Le contingent actuel du FC Thoune est en grande partie celui qui a obtenu la promotion ce printemps. Cette stabilité, c'est un avantage important, surtout au début?
MAURO LUSTRINELLI: Elle peut l’être, en effet. D’ailleurs, maintenir une certaine continuité a toujours été notre objectif. Nous avons renforcé l’équipe avec deux recrues jusqu’à présent. Deux ou trois joueurs pourraient encore s’ajouter, mais ils doivent s’intégrer au collectif. L’esprit d’équipe et la mentalité sont deux des trois piliers qui font la force du FC Thoune.
Et le troisième, c'est quoi?
Notre jeu. Mais celui-ci repose fortement sur les deux premiers piliers. Ce n’est que si la mentalité et l’esprit d’équipe sont au rendez-vous que nous pouvons développer notre meilleur jeu.
Vous seriez devenu professeur de maths si vous n'aviez pas été footballeur pro. Alors j’ai une statistique à vous soumettre.
Je vous écoute.
Depuis l’introduction de la Super League en 2003, un promu n’a été relégué immédiatement que quatre fois (Yverdon en 2006, Vaduz en 2009 et 2021, Stade Lausanne Ouchy en 2024). Cela vous donne de l’espoir, non?
Les statistiques m’intéressent toujours, mais sur le terrain, elles ne m’apportent pas grand-chose. Ce qui compte pour moi, c’est ce que je peux influencer concrètement. Je ne peux pas prédire le classement, mais je peux agir sur la manière dont nous aborderons le match de dimanche.
C’est votre quatrième saison comme entraîneur de Thoune. Comment faites-vous pour continuer à mobiliser les joueurs avec autant d’intensité?
Je me suis souvent demandé combien de temps un entraîneur devrait rester dans un club. Je pense que, comme dans toute relation humaine, c’est une question d’échange. Je dois évoluer, tout comme les joueurs. Je ne peux pas simplement leur répéter le programme de la saison passée, sinon cela devient monotone. Et en retour, j’attends d’eux qu’ils travaillent dur sur eux-mêmes. Si chacun fait cet effort, cela peut durer longtemps.
Que peut-on attendre globalement du promu?
Permettez-moi un petit détour. Lorsque je suis arrivé au FC Thoune en 2022, nous avons toujours parlé d’un projet. L’objectif était de monter en Super League en trois ans, et nous y sommes parvenus. Et c’est dans cet esprit que nous devons poursuivre. Plutôt que de parler de place au classement, notre but doit être de jouer un rôle crédible en Super League dans les années à venir.
Le club s’inscrit lui aussi dans une logique à long terme: votre contrat a été prolongé l’hiver dernier jusqu’en 2028. Une durée peu courante dans le football actuel.
Nous croyons en notre collaboration. Cela a été le cas dès le début. Lorsque j’ai quitté l’équipe nationale suisse M21 pour venir ici en 2022, certains m’ont demandé: «Pourquoi aller en Challenge League?» J’ai répondu: «Je ne vais pas en Challenge League, je vais au FC Thoune».
Vous venez de l’évoquer: il y a 20 ans, vous vous êtes qualifié avec Thoune pour la Ligue des champions. On vous parle encore souvent de votre but de rêve contre Malmö?
Presque chaque semaine. Ce genre de moments crée une connexion profonde avec le club, on devient en quelque sorte une partie de son ADN. C’est aussi pour cela que je suis revenu ici comme joueur, puis comme entraîneur. Je veux que le club et la région vivent encore de telles nuits magiques. Comme, par exemple, lors de la montée au printemps.
Cette forte identification s’accompagne-t-elle d’une pression supplémentaire?
La pression est, selon moi, une question d’état d’esprit. Je peux décider moi-même comment réagir face à certaines situations. Je peux me dire: «Mince, ça va être dur...» Ou au contraire: «C'est passionnant, je me réjouis de cette aventure!»
Après des années dans le rôle de favori, votre équipe aborde désormais la saison dans celui d’outsider. Avec quel état d’esprit débarquez-vous en Super League?
Avec le même que jusqu’à présent. Nous avons une identité claire, notre manière de jouer ne changera pas.
Donc même contre Bâle et Young Boys, vous jouerez offensivement?
Mon équipe doit toujours jouer avec audace vers l’avant. C’est simplement notre manière de jouer. Mais offensif ne veut pas dire négligent sur le plan défensif. Nous savons que nos adversaires sont encore plus forts que la saison passée. Et alors? Pour nous, cela veut dire: «Formidable! Voyons ce que notre jeu peut produire face à eux».
Adaptation en français: Yoann Graber