Le 23 février n'est pas si loin, mais il s'est passé énormément de choses depuis au FC Bâle et à Trabzonspor.
Chez le champion en titre de Turquie, éliminé par les Bâlois, le sympathique coach Abdullah Avci a donné sa démission, sans que l'on sache vraiment s'il n'a pas reçu quelques coups de pied pour partir. Ensuite, l'invincibilité à domicile d'un an et demi s'est brisée: Trabzonspor a perdu quatre matchs sur six, dont une élimination de la coupe nationale. Du coup, l'entraîneur intérimaire a déjà jeté l'éponge. Le candidat de choix pour les Turcs? Andrea Pirlo.
Et ce n'est pas fini: le président a démissionné après cinq ans, son successeur a été élu et certaines choses désagréables ont été révélées: le club a une dette de 140 millions d'euros et 124 procédures judiciaires sont en cours contre lui et des entreprises affiliées. Bref, l'élimination contre le FC Bâle a laissé de grosses traces.
Le Slovan Bratislava s'en est mieux sorti après avoir été sorti face aux Rhénans en huitièmes de finale. L'entraîneur Vladimir Weiss tient bon sur son fauteuil et l'équipe vient de battre le leader du championnat slovaque.
Pour Bâle, place donc aux quarts de finale de cette Conference League, face à Nice. Pour la cinquième fois depuis 2006 et son duel contre Middlesbrough (2-0, 1-4), le FCB se retrouve parmi les huit derniers d'une compétition européenne et, au vu de ce qui s'est passé dans ses rangs ces dernières semaines et ces derniers mois, on se demande parfois comment un tel exploit a pu arriver.
Heiko Vogel, qui est déjà une sorte de dieu de la Coupe d'Europe depuis ses débuts au FC Bâle – alors entraîneur intérimaire, il avait éliminé Manchester United en Ligue des champions en décembre 2011 –, considère cette énigme comme «une bonne question». Mais, pour le coach rhénan, l'écart entre la 6e place actuelle en Super League et une qualif en quarts de Conference League n'est pas aussi grand que ce qui a pu être dit.
Il qualifie les performances de son équipe de bonnes, voire de très bonnes, et témoigne à ses joueurs «le plus grand respect» pour ce qu'ils accomplissent physiquement et mentalement dans un calendrier très chargé où les semaines anglaises se succèdent.
Mais maintenant, le money time a commencé sur la scène européenne. Le FC Bâle se trouve dans l'illustre cercle des 32 équipes encore en lice, réparties dans trois compétitions. Souvent des clubs prestigieux, parmi lesquels de grands habitués. Et, au milieu donc, les Rhénans, avec une position logique par rapport au classement UEFA des dernières années.
Après la déception de l'élimination contre Young Boys (2-4) en demi de la Coupe de Suisse et la médiocre performance samedi à Zurich (1-1), il s'agit de voir si le FCB est capable de regarder dans les yeux Nice, actuel 9e de Ligue 1 (qui reste sur quatre matchs nuls consécutifs). Marwin Hitz, le gardien bâlois, en est certain:
Les Rhénans y sont parvenus contre Trabzonspor. Mais cette qualification avait quelques aspects grotesques, sans parler des décisions de la VAR qui ont toutes été en faveur du FCB. Les Turcs ont cumulé 41 tirs sur les deux rencontres (seulement 14 pour Bâle), ils ont effectué plus de 1000 passes (deux fois plus que Bâle) et sont pourtant repartis perdants du Parc Saint-Jacques. Ce soir-là, le FCB avait bénéficié de toute la chance, la même qu'il n'a pas eue à de nombreux autres moments de la saison.
Il en faudra encore certainement un peu contre Nice. Un adversaire qui, rien que par son appartenance à l'un des cinq grands championnats d'Europe, peut être considéré comme supérieur à Trabzonspor et Bratislava. Les Français ont de loin l'effectif le plus cher (235 millions d'euros) par rapport à ces autres équipes (124 millions pour Trabzonspor, 45 pour Bâle et 16,5 pour Bratislava).
Ce qui fait dire à Heiko Vogel par rapport à cette campagne de Conference League:
Le technicien ne prépare pas seulement son équipe à un adversaire offensif, car Nice sait aussi très bien défendre (seulement 28 buts encaissés en 30 matchs, soit la deuxième meilleure défense de France derrière Lens).
Tout aussi remarquable que l'étonnante histoire du FC Bâle en Coupe d'Europe en général et cette saison particulièrement: le faible intérêt du public pour un match si important. Mercredi, seules 18 500 places du Parc Saint-Jacques avaient été vendues.
La faute au nombre élevé de matchs, qui met à mal l'envie et le porte-monnaie des supporters? Ou alors les récentes secousses au sein du club ont-elles toujours des répercussions négatives sur la motivation des fans? Ailleurs, on saliverait pour un tel spectacle.
Adaptation en français: Yoann Graber