«Demain, je suis déjà dans l'avion pour le Brésil!», lâche Teddy Okou quand on lui demande, après la victoire face au FC Sion, ce qu'il fera ces prochains jours. Et pas question de se dorer la pilule à Copacabana. «Le début de la saison prochaine arrive vite, il faut très rapidement se remettre au travail». Sur ou en dehors du terrain, l'ailier du Stade Lausanne Ouchy ne perd pas son temps. Mardi à la Pontaise, comme lors du match aller à Tourbillon, il a épaté par sa vivacité et sa pointe de vitesse.
A ces deux atouts, il faut ajouter une excellente conduite de balle et un sens aiguisé du jeu. Ce sont toutes ces qualités qui lui ont permis, mardi, de mystifier la défense valaisanne à la 81e minute et d'inscrire le 3-2, qui scellait définitivement le sort de ce barrage. D'un solo magistral dans les seize mètres, il éliminait coup sur coup trois arrières sédunois – Baltazar, Araz et Saintini – et glissait, avec beaucoup de sang froid, le ballon hors de portée du gardien Fickentscher d'un plat du pied gauche.
Assurément le coup d'éclat personnel le plus spectaculaire de ce barrage pour le Franco-Ivoirien de 25 ans. Mais le co-meilleur buteur de Challenge League (19 pions) a aussi parfaitement su se mettre au service de l'équipe: lors de cette double confrontation, il a délivré pas moins de trois passes décisives. Il y a notamment eu ce long centre au match aller pour la reprise de Giovani Bamba et cette remise en une-deux mardi sur le 1-0 de Liridon Mulaj.
C'est incontestable, l'ailier de poche du SLO (165 cm pour 64 kg) a de l'or dans les pieds et un coup de rein hors norme. Au vu de ses deux prestations face à Sion, on comprend pourquoi un certain Luis Campos, actuel directeur sportif du Paris Saint-Germain, s'y était intéressé. Au point de le faire signer à Lille en été 2018. «Alors que j’étais au centre de formation du Havre, il m’a offert mon premier vrai contrat pro dans un club où je côtoyais Mike Maignan et Nicolas Pepe, par exemple», rembobinait Teddy Okou dans une interview pour 24 Heures.
Malheureusement pour lui, le natif de Paris ne portera jamais le maillot de la première équipe lilloise. La faute, entre autres, à une pubalgie contractée rapidement après son arrivée dans le Nord, qui l'a contrait à se faire opérer. Durant la saison 2019-2020, il est prêté à Créteil où il joue 9 matchs de troisième division. De retour à Lille, sentant qu'il n'y aurait pas sa chance, le petit ailier rompt son contrat et s'engage en automne 2020 avec Boulogne, également pensionnaire de troisième division. Il y dispute 35 matchs de championnat (pour seulement trois goals) et est écarté de l'équipe en novembre 2021.
C'est là qu'intervient le directeur sportif du Stade Lausanne Ouchy, Hiraç Yagan. «Je le suivais déjà depuis un an et demi, et malgré ses stats qui n'étaient pas folles, j'ai été surpris de voir qu'il ne jouait plus», explique-t-il.
Entre-temps, Okou a quitté Boulogne et se retrouve sans club. Hiraç Yagan, rassuré par l'absence de problèmes de mentalité de l'attaquant, tente de le convaincre de venir. «Ça n'a pas été tout seul, mais je lui ai vanté les qualités de notre club, expliqué notre philosophie de jeu et mis en avant que le SLO pouvait être une belle vitrine pour lui», se souvient le bi-national belge et arménien.
Les mots font mouche, et l'attaquant débarque sur les bords du Léman en janvier 2022. Pas encore avec la patate. «Après avoir passé trois mois sans jouer ni m’entraîner, il m’en a fallu trois autres pour me remettre en forme. J’en ai profité pour beaucoup observer depuis le banc», racontait-il dans cette même interview à 24 Heures. Malgré cette reprise en douceur, le Franco-Ivoirien disputera 16 journées de Challenge League lors du deuxième tour de l'exercice 2021/22 en inscrivant trois buts.
A la Pontaise, l'ailier a été replacé à droite, alors qu'il évoluait à gauche à Boulogne. «Ça lui permet de venir vers le centre avec son pied gauche», observe Hiraç Yagan. Le directeur sportif applaudit aussi l'état d'esprit de son attaquant, «un bosseur, qui se donne toujours à 200% en match comme à l'entraînement.» Son seul défaut? «J'ai entendu qu'il oublie régulièrement ses affaires, comme sa carte bancaire par exemple», rigole Hiraç Yagan.
Teddy Okou n'en aura pas besoin pour aller à Copacabana, puisqu'il n'a pas l'intention de fouler le sable de la mythique plage de Rio. Et même si l'envie lui prenait, il ne la sortira pas pour acheter une caïpirinha, puisqu'il nous a certifié qu'il ne buvait pas d'alcool.
Mais le numéro 11 du SLO a quand même tout intérêt à surveiller sa carte bancaire, d'autant plus que son compte pourrait grossir ces prochains mois: selon Blick, il est courtisé avec insistance par Young Boys, et Hiraç Yagan nous a assuré que la porte était ouverte pour un départ. Mais avant de se pencher sérieusement sur le dossier, les Stadistes vont encore savourer ces prochaines heures d'une promotion amplement méritée, et ce même depuis un avion en direction du Brésil.