Invité en janvier dernier sur le plateau de blue Sport, Guillaume Hoarau avait lancé à l'antenne à la fin de l'émission, non sans humour: «Je propose mes services à blue Sport, bien évidemment.» L'ex-attaquant charismatique du PSG, de Young Boys et Sion – 103 buts en Super League entre 2014 et 2022 – traînait alors son spleen sur son île natale de La Réunion, où il était retourné en été 2022 après la fin de son aventure à Tourbillon, et expliquait vouloir revenir en Suisse et y trouver du travail.
Ce qui s'apparentait à un clin d'œil est devenu réalité cette semaine: le Français (39 ans) est le nouveau consultant football de la chaîne privée romande. Il a même déjà fait son premier plateau ce mercredi soir lors de l'entourage du match de Ligue des champions entre le Maccabi Haïfa et YB (0-0). En plus de Guillaume Hoarau, blue Sport a réalisé un autre joli coup sur le «mercato» estival des consultants avec l'arrivée de Kevin Fickentscher (35 ans), emblématique gardien du FC Sion encore dans la cage la saison dernière.
Mais en fait, comment la chaîne a-t-elle réussi à enrôler ces deux figures du football helvétique? «Recruter un consultant se fait forcément par les relations et la proximité que blue Sport possède avec les acteurs qui évoluent dans le monde du football. C’est un travail sur la durée. Aujourd’hui déjà, nous sommes en contact avec des joueurs encore en activité», répond la chaîne.
Oui, les journalistes, qui côtoient fréquemment et de près les footballeurs dans les stades, ont l'occasion de tisser des liens avec ceux-ci et juger par exemple de leur pertinence à l'analyse ou de la qualité de leur élocution. De quoi, chez blue Sport, «établir une wishlist» avec les noms des candidats désirés. Autre critère: «Etre reconnu dans le foot romand.» Guillaume Hoarau et Kevin Fickentscher cochent toutes les cases.
Mercredi soir, pour sa grande première en direct, l'ancien attaquant a confirmé son aisance devant les caméras. Musicien talentueux, il avait déjà pu la démontrer à plusieurs reprises guitare et micro en mains en se produisant notamment lors des fêtes de titres à YB ou des galas du foot suisse.
La RTS aurait sans doute volontiers accueilli les deux nouvelles recrues de son concurrent. «Mais blue Sport offre certainement des cachets bien plus élevés que nous à ses consultants, on ne peut pas régater», constate Massimo Lorenzi, chef de la rubrique sportive de la chaîne publique.
Il regrette encore aujourd'hui les départs de Stéphane Henchoz et Bernard Challandes chez blue Sport, mais reconnaît que ce concurrent «qui possède les droits de presque toutes les compétitions de football est très attirant pour les consultants». Un argument dont se vante d'ailleurs la chaîne privée, qui appartient à Swisscom. A noter que ni celle-ci ni la RTS n'ont souhaité communiquer les montants des rémunérations qu'elles offrent à leurs experts.
Une fois que les consultants sont engagés, ils bénéficient, chez blue Sport comme à la RTS, de débriefings avec les chefs et de conseils après leurs passages à l'antenne pour notamment améliorer ce qui doit encore l'être. «On ne devient pas consultant en seulement quatre ou cinq émissions», prévient Massimo Lorenzi. Chez blue Sport, Hoarau, Fickentscher et leurs collègues ont droit à des formations internes.
Quant aux tâches – analyses sur le plateau et commentaires de matchs –, elles sont, dans les deux rédactions, attribuées en fonction des disponibilités de chaque consultant. «blue Sport tient compte des intérêts et des souhaits du consultant mais aussi des retours de ses téléspectateurs», précise la chaîne.
Mardi prochain, Guillaume Hoarau aura l'occasion de s'essayer au co-commentaire, lors du match retour entre YB et le Maccabi Haïfa. S'il travaillait pour la RTS, l'ancien buteur de Young Boys n'aurait pas eu sa place derrière le micro ce soir-là. «Par étique professionnelle, je ne laisserais jamais commenter quelqu'un qui a joué pour l'un des deux clubs», tranche Massimo Lorenzi. Selon lui, le risque d'être partial est trop grand.
Pour le public, c'est certainement moins problématique quand une équipe suisse affronte un adversaire étranger que lors d'un duel de Super League. Mais même en championnat, blue Sport n'hésite pas à envoyer d'anciens joueurs en cabine:
On n'en voudra pas à Guillaume Hoarau mardi s'il a un petit excès d'enthousiasme dans le cas où YB décrocherait son ticket pour la Ligue des champions. Parce qu'avoir l'un de ses représentants dans la reine des compétitions européennes ferait assurément beaucoup de bien au foot suisse!