La Swiss Football League annonçait un «record historique de spectateurs» dans un communiqué la semaine dernière. Pour la première fois, plus de 13 000 spectateurs en moyenne ont assisté aux matchs des 21 premiers tours de Super League. En comparaison, le championnat a attiré «seulement» 10 904 fans par match en moyenne la saison passée.
Après les matchs du week-end des 25 et 26 février, cette moyenne est redescendue juste en dessous de 13 000, mais ça ne change rien à la tendance. Fait intéressant:
Voici cinq raisons qui expliquent cette hausse de l'intérêt pour notre championnat👇
Servette occupe le deuxième rang avec 35 points. Winterthour est, lui, dixième et dernier avec 23 unités. Autrement dit, il n'y a que douze points d'écart entre la lanterne rouge (qui fera un barrage contre le troisième de Challenge League) et une place en qualification pour la Ligue des champions. Et ce mi-mars, à un moment de la saison où le classement devrait déjà avoir une hiérarchie nette.
En fait, il n'y a qu'une seule tendance: Young Boys domine largement le championnat, avec seize points de plus sur son dauphin. Ça signifie que l'écart entre la première et la deuxième place est plus grand que celui entre la deuxième et la dixième.
Les mauvaises langues diront que cet équilibre montre un affaiblissement général des clubs suisses, qui se ressemblent dans leur médiocrité. A quel point toutes les autres équipes que YB sont faibles. Ces mauvaises langues avanceront aussi que la lutte pour la deuxième place est une course d'escargots, et que le hasard joue un grand rôle dans la hiérarchie entre ces formations si proches.
Mais cet équilibre a aussi une conséquence positive: chaque équipe a encore quelque chose à jouer, soit la lutte contre la relégation ou celle pour les places européennes. Tous les matchs ont un enjeu. Et, forcément, ça attire le public.
La composition actuelle de la Super League explique aussi ce nombre record de spectateurs. Cet été, le néo-promu Winterthour, véritable punk du foot suisse, a remplacé le Lausanne-Sport. Les Zurichois ont joué six de leurs onze matchs à domicile à guichets fermés et ont accueilli en moyenne 8155 spectateurs, soit 3000 de plus que Lausanne.
Et puis, l'élite rassemble pour la première fois depuis longtemps tous les clubs de tradition du pays avec beaucoup de fans (à domicile comme à l'extérieur). GC, Servette, Zurich ou Saint-Gall ont tous été relégués en Challenge League dans un passé récent. Aujourd'hui, ils sont de retour en première division. Et c'est positif pour la moyenne de spectateurs.
La Coupe du monde au Qatar, de grands clubs européens aux mains d'Etats qui les arrosent de leurs milliards de pétrodollars, des sommes de transfert délirantes ou des footballeurs millionnaires déconnectés de la réalité: le football de très haut niveau vit depuis longtemps dans un monde parallèle, inaccessible. La modeste Super League suisse, elle, est plus terre à terre et proche de ses fans. Et c'est un atout charme.
Le FC Sion a Balotelli et Constantin. GC a des propriétaires chinois qui décident mais ne sont pas vraiment là. Lucerne, la saga Alpstaeg et tous ses effets collatéraux. Winterthour jouit de son statut de club culte, YB de sa supériorité. A Bâle, l'instabilité est devenue la norme et excite les curieux. Saint-Gall, lui, est un club avec une forte identité. Et Lugano est la propriété d'un milliardaire américain, ce qui autorise tous les fantasmes.
Donc oui, la Super League fourmille d'histoires et d'anecdotes. Elles sont parfois tristes, parfois folles, parfois inquiétantes, parfois réjouissantes. Mais elles sont toutes, chacune à leur manière, positives pour l'intérêt du championnat. Le divertissement est assuré, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Neuf des dix clubs de Super League ont amélioré leur moyenne de spectateurs par rapport à la saison précédente. Seul le FC Bâle, en crise, n'y est pas parvenu.
Ça s'explique d'une part par le fait que le certificat Covid était encore obligatoire lors du premier tour de la saison dernière. Depuis que ce n'est plus le cas, le nombre de spectateurs a augmenté dans de nombreux stades.
D'autre part, les fans sont reconnaissants du bon travail effectué. C'est le cas de ceux du leader YB, qui se dirige souverainement vers le titre de champion et accueille 3390 spectateurs de plus par match que durant l'exercice précédent. La moyenne, cette saison, de 28 211 spectateurs est un record du club.
Le FC Saint-Gall a aussi fortement progressé et occupe la troisième place – incontestablement – des moyennes de spectateurs, derrière YB et Bâle. Les Brodeurs savourent eux aussi un record. De leur côté, Servette et Lucerne se portent mieux sportivement, ce qui, logiquement, amène plus de spectateurs au stade.
Adaptation en français: Yoann Graber