En Allemagne, on attend depuis longtemps l'arrivée d'une équipe capable de battre le Bayern, vainqueur des onze (!) dernières saisons de Bundesliga.
La domination des Bavarois est un peu ennuyeuse, mais il y a aujourd'hui l'espoir que la situation change, et c'est grâce à Xabi Alonso, 41 ans. L'homme est jeune, l'entraîneur encore plus. Mais l'Espagnol est depuis longtemps considéré comme une grande promesse et il est en train de confirmer toutes les attentes placées en lui.
Il n'y a eu jusque-là que trois journées de Bundesliga cette saison, mais le Bayer Leverkusen les a toutes remportées, et a parfois été remarquablement supérieur. Trois matchs, neuf points, onze buts. Une première place amplement méritée et beaucoup d'éloges de la part des médias.
Leverkusen se déplace ce vendredi soir sur le terrain du Bayern Munich, qui a aussi fait le plein de points depuis le début de saison, pour un match qui promet beaucoup. On saura alors si le Bayer d'Alonso est aussi bon qu'il en a l'air jusqu'à présent et, surtout, s'il peut jouer le titre.
Pour Xabi Alonso, ce vendredi sera un retour à son ancienne vie, puisque c'est au Bayern qu'il a terminé sa carrière de joueur en 2017, un club dans lequel il a laissé une forte impression. C'est partout pareil avec lui: que ce soit dans le sud de l'Allemagne, à Madrid ou Liverpool, Alonso a gagné partout et laissé un très bon souvenir teinté de respect.
Champion d'Allemagne et d'Espagne, vainqueur de la Ligue des champions, champion du monde et champion d'Europe, Xabi Alonso a rayonné au milieu de terrain. Karl-Heinz Rummenigge, qui a vu beaucoup de joueurs aller et venir au Bayern, a dit un jour qu'Alonso était le meilleur stratège qui ait jamais joué dans l'entre-jeu du club. La Süddeutsche Zeitung a écrit un jour que le Basque dirigeait le jeu comme on dirige une marionnette, ses passes agissant comme des fils tendus.
Alonso a hérité de son père, Periko, l'amour de la passe. Celui-ci a joué comme milieu de terrain au Barça et à la Real Sociedad. Lorsque le jeune Xabi s'entraînait avec son père, le but était de faire des passes et non de marquer un but. Il courait après le ballon sur la magnifique Playa de La Concha, à San Sebastian, et rejoignait souvent son meilleur adversaire et ami, un certain Mikel Arteta, né dans la grande ville basque.
En fait, Alonso était déjà un entraîneur lorsqu'il jouait au football. À mi-terrain, il veillait à ce que ses coéquipiers puissent s'épanouir. «Faire des dégâts», comme il l'a dit un jour. Maintenant qu'il est devenu coach, il interrompt souvent une séquence de jeu pour traverser le terrain d'entraînement à toute vitesse et donner des ordres en gesticulant frénétiquement. Car Xabi Alonso veut un football dominant et actif, mais aussi de l'intensité. Ce sont des slogans que l'on entend souvent, mais le Leverkusen d'Alonso leur donne vie.
Au fil de ses années de joueur, le philosophe du football a compris qui devait faire quoi sur le terrain et il le transmet aujourd'hui. S'il s'impose à ses joueurs, c'est aussi parce qu'il dégage une autorité naturelle. Lorsqu'il est arrivé à Leverkusen à l'automne 2022 et qu'il a succédé à Gerardo Seoane au poste d'entraîneur, le club était au plus mal, 17e (avec cinq points) après huit journées et un risque de relégation bien présent. L'Espagnol n'avait auparavant entraîné que des équipes de jeunes, ce qui n'a pas empêché Leverkusen de remettre son destin entre les mains d'un entraîneur qui débutait au plus haut niveau.
Après avoir mis un terme à sa carrière, il a d'abord entraîné des juniors pendant un an au Real Madrid, pour savoir s'il était capable d'être coach et surtout s'il en avait envie. Il est ensuite retourné à San Sebastian, dans la deuxième équipe de la Real Sociedad, pour continuer à apprendre, progresser, faire des erreurs aussi.
Des clubs plus importants lui ont pourtant fait des avances très tôt, mais il est resté trois ans à San Sebastian avant de choisir Leverkusen, 6e la saison dernière et demi-finaliste de la Ligue Europa. Cet été, il a enfin pu adapter l'effectif en fonction de sa vision du football, et c'est naturellement qu'il a cherché un solide milieu de terrain, quelqu'un capable de rayonner dans l'entre-jeu comme il l'a si souvent fait dans le passé. Il l'a trouvé: c'est Granit Xhaka.
Le Suisse n'a jamais caché à quel point la perspective de travailler avec Alonso l'attirait, car le Basque le voit comme un numéro 6, et c'est ainsi que Xhaka se considère. Surtout, le capitaine de la Nati aime l'intensité d'Alonso, sa façon d'être à fond à chaque entraînement.
Le Basque, quant à lui, loue l'expérience de Xhaka, son intelligence de jeu, sa personnalité et, surtout, sa volonté de prendre des responsabilités. Il se reconnaît aussi dans la volonté du Suisse de toujours vouloir apprendre, car c'est ce qui distinguait Xabi Alonso de la plupart de ses coéquipiers dans les dernières années de sa carrière.
Granit Xhaka, qui suit lui-même une formation d'entraîneur, peut désormais apprendre d'Alonso, cet Alonso qui a autrefois appris de Carlo Ancelotti et de José Mourinho, de Pep Guardiola et de Vicente del Bosque. Et qui s'apprête aujourd'hui à rejoindre à son tour le cercle illustre des anciens milieux de terrain espagnols qui brillent désormais sur les bancs européens: Pep Guardiola à Manchester City, Mikel Arteta à Arsenal, Xavi à Barcelone.
Cet été, Alonso a prolongé son contrat avec le Bayer jusqu'en 2026. Cela ne veut pas dire qu'il restera aussi longtemps en Allemagne, car son profil intéresse beaucoup le Real Madrid, mais on sait aussi qu'Alonso rythme sa carrière différemment des autres.