Le FC Bâle a réalisé le doublé la saison dernière. Sous la direction de Xherdan Shaqiri et du coach Fabio Celestini, l’équipe a ainsi brisé une longue disette de huit ans sans titre de champion national. Cette saison, le club rhénan doit désormais confirmer, un exercice loin d’être simple pour au moins sept raisons. Les voici.
Ludovic Magnin (46 ans) aura pour mission de poursuivre l’œuvre de Fabio Celestini. Mais ce changement d’entraîneur comporte des risques. Le Vaudois saura-t-il maintenir un niveau élevé tout au long de la saison, alors qu’il n’a jamais été en lice pour un titre de champion en tant qu’entraîneur?
L'avantage de Magnin, c'est qu'à l’instar de Celestini, il privilégie une défense à quatre et les mêmes schémas tactiques que son prédecesseur. Lors de la préparation, l'ancien coach du LS a fait évoluer son équipe aussi bien en 4-2-3-1, comme c’était le cas la saison dernière, qu’en 4-4-2. Il a aussi apporté de nouvelles idées, comme un pressing haut «très intéressant à observer», selon le directeur sportif Daniel Stucki.
Les matchs de préparation ont donné lieu à trois nuls (contre Altach, Winterthur et Wil), une victoire contre Rapperswil-Jona et un dernier match nul 3-3 contre Villarreal. Ce dernier résultat a plu au coach: «Nous avons fait un grand pas en avant. C’était le meilleur des matchs de préparation.»
Jusqu'à présent, le FC Bâle n’a pas subi de départs majeurs. Toutefois, la perte du milieu Leon Avdullahu, un élément important de l’équipe, est significative. Par ailleurs, Joe Mendes, souvent titularisé, n’a pas été conservé à l’issue de son prêt. La retraite de Taulant Xhaka a un impact sportif minime, tout comme le transfert de Bradley Fink et le retour de Romario Baro, prêté au FC Porto.
La situation pourrait devenir délicate si d’autres éléments clés venaient à partir. Les défenseurs centraux Jonas Adjetey et Adrian Barisic pourraient être courtisés par des clubs des grandes ligues. Un départ n’est pas à exclure non plus pour le milieu Anton Kade, dont le contrat arrive à échéance l’été prochain, ainsi que pour les ailiers Benie Traoré et Philip Otele.
Jusqu’à présent, le FCB a renforcé son effectif avec le défenseur droit Keigo Tsunemoto, recruté à Servette, et le milieu de terrain prêté Koba Koindredi, en provenance du Sporting Lisbonne. Koindredi et Magnin se connaissent déjà de leur collaboration à Lausanne la saison dernière. Si des titulaires venaient à quitter le club, d’autres recrutements seraient sans doute nécessaires. Or plus le renouvellement de l’effectif est important, plus l’incertitude grandit.
Le FC Bâle a-t-il vraiment été aussi performant que cela la saison dernière? «Pendant plus des trois quarts de la saison, la constance faisait défaut», a souligné Shaqiri. A dix journées de la fin, les Bâlois affichaient une moyenne de 1,64 point par match et occupaient la 2e place derrière Servette. Ils ont ensuite réalisé un sprint final impressionnant, avec neuf victoires en dix matchs.
La question qui se pose maintenant est de savoir si les Bâlois réussiront à surfer sur l'euphorie de la fin de saison dernière. Cela ne sera pas facile, comme le sait bien l’entraîneur Magnin. L'ancien défenseur gauche faisait partie du VfB Stuttgart qui, en 2006/07, avait surpris tout le monde en remportant le titre grâce à une série similaire. «Nous avions le sentiment d’être invincibles», a confié Magnin dans un récent podcast du club. Cette dynamique avait été interrompue par la pause estivale, et après celle-ci, le club de Bundesliga avait eu du mal à enchaîner, ne remportant que trois de ses dix premiers matchs.
Le FCB doit aussi démontrer qu’il est capable de jouer sur les trois tableaux. Le club est assuré de disputer au minimum l'Europa League et pourrait même se qualifier pour la Ligue des champions. Cela implique, en plus des qualifications, au moins dix matchs supplémentaires. «Nous devons améliorer un peu la profondeur de notre effectif», a souligné Shaqiri, qui a également exprimé le souhait d’avoir «un ou deux joueurs plus expérimentés» dans l’équipe.
La gestion du championnat, de la Coupe et des compétitions européennes a déjà fait échouer de nombreux clubs par le passé. Après deux saisons sans compétition européenne, cette nouvelle donne sera un véritable défi – surtout que peu de joueurs de l’effectif actuel ont l’expérience d’une telle charge de travail.
Si l’on prend en compte les performances de Xherdan Shaqiri à partir de son premier match comme titulaire la saison dernière, il a été directement impliqué dans plus de la moitié des buts de Bâle. Cette statistique illustre clairement la dépendance du club à son meneur de jeu. Ceux qui ont suivi les matchs ne peuvent que confirmer que ce chiffre est bien représentatif.
La question qui se pose désormais est de savoir comment le FC Bâle réagirait si Shaqiri venait à manquer un match. La saison dernière, il a été titulaire dans chaque rencontre. Bien qu’il ait été relativement épargné par les blessures majeures au cours de sa carrière, il serait sans doute trop optimiste, voire un peu naïf, de compter sur lui pour disputer tous les matchs à nouveau. Il est plutôt probable qu'il bénéficie de quelques pauses après les matchs européens, tout comme d'autres joueurs clés. C’est la raison pour laquelle l’équipe de Magnin a déjà travaillé sur un système 4-4-2 sans véritable meneur de jeu durant la préparation.
Arriver au sommet est difficile, s'y maintenir est encore plus compliqué. Jusqu’à présent, les Bâlois étaient dans le rôle de poursuivants. La motivation de décrocher un nouveau titre était immense, surtout pour les joueurs qui n'avaient encore jamais été titré avec le club. Désormais, chacun a vécu cette expérience. La motivation et le désir de décrocher de nouveaux titres seront-ils aussi forts que la saison dernière?
La participation aux compétitions européennes représente aussi un danger sur ce point. En 2022/23, le club avait pu constater ce qui se passe quand certains joueurs se concentrent principalement sur l’international, négligeant un peu la Super League. Bâle avait atteint les demi-finales de la Conference League, mais avait failli manquer la qualification européenne en terminant à la 5e place du championnat. Le FCB ne peut pas se permettre une telle situation une nouvelle fois.
Il est peu probable que la concurrence soit aussi faible qu'en 2024/25. On attend notamment un rebond de la part des Young Boys. Après un début de championnat catastrophique, qui leur avait coûté un retard considérable, les Bernois avaient réduit l’écart de manière impressionnante. Cette saison, l’entraîneur Giorgio Contini bénéficie d’une préparation complète avec son équipe. Il faudra également compter sur le FC Lugano et, peut-être, sur Servette, à moins qu'une équipe surprise (Zurich, Saint-Gall) ne vienne se mêler à la lutte pour le titre.