Sans une parade décisive d’Anthony Racioppi à la 3e minute, Young-Boys n'aurait peut-être pas battu le Maccabi Haïfa. Ou du moins, pas aussi facilement (3-0). Grâce au gardien genevois, les Bernois ont maîtrisé leur dernier examen de passage vers La ligue des champions.
Racioppi sait qu'il joue gros cet automne. Il n'était à l'origine que la doublure de David Von Ballmoos, la légende d'YB, absent depuis neuf mois en raison de plusieurs blessures sérieuses (luxations de l'épaule, œdème médullaire au genou droit). Or voilà que Von Ballmoos, 28 ans, est de retour. Il a déjà disputé trois rencontres avec les M21 de Young-Boys et il compte bien récupérer sa place - la première - en Ligue des champions.
Racioppi ne s'en préoccupe guère, selon son entourage. Il veut franchir un nouveau palier et convaincre qu'il est l'homme de la situation. Instructeur FIFA et coach personnel de Thibaut Courtois (Real Madrid), Thierry Barnerat croit en son potentiel. «Anthony est un pur produit l’école française des gardiens, une école qui excelle dans les domaines de l’explosivité, de la réactivité et de la vitesse. Chez nos voisins, en revanche, l’enseignement tactique n’est pas aussi poussé. Anthony a trouvé à Berne l'homme qui le fera progresser dans ce domaine, l’entraîneur des gardiens Christoph Born.»
Après un premier interim mitigé en février 2022, Anthony Racioppi a pris la mesure de son nouveau rôle cette année. De l’avis unanime, le Genevois de 24 ans a le niveau pour assumer un rôle de titulaire. «L'an dernier, je n’avais pas vraiment de repères, avoue-t-il. Je n’avais joué qu’en France, à Lyon (équipe réserve) et Dijon (21 matchs de Ligue 1), et je devais découvrir un nouveau contexte, apprendre à connaître mes coéquipiers.» Il lui a fallu un certain temps pour se familiariser avec les réalités du football suisse, dont il n'avait connu jusqu'ici que les sélections M20 et M21.
À Berne, il se sait confronté à un degré d’exigence unique en Suisse. Outre David Von Ballmoos, il est en concurrence avec le jeune Marvin Keller, deuxième gardien de l’équipe de Suisse M21. «J’en suis pleinement conscient, souffle-t-il. Je sais aussi qu’il n’y a aucun passe-droit.»
Anthony Racioppi sait surtout qu’il n’y a pas de meilleure adresse en Suisse pour progresser et se mettre en valeur, de surcroît dans la formidable vitrine de la Ligue des champions. Sa valeur marchande et son potentiel de croissance pourrait peser face à la concurrence de von Ballmoos - même si rien ne le garantit, compte tenu de la popularité du gardien bernois.
«La ferveur autour du club est extraordinaire, sourit Racioppi. Ce printemps, nous n’avons pas cessé de jouer à guichets fermés alors que le titre était déjà acquis. Il y a une formidable osmose entre l’équipe et les fans.» Une osmose qu’il ne soupçonnait sans doute pas, mais qui peut littéralement le transcender.
Thierry Barnerat partage ce point de vue: «Aux Young Boys, on offre au joueur une stabilité, un projet, des structures et des compétences pour favoriser au mieux son épanouissement.»
Son talent a été identifié très tôt: Anthony Racioppi n'avait que 14 ans quand il a quitté Chênois pour le centre de formation de Lyon. A partir de cet instant, sa carrière a connu quelques oscillations. Le Genevois aurait pu se perdre en route.
A Dijon, où il était arrivé comme simple doublure, Racioppi a gagné sa place de titulaire après seulement dix journées de Ligue 1. Mais une grosse boulette, puis une deuxième avec la Suisse à l’Euro M21, ont insinué le doute dans l'esprit de ses suiveurs - et sans doute aussi dans le sien.
Relégué en Ligue 2 au terme d'une saison pénible, le Genevois et son père ont longtemps attendu que certains intérêts se concrétisent (Nice, Bâle) mais les prétentions gourmandes de Dijon, notamment, ont retardé l'échéance. La proposition d'YB, en janvier 2022, est tombée au meilleur moment.
Racioppi est un garçon calme et réfléchi: il n'a jamais eu d'autres objectifs que l'équipe de Suisse A et a toujours eu foi en sa ténacité. «La souplesse est son gros point fort, affirme un proche. Il est très vite au sol, très vite en haut.» L'art du rebond, en somme. (ATS-ld/chd)