Raphaël Nuzzolo et Stéphane Chapuisat ont un point commun: tous deux ont été de grands attaquants du football suisse. Le premier par sa longévité (il vient de prendre sa retraite, un mois avant ses 40 ans) et sa loyauté à Neuchâtel Xamax, dont il a porté le maillot pendant 17 ans. Le second grâce à son palmarès: une Ligue des champions et deux Bundesliga avec Dortmund, ainsi que 103 capes avec la Nati. Dès le 1er septembre, les deux hommes partageront une nouvelle chose: leur bureau.
Raphaël Nuzzolo a été engagé comme scout à Young Boys, où Stéphane Chapuisat sera son chef direct. Un mandat à 50%, dans lequel l'ex-Xamaxien sera chargé de repérer des joueurs susceptibles d'évoluer dans la première équipe des «jaune et noir». Sur la radio neuchâteloise RTN il a exprimé sa satisfaction de revenir dans le club bernois, où il a joué cinq saisons entre 2011 et 2016:
On peut en être certain: signer à YB n'a rien d'un choix par défaut pour l'ancien «serial buteur» de la Maladière, dont la grande expérience lui aurait assurément ouvert d'autres portes. Il y a d'abord, logiquement, les résultats de Young Boys: ces six dernières années, les Bernois ont remporté cinq fois le titre national. Cette saison, ils ont même fêté le doublé coupe-championnat.
Si les performances sur le terrain sont aussi probantes, c'est grâce aussi au travail réalisé dans les coulisses du Wankdorf, là même où Raphaël Nuzzolo officiera dans deux mois et demi. YB est régulièrement cité par les experts comme un modèle de gestion sportive, qui a eu la patience et l'intelligence de se construire étape par étape. Un club qui a compris que des fondations solides ne se bâtissent que sur du long terme. Les CV des membres du staff ne trompent pas:
C'est simple: à Berne, tous les postes clés du volet sportif sont occupés par des hommes jouissant d'une certaine longévité dans le club. Tous ceux cités ci-dessus ont aussi joué à YB avant d'en rejoindre la direction. Et tous sont dotés d'une grande connaissance du football suisse, en ayant les deux pieds dedans depuis de nombreuses années. Raphaël Nuzzolo coche, lui aussi, l'intégralité des cases. De quoi avoir bien intégré la philosophie du club et s'être forgé de belles qualités de recruteur.
«A Young Boys, on travaille dans la sérénité», résume Gérard Castella. Le Genevois voit une raison principale à ce bien-être collectif: Christoph Spycher, le directeur général et ex-directeur sportif (2016-2022).
Gérard Castella va plus loin:
L'ex-coach de Servette, Xamax, Saint-Gall ou encore Lausanne la compare avec certaines aventures précédentes, «où chacun travaillait pour sa pomme. J'étais seul, laissé à moi-même. A Young Boys, ce n'est jamais le cas, il y a toujours quelqu'un pour te soutenir». Il en est convaincu: le management exemplaire de Christoph Spycher déteint sur l'ensemble des employés du club et déclenche une émulation.
«On travaille dans un excellent climat, ça aide à être performant. J'ai 70 ans, alors autant dire que si je n'avais plus de plaisir ici, je partirais!», sourit Gérard Castella. Le champion de Suisse 1999 avec Servette fait remarquer une autre particularité au Wankdorf, qui facilite les contacts:
En plus d'instaurer une atmosphère de travail idéale, Christoph Spycher a la capacité de transmettre des valeurs, selon Gérard Castella: «C'est un bosseur, quelqu'un de très humble, qui place l'institution au-dessus de tout. Les employés se fondent dans cet état d'esprit. Un exemple: quand les joueurs viennent dans les bureaux, ils serrent la main de chaque collaborateur.»
Le Genevois poursuit l'éloge du CEO bernois et de son second, le directeur sportif Steve von Bergen, en vantant aussi «leur sens de l'anticipation, qui leur permet d'avoir un plan B souvent six mois à l'avance déjà si un joueur ou le coach devait partir».
C'est aussi Christoph Spycher qui avait convaincu fin 2016 Gérard Castella de quitter son poste à l'ASF pour rejoindre YB (qui n'était pas encore champion de Suisse). «Il dit que je suis son premier transfert!», se marre le chef de la formation. Agé de 63 ans à ce moment, il n'avait qu'à attendre six mois pour goûter une retraite paisible, mais il a préféré «relever ce dernier défi».
Raphaël Nuzzolo, lui, doit encore patienter 25 ans avant de toucher son AVS. On comprend désormais pourquoi il a choisi – comme d'autres avant lui – Young Boys pour ce premier bout de chemin.