de faire partie de ce grand club» qu'est Al-Ahli, aspirerait également à un départ, malgré un contrat courant jusqu'en 2026.
Le joueur de 32 ans a réalisé un coup du chapeau lors de ses débuts en Arabie saoudite en août dernier, mais n'a plus jamais scoré depuis. Cette saison, toutes compétitions confondues, il n'a effectué que trois passes décisives. Les supporters du promu, actuel 3e de Saudi Pro League, voient d'un mauvais œil les performances de Firmino, ce qui aurait provoqué un mécontentement chez ce dernier. Fulham serait aujourd'hui sur le coup afin de le recruter.
Le Portugais Jota, qui avait été l'un des premiers à rejoindre le championnat saoudien, devrait également revenir en Europe. L'ancien joueur du Celtic s'était engagé avec Al-Ittihad, mais très vite, il avait été éclipsé par Karim Benzema, Fabinho ou encore N'Golo Kanté. Et puisqu'en Arabie saoudite, une équipe ne peut pas disposer de plus de six étrangers, il n'a plus rejoué en championnat depuis le 1er septembre.
De plus en plus de joueurs transférés cet été en Arabie saoudite semblent déchanter. Les hauts salaires ne suffiraient pas à tout compenser. Neymar, blessé jusqu'en fin de saison, serait mécontent de sa situation, il effectue d'ailleurs sa rééducation chez lui au Brésil. Très critiqué pour ses performances, aussi bien par les fans que les médias locaux, Karim Benzema envisagerait également un retour en Europe. Ces dernières heures, les rumeurs enflent concernant sa future destination.
Finalement, seul le précurseur Cristiano Ronaldo émet des retours positifs. Le Portugais de 38 ans a démenti toutes les rumeurs de transfert le concernant, déclarant: «Je suis heureux ici». S'il est vrai que la ligue doit encore s'améliorer dans certains domaines, elle a le potentiel pour «devenir l'un des cinq meilleurs championnats au monde». En Arabie saoudite, CR7 empocherait environ 200 millions d'euros par saison.
Adaptation en français: Romuald Cachod.